Renault 18 Turbo : la familiale en survêtement
Lorsque j’étais enfant, la Renault 18 était pour moi une voiture vraiment moderne. Par rapport à la Renault 12 à laquelle elle succédait, elle paraissait plus solide, plus à la mode avec ses pare-choc en plastique, plus luxueuse aussi. Et puis elle paraissait efficace aussi : n’équipait-elle pas le couple Philippe Noiret / Thierry Lhermite dans Les Ripoux pour des courses poursuites qui me semblaient endiablées dans les rues de Montmartre et de Barbès (j’ai revu le film il n’y a pas longtemps, c’est beaucoup moins spectaculaire avec des yeux d’adulte) ?
En fait de nouvelle voiture, la Renault 18 est largement issue de la R12 à laquelle elle succède, à tel point qu’on pourrait ne parler que de restylage. Elle privilégie les choix techniques éprouvés et consensuels, tout en présentant une ligne en phase avec son époque, une ligne tellement 80. Elle innovera pourtant avec son fer de lance apparu en 1980 : la Turbo.
Première berline française de série utilisant un turbo, elle sera aussi un temps l’une des plus puissantes du marché, avec 110 chevaux pour une cylindrée de 1,6 litres seulement. Outre un gain en sportivité, le turbo (utilisant pour la petite histoire un brevet Saab) permet une sobriété bienvenue en ces période post chocs pétroliers. En 1984, le moteur gagnera 15 chevaux, pour plafonner à 125 et tutoyer les 200 km/h.
Malgré ses stickers « Turbo » en bas de caisse, son petit becquet arrière en plastoque se poursuivant tout le long de la carrosserie et ses jantes Amil en alu, la R18 Turbo n’est pas une vraie sportive, mais juste une familiale efficace et véloce, avec tout de même un gros point faible : le freinage (elle utilise encore à l’arrière des freins à tambour jusqu’en 1984).
La Renault 18 sera un vrai succès pour la Régie Renault, avec 2 millions d’exemplaires vendus entre 1978 et 1986. La Turbo elle sera nettement plus confidentielle. On estime à seulement 10 000 exemplaires (dont environ 2500 breaks) la production de cette berline « performance ». Ce qui en fait presque une rareté, surtout après les primes à la casse successives. Aujourd’hui, on peut se payer un retour aux eighties et des sièges « pétales » pour pas grand chose. Le plus dur sera surtout d’en trouver une !