Porsche 911 « 996 » Turbo : performante et accessible
Pour beaucoup de puristes, la Porsche 911 type 996 paie le choix d’un flat 6 refroidi par eau (et non par air), ainsi que son aide à la stabilité (le fameux PSM) rendant sa conduite trop facile, pour d’autres, dont je fais partie, il s’agit surtout d’une question de design. Mais ce qui est sûr, c’est que la 996 n’attire pas autant les collectionneurs que d’autres modèles de 911. Pourtant, cette Porsche n’est pas inintéressante, loin s’en faut, notamment dans son excellente version Turbo qui nous occupe aujourd’hui !
Une envie de modernité de la marque
Avec le lancement de la 996 en 1997, Porsche avait pour ambition de rentrer dans la modernité, avec une 911 accessible à tous, et répondant aux normes de sécurité. Avec le lancement du Boxster en 1996, la marque allemande avait enfin réussi à descendre en gamme sans galvauder son image, et la 996 était l’occasion d’unifier la famille avec un regard proche de celui de la Boxster : une proximité avec le « bas de gamme » que les propriétaires de l’un apprécièrent et que les amateurs de l’autre boudèrent. En outre, elle perdait aussi les rondeurs qui faisaient le charme de la 911 jusqu’à l’aboutissement stylistique de la Porsche 993. On avait déjà reproché à cette dernière son aspect « flat nose », mais l’impression était encore plus forte avec la 996 devenue plus consensuelle.
Malgré ces réticences des puristes, Porsche avait cependant un projet : élargir la gamme et élargir la clientèle avec un plan en 3 actes. Entrée de gamme avec un Boxster plus accessible, haut de gamme avec une 911 plus consensuelle, et diversification avec un Cayenne en cours de gestation (et qui sera lancé en 2002). L’objectif était clair : quadrupler les ventes en dix ans ! Pour cela, il fallait aussi que la 911 prenne sa part de travail, et avec la 996, l’objectif sera atteint avec 175 262 exemplaires produits en 9 ans (contre 68 029 exemplaires en 5 ans pour la 993).
Une première présentation (mitigée) en 1999
Ce fut au Salon de Francfort 1999 qu’apparaissait pour la première fois la 996 Turbo. Là encore, les puristes y virent une régression par rapport à la 993 Turbo : moins bestiale physiquement, elle s’approchait plus d’une GT performante alors que sa devancière jouait l’outrance. Adieu aileron massif, place à un appendice aérodynamique beaucoup plus discret. En revanche, elle gagnait deux entrées d’air latérales du plus bel effet (et fonctionnelles, puisqu’elles participaient au refroidissement du moteur), et un bouclier avant très travaillé, lui donnant ce caractère agressif que sa carrosserie visuellement plus fine ne lui offrait pas (du moins pas autant qu’une 993 ou qu’une 930).
Une 911 Turbo dans sa version USA (en haut) et Européenne (en bas)En réalité, Porsche avait sciemment décidé de transformer la philosophie de la Turbo. Avec la 996 Turbo, place au Grand Tourisme performant, tandis que le Sport et la piste étaient dévolues aux versions GT3 (1999) et GT2 (2003). Avec sa transmission intégrale permanente et le fameux PSM (Porsche Stabilité Management), il devenait quasiment impossible de la mettre en défaut alors que les précédentes générations demandaient du doigté et de solides notions de pilotage. Là encore, la « trop grande facilité » fit crier au scandale les gardiens du temple, mais à lire les essais de l’époque, il fallait sacrément toucher les limites de la voitures sur route ouverte pour voir les aides type ESP se déclencher. Avantage : la 996 Turbo se conduisait parfaitement sous la pluie, ce que ses devancières supportaient moins facilement. Mieux, contrairement à la 993 qui n’eut droit qu’à une toute petite série de Turbo version cabriolet (13 ou 14 exemplaires selon les sources), la 996 elle proposa à partir de 2003 une version officielle convertible !
Mine de rien, le flat 6, certes refroidi par eau, développait la puissance tout à fait convaincante à l’époque de 420 chevaux pour une cylindrée de 3.6 litres, deux turbos et un couple faramineux de 560 Nm à 2700 tours/minute. De quoi assurer un maximum d’adrénaline à la plupart des conducteurs. Et si cela ne suffisait pas, Porsche pouvait proposer l’option X50, faisant passer la puissance à 450 chevaux. En 2005, cette option devenait un modèle à part entière, appelé Porsche 911 Turbo S, disponible elle aussi en cabriolet !
Contrairement à la 993, la 996 eut droit à une version cabriolet « de série »Au total, ce furent 21 954 exemplaires de 996 Turbo et dérivés produits, dont 16965 Coupé, 3426 Cabriolet, 600 Turbo S et 963 Turbo S Cabriolet (à comparer aux 6676 exemplaires de 993 Turbo). Grâce à une plus grande polyvalence et à une utilisation plus facile, la 996 réussissait à multiplier par 3 les ventes de la 993. Pas mal pour une voiture soi-disant mal aimée. En réalité, et malgré les réticences de certains, la Porsche 996, en particulier dans sa version turbo, fut un grand succès commercial, totalement cohérente dans la gamme en devenir du constructeur, participant à la croissance infernale du début des années 2000. Le question du design fut ensuite réglée par la 997, revenant à des phares ronds, mais pour le reste, Porsche n’avait pas le choix en passant au refroidissement par eau, afin de passer les normes : c’était le prix à payer pour faire perdurer la 911.
La 911 Turbo S, héritière de l’option X50, se déclinait en coupé et cabrioletLa 911 Turbo S se déclinait en coupé et cabriolet
Aujourd’hui, la 996 Turbo offre la possibilité de goûter aux performances et à l’esprit Porsche pour un tarif certes élevé, mais bien moins que d’autres Porsche du même acabit (49 000 euros en 2018 selon LVA pour une Turbo Coupé, à comparer aux 130 000 euros demandés pour une 993 Turbo). On en viendrait presque à dire qu’elle est abordable, surtout quand on sait qu’elle valait 129 765 euros neuve (prix catalogue 2003).
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES PORSCHE 996 Turbo | |
Motorisation | |
Moteur | 6 cylindres à plat « Flat 6 » |
Cylindrée | 3600 cc |
Alimentation | 2 turbos |
Puissance | 420 ch à 6000 tours / minutes |
Couple | 560 Nm à 2500 tours / minute |
Transmission | |
Roues motrices | Transmission intégrale |
Boîte de vitesses | Manuelle à 6 rapports |
Dimensions | |
Longueur | 4435 mm |
Largeur | 1829 mm |
Hauteur | 1295 mm |
Poids à vide | 1560 kg |
Performances | |
Vitesse maxi | 307 km/h |
Production | 21 954 exemplaires (2000/2005) |
Tarif | |
Cote moyenne 2018 | 49 000 eurors |