Peugeot RCZ : pari osé, pari gagné, mais pari terminé !
Quel est le point commun entre une Aston Martin Rapide, un Mercedes Classe G, une Mini Countryman et un Peugeot RCZ ? Elles ont toutes été fabriquées dans la même usine, chez Magna Steyr, à Graz en Autriche ! C’est toujours ça que vous pourrez dire dans les dîner en ville : « oui très chère, ma Peugeot fut fabriquée aux côtés d’une Aston Martin » ! Bon ok, dès 2011, la production de la Rapide sera rapatriée à Gaydon (faute de volumes suffisants), mais avouez que ça fait classe non ?
L’histoire du RCZ commence en septembre 2007 lors du salon de Francfort. Alors que la 308 (première du nom), présentée à la presse en juin, s’expose dans sa livrée définitive et que les commandes sont ouvertes, Peugeot ose le sport et propose une vision « coupé » de sa nouvelle berline, appelé RCZ Concept. Sans doute fallait-il rendre sexy une 308 qui ne l’était pas vraiment ? Toujours est-il que ce concept, bien que reprenant la face avant de la berline, est beaucoup plus séduisant, avec son arrière spécifique, son pavillon très bas, et son double bossage. Beaucoup y voit une Audi TT à la française, non sans raison ! Si les phares rappellent bien la 308, le reste n’a plus rien à voir, et c’est tant mieux !
Le RCZ Limited Edition, premier de la série vendu en exclusivité à 200 exemplaires !Le succès du RCZ est tel que Peugeot se décide à le produire. Ou plutôt, ce succès confirme l’intention de produire cette belle machine, car Peugeot avait déjà dans l’idée d’offrir à un public plus exclusif une telle voiture : à cette époque, le positionnement des marques de PSA est légèrement différent, à Peugeot le sport (avec le RCZ), à Citroën le luxe (avec DS en gestation).
La chaîne de production du RCZ, à Graz en AutricheCette volonté de produire un véhicule exclusif et sportif implique de repenser l’organisation industrielle. Peugeot est bien conscient que le RCZ n’atteindra jamais des volumes démentiels. La marque sochalienne va donc nouer un partenariat industriel avec Magna Steyr, célèbre sous-traitant automobile autrichien, pour produire son coupé en Autriche. Cette solution offre de la souplesse, sans encombrer les lignes de production de la 308, limite les investissements, et permet en cas d’échec cuisant de rompre facilement le contrat. Pour Magna Steyr, c’est un pari industriel, une nouvelle référence sur sa liste de clients, et en cas de succès, il en recevra les fruits tout en occupant son outil industriel ! Un contrat win/win qui s’avérera payant pour les deux partis !
La version définitive du RCZ, une des rares Peugeot à ne pas avoir un nom numéroté avec en son centre un zéro, est présentée une nouvelle fois à Francfort en septembre 2009, et les premiers exemplaires seront en concession en mai 2010. Les débuts du RCZ seront assez inhabituels : jusqu’alors, les séries spéciales venaient surtout en fin de vie d’un modèle, afin de le re-dynamiser. Ici, les 200 premiers exemplaires du RCZ « Limited Edition » seront tous vendus en une semaine via internet, permettant à ces heureux acheteurs de rouler en RCZ bien avant le lancement « général », en exclusivité !
Côté moteurs, on trouve sous le capot avant de cette traction (dommage) un 1.6 THP de 156 ou 200 ch, et même un 2 litres diesel HDI de 163 ch (!). Même avec le plus puissant de ces moteurs, on sent bien que cet excellent châssis mériterait un peu plus de watts ! Peugeot rectifiera le tir en septembre 2013 en présentant toujours à Francfort le RCZ-R doté du THP boosté par Peugeot Sport à 270 ch. Le modèle reçoit en outre divers raffinements techniques de Peugeot Sport pour accentuer l’efficacité du modèle : enfin, le RCZ avait suffisamment de puissance, même si cela arrivait en peu tard ! Avec ces chevaux en plus, sans compter le restylage heureux de 2012 lui enlevant un peu de sa parenté 308, le RCZ confirmait ce que la presse unanime avait pressenti à son lancement (et que de nombreux titres avaient récompensé).
Le RCZ-R offre enfin la puissance qui manquait au RCZ !En janvier 2015, à Bologne, Peugeot présenta même une version encore plus puissante réalisée en partenariat avec le fabricant de moto Bimota (lire aussi : Bimota) au look ravageur, légèrement surbaissée, et dont le THP était porté à 304 chevaux. Malheureusement, il ne s’agissait que d’une one-shot ! Dommage car dans sa livrée Bimota tricolore, elle aurait pu séduire en série limitée ! Il s’agissait sans doute de mettre un peu de lumière sur le RCZ avant l’arrêt de sa fabrication, décidée et annoncée par Maxime Picat, l’actuel directeur de Peugeot. Malgré le RCZ-R, les ventes déclinent déjà depuis de longs mois, et surtout, Peugeot s’apprête à sortir sa nouvelle 308 GTI dotée d’un moteur quasi identique de 270 ch aussi : le sport désormais, c’est elle (lire aussi : Peugeot 308 GTI), tout comme le look. Le RCZ c’était le passé, et il ne fallait sans doute pas brouiller l’image de la nouvelle 308 avec un coupé trop proche de l’ancienne. Et puis Peugeot avait décidé de se concentrer sur son redressement, en réduisant le nombre de modèles et en rationalisant sa production comme son offre.
Le superbe RCZ-R Bimota, avec ses 304 chevaux, jamais rentré en production !La production du RCZ cessera donc en décembre 2015, après 67 915 exemplaires : beau chiffre pour un modèle exclusif, assez radical, et plutôt décalé, né juste après la crise de 2008. C’est tout de même presque 3 fois plus qu’une Citroën C6 (lire aussi : Citroën C6). Si le RCZ n’est plus au catalogue (malgré quelques exemplaires traînant par ci par là en concession), il aura au moins prouvé à Peugeot sa légitimité dans le registre sportif. Surtout, il aura démontré qu’on peut « réussir » des paris de ce genre. Nul doute qu’à l’avenir, une fois Peugeot vraiment redressé, la marque saura à nouveau proposer ce type de modèle, en osant cette fois-ci (et pourquoi pas?) la propulsion ?