Peugeot 205 XS : une gamme en dessous
On l’a dit et répété, les 205 GTI atteignent aujourd’hui des sommets tarifaires que certains considèrent abusifs, mais c’est le prix de la nostalgie et de la performance. Pourtant, au sein même de la galaxie 205, il existe une alternative à cette dernière (ou à la Rallye devenue elle aussi très recherchée), la XS. Certes, il ne s’agit pas d’une GTI au sens propre du terme et ses 80 chevaux du départ sont loin des 105 de la première GTI (ou des 115 puis 130 des suivantes), mais cette petite XS s’avère plutôt attachante et peut donc légitimement prendre place dans la liste des petites youngtimers à même de procurer du plaisir pour pas cher.
Depuis l’enfance, je sais que la XS est cette alternative à la GTI. Normal, mon grand-oncle, adepte de petites voitures nerveuses après avoir usé une Panhard 24 CT et une 104 ZS (que mon père avait récupérée), s’était offert ce petit bijou bien plus accessible que la GTI, mais bien plus sportif que la 205 SR de ma grand-mère, sa soeur. Lorsque la petite XS descendait l’allée de la propriété familiale, elle avait bien plus fière allure, avec ses longues-portées et son pare-choc plus sportif. Dès lors, je compris que cette 205 sportive intermédiaire cachait bien son jeu tant mon oncle soignait le rapport prix/performance de ses autos. Bon, je m’emballais tout de même un peu à l’époque, mais le look et un bruit familier (celui du moteur de la 104 ZS justement) me faisaient croire à une vraie sportive.
Une sportive accessible
Revenons en 1984. La 205 est sortie depuis près d’un an quand Peugeot présente une adorable version sportive, la GTI 1.6 (105 chevaux à l’époque, puis 115 par la suite). En 1986, la marque élargit encore la gamme avec une 1.9 plus coupleuse et dotée de 130 chevaux cette fois). Le succès de ces deux modèles confirme qu’un marché existe pour ces petites citadines vitaminées, mais il reste relativement cher pour la majorité des acheteurs potentiels. Aussi en 1986 et 87, Peugeot présente deux nouveaux modèles radicalement différents mais complétant encore l’offre : la Rallye d’un côté (87 donc), répondant aux amoureux de sports mécaniques abordables, et la XS de l’autre (en 1986), une “sportive low cost”.
La 205 GT était le pendant 5 portes de la XSLa recette ? Un châssis et un train avant moins évolués que la GTI, mais un petit moteur bien connu des “sportifs” tatoués du lion : le moteur X de 1 360 cc et 80 chevaux déjà présent sous le capot de l’amusante 104 ZS donc. Pour la décoration, un pare-choc spécifique, des décorations “XS” du plus bel effet, un volant de GTI et un intérieur inspiré par cette dernière, des jantes en tôle de 13 pouces mais dont l’allure reste dynamique, et divers petits détails insignifiants (un compte-tours par exemple), mais qui distinguent la petite lionne du reste de la gamme et donnent cette impression de puissance qu’elle n’a pas forcément avec son petit X rageur, ses 80 équidés et ses 820 kg seulement.
Du moteur X au moteur TU
Rapidement, la XS va donc trouver sa clientèle, sans doute rebutée par le prix de la GTI, ou par ses performances d’ailleurs. Pourtant, ce moteur X semble un handicap, trop antique (présent depuis 1972 sous le capot de la 104, 1976 sous celui de la Renault 14) et ne rendant pas justice à la XS bien suspendue (et bien moins raide que la GTI). Autre avantage, elle dispose d’une version 5 portes appelée GT. XS et GT s’avèrent les plus puissantes des 205 normales d’autant qu’elles récupèrent pour le millésime suivant (1987) un tout nouveau moteur TU de même cylindrée (1 360 cc) mais bien plus moderne. Au passage, il gagne 5 chevaux pour culminer à 85 chevaux.
Une alternative intéressante aux GTI
Au fil du temps, la XS évoluera (perdant le volant GTI pour un classique, puis un an plus tard pour un volant spécifique à trois branches partagé avec la Rallye). Elle subira aussi le restylage de 1990 comme toutes les 205, perdra en 1991 le monogramme XS qui la distinguait tant, et enfin passera au pot catalytique avec un nouveau moteur de 1 580 cc et 89 chevaux en 1992. Ce n’est qu’en 1993 que la XS (et sa soeur GT) disparaîtra du catalogue.
Difficile de savoir combien de XS auront été fabriquées… On en voyait beaucoup sur les routes mais sans doute les chiffres n’ont-ils jamais atteint ceux de la GTI à l’aura trop forte ! En tout cas, cette petite sportive aura tenu son rang une gamme en dessous de sa brillante soeur et représente l’archétype de la petite sportive économique : peu chère à l’achat (entre 65 000 et 70 000 francs selon les époques), facile d’entretien, dotée d’une tenue de route remarquable, elle permettait de se faire plaisir sans se saigner. Aujourd’hui, il est possible de trouver une 205 XS en bon état à des tarifs toujours aussi raisonnables. Quitte à faire une croix sur les GTI, pourquoi ne pas se faire la main sur une gentille et fidèle petite XS ?