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Opel GT : coupé allemand, succès américain, carrosserie française

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 13/01/2017

A une époque où nos constructeurs français, grands ou petits, peinaient à vendre plus de quelques milliers d’exemplaires de coupés sportifs (Alpine A110, Matra 530), un grand constructeur allemand cassait la baraque en vendant plus de 100 000 exemplaires d’un petit coupé similaire : la fameuse Opel GT, produite entre 1968 et 1973. Heureusement, l’honneur est sauf pour l’industrie tricolore, car la carrosserie de ce coupé était produite… en France !

L’Experimental GT de 1965 donnera naissance à l’Opel GT 3 ans plus tard

L’Opel GT est pourtant née un peu par hasard, sous la forme d’un concept car destiné à faire le show au salon de Francfort 1965. L’Experimental GT, produite durant l’année 64, préfigure d’ailleurs la future Corvette Stingray qui apparaîtra fin 1967. Les réactions enthousiastes du public firent comprendre aux dirigeants d’Opel qu’un marché existait bien pour ce genre de véhicule qui, en outre, pourrait offrir une nouvelle image, plus fun, au constructeur allemand réputé pour son sérieux. La décision fut alors prise de produire la GT en série.

Le design va pourtant être retravaillé pour séduire une clientèle européenne (mais aussi américaine) tout en étant facilement industrialisable. Son dessin est attribué au designer maison Erhard Schnell, mais d’autres stylistes du groupe GM participèrent au projet, notamment Chuck Jordan (à qui l’on doit le dessin de la Stingray justement!). Il en résulte un très joli coupé propulsion à moteur avant utilisant de nombreuses pièces provenant de l’Opel Kadett B. Stricte deux portes, elle a la particularité de ne pas avoir de coffre, mais un espace de rangement derrière les sièges. Enfin, elle dispose, comme la Matra 530 (lire aussi : Matra 530), de phares escamotables qui lui donne cet inimitable charme aujourd’hui !

Pour réaliser les carrosseries (en métal, elles, et non en époxy comme la Matra), Opel va faire appel à un sous-traitant français, Brissonneau & Lotz, qui fut un temps constructeur automobile (lire aussi : Brissonneau et Lotz Rosier). De l’usine de Creil sortiront donc, de 68 à 73, une noria de camions transportant les carrosserie de GT en direction de Bochum, où avait lieu l’assemblage final. Pour l’anecdote, pendant l’année 68, la société Brissonneau & Lotz fabriquera aussi les carrosseries de la 530, avant que Matra n’en récupère la production à Romorantin.

Les clins d’oeil à la petite Matra « des copains » s’arrêtent pourtant là. Pendant que la française se vendait à 9606 exemplaires entre 68 et 73, l’allemande pétait les scores avec 103 463 voitures produites. Au début, la GT proposait un moteur de série de 1100 cm3 et 59 ch (DIN), et une version 1900 en option (89 ch DIN). Mais devant le large succès du 1900, le 1100 sera abandonné en 1969 après 3 573 exemplaires seulement. Ne restera plus au catalogue que le 1900, qui perdra un peu de chevaux en traversant l’Atlantique (74 ch DIN).

Dès 1969, l’Opel GT sera en effet vendu aux Etats-Unis dans le réseau Buick, pour y connaître un succès considérable. Au total (et jusqu’en 1974 où les derniers exemplaires de la GT s’écouleront aux USA), ce sont plus de 70 000 véhicules qui seront vendus là-bas. Un chiffre qui explique le succès d’Opel face à ses concurrentes françaises qui ne disposaient pas d’un tel marché ! 1969 sera l’année de tous les records, avec un pic de production à 34 997 exemplaires. Cette année là, deux prototypes d’une version targa, dénommée Aero GT, seront réalisés sans jamais rentrer en prodution.

L’Aero GT, une version targa jamais produite en série

En 1971, Opel tentera de dynamiser ses ventes en Europe en présentant une version « accessible » de sa GT, la GT/J (J pour Jugend, jeunesse en allemand). Disponible en 1900 comme la GT, la GT/J se distinguait par une présentation moins flatteuse, et un niveau d’équipement plus bas. Elle ne suffira pas à créer une nouvelle dynamique, avec seulement 10 760 exemplaires vendus. En 1973, la GT ne semblait plus en mesure de rivaliser avec les nouvelles sportives japonaises qui commençaient à se vendre aux Etats-Unis, tandis que ses ventes européennes fléchissaient elles aussi. Plutôt que de s’engager dans une coûteuse remise à niveau, ou dans l’étude d’un nouveau modèle, Opel préféra lancer la GT sans descendance…

La GT/J, une version dépouillée destinée aux jeunes

Il faudra attendre 2001 pour voir réapparaître dans la gamme un véhicule similaire, l’Opel Speedster, fabriqué, lui, chez Lotus en Angleterre (lire aussi : Opel Speedster). C’est sa remplaçante, en 2007, qui fera renaître l’appellation Opel GT. Elle sera directement fabriquée au cœur de son marché, aux USA, dans le Delaware, et vendue aussi sous les marques Saturn (Sky) et Daewoo (G2X, uniquement en Corée du Sud).

Aujourd’hui, l’Opel GT est un bon moyen de s’offrir une petite voiture sympa, solide, relativement bon marché (enfin tout est relatif hein!) et plutôt original. Il vous en coûtera en tout cas bien moins qu’une Corvette Stingray (en même temps, le 4 cylindres de l’Opel ne fera pas le même bruit), tout en vous procurant tout autant de plaisir, tant pour les yeux qu’à la conduite. Un choix de connaisseur ! Et puis, d’une certaine manière, elle est un peu française cette GT !

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