Monteverdi Sierra : une américaine planquée en Suisse
Si lors des premières années de la marque Monteverdi, on eut droit à des véhicules relativement originaux (la 375 notamment), la fin fût moins glorieuse, et Peter Monteverdi se contenta de proposer des luxueuses réinterprétations de véhicules déjà existant. Cette politique de « re-carrossage » commença en 1977 avec la Monteverdi Sierra.
Il faut dire que Peter Monteverdi, au caractère bien trempé, avait bien essoré les designers et carrossiers travaillant pour lui, de Frua à Fissore (oubliant parfois de les payer, comme ce fut le cas pour Frua). C’est donc une certaine fuite en avant qui le poussa à proposer de nouveaux modèles issus de la grande série, mais ré-interprétés à la manière Monteverdi.
Je vous avais déjà présenté le dernier avatar de la marque Suisse, la Tiara, clone de la Mercedes Classe S (lire aussi : Monteverdi Tiara), mais c’est la Sierra qui initia le mouvement. Après l’arrêt de la production des 375 (environ 250 exemplaires), Monteverdi relance la machine avec une berline dérivé du duo Chrysler Aspen / Plymouth Volare.
Comme ses sœurs américaines, la Sierra dispose de deux V8, l’un de 5,2 litres et 152 chevaux, l’autre de 5,9 litres et 180 chevaux, le tout pour une conso tournant autour de 14 à 20 litres au 100, ce qui, entre deux crises pétrolières (73 puis 79), peut expliquer (entre autres) l’échec de ce modèle. Monteverdi retravaillera la face avant, avec des phares et une calandre rappelant la 375, mais en plus carré. A l’arrière, ce sont des feux de Renault 12 qui « réhausseront » la voiture (drôle de choix).
La Sierra aura droit à une version cabrioletA l’intérieur en revanche, c’est grand luxe pour l’époque, avec cuir ou velours, climatisation, vitres et sièges électriques, et même un régulateur de vitesse (déjà courant aux Etats-Unis, mais inconnu en Europe). Officiellement, on parle de 28 véhicules construits entre 1977 et 1982. En réalité, il semblerait que seuls 13 exemplaires auront réellement été fabriqués, dont un cabriolet en 1978 et un break un peu plus tard.
Une unique version break sera aussi construiteBref, autant dire que la Sierra ne fut pas un succès. Même le gouvernement Suisse, à qui Monteverdi offrit un exemplaire, lui préféra ses Cadillac officielles ! Aujourd’hui en revanche, elle regagne de l’intérêt, par sa rareté d’une part, mais aussi parce qu’elle représente une époque ou des petits carrossiers et petites marques pouvaient encore survivre et proposer « autre chose », même si cela n’était pas toujours du meilleurs goût. Aussi, si vous voyez passer cette étrange berline dans les petites annonces, réfléchissez-y !