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Mercedes-Benz 220 S “Ponton” Cabriolet : tel fils, tel père

Par Daniel Brooks - 05/08/2022

Si l’on est le père d’un créateur de start-up en série dans le secteur de l’automobile de collection, on a forcément de l’auto dans son ADN. Ce n’est pas la peine de résister. « Papa, tu sais que cette voiture est pour toi. C’est ton destin. » Et ainsi a commencé une authentique histoire d’amour, fondée sur cet incontournable constat : “nous sommes faits l’un pour l’autre ». C’est ainsi que notre ami Serge s’est retrouvé propriétaire d’un cabriolet Mercedes-Benz 220 S “Ponton” de 1959, et qu’il a rencontré la voiture de ses rêves.

« Je pense avoir toujours trouvé que certaines autos n’étaient pas mal. Je suis depuis toujours sensible à la beauté dans l’art et dans la vieille pierre, mais les voitures ne me faisaient pas plus d’effet que ça. J’aime bien l’Alfa Romeo Giulietta Spider. Et la Jaguar Type E, c’est joli. Mais cela ne m’a jamais donné envie. Mais là, j’ai trouvé ma seule voiture de rêve. »

Comme son surnom l’indique, le modèle “Ponton” a été la première Mercedes à intégrer les ailes avant, les garde-boue et les portières dans les ailes. La gamme “Ponton”, introduite en 1953, fut la première voiture de la marque entièrement conçue après la guerre. Sa version 220 S a été présentée en avril 1956 avec le 6 cylindres en ligne alimenté par un double carburateur Solex, produisant 100 ch à 4 800 tr/min, pour atteindre une vitesse de pointe de 160 km/h. Les freins étaient dotés d’une servo-assistance qui procurait une efficacité de freinage largement supérieure à ce que l’on trouvait alors en compétition, et digne des autos qui ne suivraient le mouvement que dans les années 1970. « Elle roule très bien. Elle est ancienne, mais déjà d’une telle modernité ! »

À certains égards, cette Mercedes rivalisait avec les Peugeot 403 et Simca Versailles. Les performances de la 220 S étaient un peu meilleures mais c’est surtout du point de vue des finitions qu’elle surpassait la concurrence. Le cuir étalé de long en large et le bois qui cernait l’habitacle conféraient une réelle magnificence à cette auto. Ils n’existaient même pas en option chez les autres. Serge nous raconte : « Je ne me rendais pas compte du bonheur que l’ambiance d’une voiture pouvait me procurer. Ce cuir avec le bois tout autour, c’est d’un raffinement absolu. Comme dans un salon privé ».

Bien sûr, à cette époque, le changement de vitesse se faisait au volant avec le levier implanté sur la colonne de direction. « Je retombe en enfance ! », proclame Serge. « En fait, mon père avait une Mercedes 220 berline. J’étais tout petit mais je me souviens des vitesses sur le volant. J’ai les vitesses comme sur la voiture de mon père ». La conception des autos à cette époque se faisait sentir dans leur utilisation. « Je sens l’ingénierie dans cette auto, chose que l’on ne ressent plus dans les voitures modernes. J’imagine les ingénieurs de Mercedes. J’éprouve une affinité avec leur travail. »

La Mercedes-Benz « Ponton » a existé en cinq versions de 1954 à 1962, équipées de moteurs à quatre ou six cylindres et disponibles en berline, en coupé et en cabriolet. Les modèles six-cylindres disposaient de deux types d’alimentation, soit par carburateurs (les modèles “S”), soit par injection (les modèles “SE”). La voiture de Serge est une 220 S Cabriolet de 1959.

Cette première main d’origine française a été dénichée par l’équipe de CarJager. « Ils sont toujours à l’écoute du marché, autant du côté des acheteurs que des vendeurs. Ils savent où se trouvent les perles rares et qui peut les vouloir. Je vis le concept de “voiture de rêve ». Je suis comblé », nous confie Serge. « J’adore tout d’elle. Tout l’avant avec l’étoile, c’est très beau. Et ce volant énorme… » Et dans les détails : « Le capot moteur cache un espace gigantesque ! On pourrait se mettre debout là-dedans. Et la toute petite clé minuscule pour ouvrir le coffre arrière absolument énorme, j’adore ! »

Pour sa première sortie, Serge est parti sur les routes enneigées du mois de janvier. « Elle a été formidable. Il y avait beaucoup de neige. J’ai dû rouler à bas régime et elle a été parfaite. C’est la bagnole “neige et glace”. » Cette 220 S a intégré la propriété de campagne de Serge, où elle se fond complètement dans le décor. Apparemment, vieilles pierres et Mercedes ancienne font bon ménage. « C’est comme si elle avait toujours été là. Elle correspond parfaitement avec ce lieu. » Comme quoi on ne peut pas manquer son rendez-vous avec le destin. Il faut avoir néanmoins un sens inné de la beauté pour l’apprécier.

Texte : Daniel Brooks

Photos : Tommaso Berlotti pour CarJager

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