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Matra-Simca Bagheera Courrèges : parfaite adéquation

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 30/08/2017

En recevant le mail de Citroën m’annonçant le lancement d’une série spéciale de l’e-Méhari en association avec Courrèges, j’ai d’abord pensé que la marque aux chevrons faisait passer à la série son concept siglé du même couturier présenté l’année dernière, respectant ses codes d’un blanc immaculé. Hélas, trois fois hélas, alors que l’e-Méhari (lire aussi : Citroën e-Méhari) n’est qu’un ersatz de la Mehari orignelle (lire aussi : Citroën Méhari), sa déclinaison Courrèges n’a rien à voir avec l’idée que l’on aurait pu s’en faire. Las, je me suis replongé dans mes archives pour respirer un vrai bon coup de seventies grâce à la Matra-Simca Courrèges !

André Courrèges, mort en janvier 2016, doit se retourner dans sa tombe en voyant cette e-Mehari toute de noir vêtu, lui qui aimait tant le blanc ! Un blanc omniprésent dans toutes ses créations, un blanc immaculé allié, parfois, avec des couleurs pop… Un blanc que l’on retrouve inévitablement sur la Matra-Simca Bagheera qui porta son nom dans les années 70.

Courrèges était un couturier « moderniste » (on le surnommait « Le Corbusier de la couture ») représentant parfaitement l’envie de nouveauté, d’élégance et de liberté des femmes des années 60 et 70. La Bagheera, qui en 1973 remplaçait avantageusement la Matra 530 (lire aussi : Matra 530) était en adéquation avec le style Courrèges. Le blanc lui allait si bien, ses 3 places de front cassaient les codes tout comme André le faisait dans la mode, et elle représentait l’avenir futuriste (bien que sous motorisé) de l’automobile française. La marque Matra était jeune, la Bagheera racée, l’association avec la maison de couture semblait une évidence.

Si la Bagheera est lancée en 1973, ce n’est qu’en septembre 1974 qu’apparaît la série spéciale Courrèges. Inévitablement, la carrosserie prend la teinte blanche fétiche du couturier, et récupère les initiales et le logo du créateur. A l’intérieur, les sièges sont en skaï, évidemment blancs, tandis que le volant, le tableau de bord et les contre-portes se teintent d’un marron clair (certains disent « couleur or »). Petite délicatesse, des vide-poches amovibles sont fixés sur les portes.

La première série récupérait le 4 cylindres 1294 cm3 de la Simca 1100 Ti, pour une puissance de 84 ch. Elle sera produite à 216 exemplaires. La 2ème série, produite en 1976, s’offrait (comme toutes les Bagheera) le 1442 cm3 de 90 ch, pour un poil plus de peps. Elle sera produite, pour sa part, à 163 exemplaires. Autant dire que les « Courrèges » sont rares (379 exemplaires sur les 47 796 Bagheera produites).

Je ne suis pas toujours fan des séries spéciales de couturier, dont la cible féminine paraît trop évident sans amener de plus-value réelle ! Mais dans le cas de cette Bagheera, je trouve l’adéquation parfaite entre le traitement minimaliste mais efficace d’André Courrèges et la ligne simple et personnelle de la voiture. Elle en devient plus féminine, certes, mais un homme de goût ne serait pas ridicule à son volant, au contraire. Loin de la voiture de garçon coiffeur, on parlerait plutôt d’une voiture féministe (et l’on peut être homme et féministe hein) !

Vous vous en doutez, il va falloir vous accrocher pour en trouver une, abordable, et dont le propriétaire accepte de se défaire, mais le jeu en vaut la chandelle, surtout si elle est dans un état impeccable. Et puis c’est tellement mieux qu’une e-Mehari, même (ou surtout) siglée du même couturier.

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