Matra Rancho : multimarque et multifonction
On se construit sa culture automobile comme on peut et cela passe parfois par le cinéma. Lorsque je vit Claude Brasseur au volant de son Rancho, dans la Boum (1980), je le trouvais tout de suite séduisant (le Rancho hein!). Cette voiture ne ressemblait vraiment à rien, semblait tellement moderne, et pourtant restait accessible (on pouvait en voir facilement dans la rue). En ce début des années 80, le rallye Raid, Thierry Sabine et le Paris Dakar faisaient rêver, et le Rancho, c’était un peu d’aventure dans les rues parisiennes. Il faut bien dire qu’une fois de plus, Matra inventait des marchés, préfigurant les « crossovers » d’aujourd’hui.
Construit de 1977 à 1983 dans l’usine Matra de Romorantin, il s’appela d’abord Matra-Simca avant de devenir Matra-Talbot suite au rachat de Simca par Peugeot (lire aussi : le rachat de Chrysler Europe), mais pas de doute, il s’agit surtout d’une Matra. Philippe Guédon a l’intuition qu’il serait judicieux de compléter sa gamme jusque là dédiée aux coupés (Bagheera,puis Matra Murena) par un véhicule certes de niche mais à plus fort volume. Pressentant qu’il existait une demande pour un véhicule pratique au look de baroudeur, il lance le Rancho, inclassable à l’époque. Ce n’est pas un 4×4 pur et dur (il n’en a que le look mais reste à deux roues motrices), ce n’est pas un utilitaire (même s’il dérive de la Simca VF2), ce n’est pas vraiment une berline : c’est tout simplement le Rancho.
La Rancho n’est qu’une 3 portes, et deux roues motrices.Le Rancho est novateur, mais n’est pourtant qu’un assemblage de pièces existantes (« le pain perdu de l’automobile » disait Philippe Guédon) : chassis et partie de carrosserie de Simca VF2, éléments de Simca 1100 Ti, moteur 1,4 litres Simca-Chrysler. Cette Matra rencontra un certain succès puisque plus de 50 000 exemplaires seront construits, en version familiale, découvrable ou commerciale.
La Simca VF2 dont est issue la Rancho: incroyable !Confortant sa réputation d’innovation, Matra remplacera la Rancho sur ses chaînes de Romorantin par une autre innovation inclassable à l’époque, l’Espace, commercialisées sous la marque Renault mais conçue par Matra. Sachez en tout cas qu’on peut s’offrir la voiture de Claude Brasseur à partir de 2000 euros.
Claude Brasseur et Brigitte Fossey attendant Vic dans leur Rancho.Un site très bien fait sur la Rancho : Matra-Rancho