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Marcos Mantara : l’âge de raison

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 04/07/2019

Si la petite marque anglaise Marcos n’avait pas disparu en 2007, nous aurions fêté cette année ses 60 ans. Malheureusement, la vie d’un petit constructeur artisanal est semée d’embûches, même en Angleterre. Entre 1959 et 2007, Marcos aura connu plusieurs faillites et lancé de nombreux modèles plus ou moins réussis esthétiquement, se forgeant une solide réputation auprès d’amateurs éclairés. Elle reste pourtant une marque méconnue du grand public malgré la qualité de ses produits, notamment la Marcos Mantara produite dans les années 90 qui nous intéresse aujourd’hui.

C’est en 1959 que Jeremy “Jem” Marsh, ingénieur, s’associe avec Franck Costin, qui avait participé à la conception du fameux De Havilland Mosquito (mais aussi réalisé la carrosserie très aérodynamique de la Lotus Mark VIII), pour créer la marque Marcos (Mar pour Marsh, Cos pour Costin) avec la ferme intention de produire une petite sportive, légère et rigide, utilisant un châssis en contreplaqué marine inspiré de la technique du Mosquito justement. C’est ainsi qu’est lancée la GT Xylon, un drôle d’engin au physique ingrat mais diablement efficace. Pilotée par de brillants pilotes comme Jackie Stewart, elle fera pourtant rapidement la réputation de la jeune marque, mais n’empêchera pas Marsh et Costin de s’embrouiller. Ce dernier finira par quitter l’entreprise pour d’autres aventures (notamment la TMC Costin, qui deviendra par la suite Panoz).

Marcos Mantis M70L’étrange Mantis M70 lancée en 1970

De la Xylon à la Mini Marcos, en passant par la GT

Marsh, de son côté, poursuit l’activité avec l’aide de deux frères, Dennis et Peter Adams. En 1963, Marcos présente la GT 1800 qui conserve son châssis en bois mais s’équipe d’un 4 cylindres Volvo issu de la P1800. Cette GT deviendra “LA” référence de Marcos avec la Mini Marcos lancée en 1965. La GT connaîtra plusieurs évolutions, perdant notamment son châssis en bois pour un tubulaire, et recevant plusieurs moteurs (V4 Ford, V6 Ford ou 6 en ligne Volvo). Les ventes de kits s’envolent et permettent à l’entreprise de changer de dimension : l’extravagante et luxueuse Mantis M70 est lancée en 1968, puis l’étonnante Mantis XP, tandis que la marque investit dans une nouvelle usine à Westbury. C’en est trop pour les capacités financières de Marcos tandis que la Mantis peine à séduire. Il faut mettre la clé sous la porte en 1971. Si la production des Mini Marcos se poursuit au compte goutte jusqu’en 1974, la marque finit par disparaître à nouveau.

Marcos Mantara Spyder / SpiderLa Marcos Mantara dans sa version Spyder

Jem Marsh rachète les droits de la marque en 1976 mais mettra quelques années avant de concrétiser le retour de Marcos sur le marché des petites sportives britanniques. Il faudra attendre 1984 pour voir la Mantula pointer le bout de son nez sur les routes. Reprenant le dessin habile de la GT des années 60 (le seul plutôt réussi parmi la production de la marque), la Mantula reçoit le V8 Rover né Buick de 3,5 litres équipant à l’époque la Rover SD1. Elle sera déclinée en une version spyder (1986) ou économique avec la Martina équipée d’un 4 cylindres 2 litres Ford (1991).

De la GT à la Mantula, puis la Mantara

Et notre Mantara me direz-vous ? On y arrive. Après 419 Mantula produites en kit, Marsh voit plus grand. Marcos, pense-t-il, a les moyens de rivaliser avec TVR en Angleterre voire même Porsche. Il présente en 1992 la fameuse Mantara. Il s’agit d’une évolution de la Mantula dont les lignes sont modernisées. Elle abandonne la suspension avant d’origine Triumph pour une nouvelle de type McPherson. Sous le capot, on retrouve le fameux V8 Rover de 3,9 litres développant 190 chevaux. Grâce à cela, la Mantara atteint les 225 km/h. Une version 4 cylindres appelée GTS est présentée en même temps, avec un 2 litres Rover Tomcat et 200 chevaux sous le capot. Bien entendu, la Mantara est proposée en coupé comme en spyder.

Une Marcos LM500 (en haut) et une LM600 (en bas), dérivées de la Mantara

L’autre nouveauté, c’est que la Mantara est désormais produite intégralement chez Marcos. Adieu les kits pour faire baisser le prix global, place aux ambitions d’un vrai constructeur. D’ailleurs, Jem Marsh a pour une fois les moyens de ses ambitions grâce à de nouveaux investisseurs. Grâce à cet argent frais, la petite entreprise va aussi revenir à la compétition, et pas n’importe laquelle : Le Mans. Dès 1993, sur la base de la Mantara, Marcos va développer les LM400 (V8 Rover 4 litres et 193 chevaux), LM500 (V8 Rover 5 litres et 324 chevaux) et LM600 (V8 Chevrolet 6,1 litres de 529 chevaux).

La Marcos M97, évolution de la Mantula et par ricochet des Mantara et LM

De faillite en faillite

La Mantara sera produite de 1992 à 1997 à 137 exemplaires (dont 19 équipés du 2 litres Turbo GTS) et les LM à 36 unités (15 LM400, 20 LM500 et 1 LM600) : une production trop limitée malgré le succès d’estime pour survivre longtemps. Marsh décide de faire évoluer le modèle en 1998, reprenant le nom de Mantis mais abandonnant le vieux V8 Rover pour un Chevy de 4,6 litres et 357 chevaux. Plus abordable, la Mantaray complète la gamme avec un restylage profond et toute la gamme des moteurs (Tomcat, V8 Rover ou V8 Chevrolet). Malgré cette remise au goût du jour, les ventes ne décollent pas (51 Mantis et 26 Mantaray entre 1997 et 2002) et Marcos doit déposer une nouvelle fois son bilan en 2002. La marque sera ensuite relancée et tiendra jusqu’en 2007 avec les modèles TS250, TS500 et TSO à la diffusion ultra-confidentielle.

La Marcos Mantaray est habilement restylée pour attaquer le 21ème siècle

Aujourd’hui, la Mantara (ou l’un de ses dérivés) est une pièce de choix pour un collectionneur. Sa rareté fait sa valeur, ses V8 (Rover ou Chevy) sont ronds, voire puissants, sa ligne s’est bonifiée depuis les années 60. Enfin, il s’agit d’une sportive équivalente à TVR (le look en moins, mais c’est une affaire de goût), toute en puissance et rigide à souhait. Mieux, sa fabrication en (petite) série fait qu’elle est sûrement mieux conçue et finie que les kits cars des années précédentes chez Marcos. On en trouve plein en Angleterre, moins en France, mais la chasse vaut la chandelle.

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