L’édition de la Truffe : la vie, mode d’emploi
« Cette édition de la Truffe a tenu toutes ses promesses en agrégeant le plaisir d’une balade entre amis, un soupçon de compétition fraternelle, un cadre somptuaire et, bien sûr, le privilège de caboter au volant d’automobiles exceptionnelles »
L’automne, cette saison grise, tout entière faite de longs crépuscules et de courtes journées ; l’automne, cette séquence où tout semble s’apprêter à mourir dans la solitude et le silence ; l’automne, ces semaines interminables où la joie de vivre semble s’être encombrée de parenthèses et s’interdire d’exister… Sans aucun doute, bien des poètes à l’âme tourmentée ont dû soliloquer de la sorte au fil des siècles, mais sommes-nous obligés de marcher dans leurs pas ? Dans ce monde chaque jour plus incertain, déchiré de conflits et écrasé d’angoisses séculaires, est-il encore possible de réenchanter des épisodes choisis, de redécouvrir les vertus secrètes d’un hédonisme bien compris, de consacrer des heures à la quête essentielle de joies simples ? À ces questions, les lignes qui suivent pourraient apporter une forme de réponse…
Du haut de cette bâtisse, neuf cents ans vous contemplent
Connaissez-vous le Prieuré Notre-Dame de Conil ? Fondé au XIIe siècle et blotti dans la campagne à quelques encablures d’Aix-en-Provence, ce lieu envoûtant, animé par une équipe de passionnés aussi compétents que sympathiques constitue un cadre idéal pour des événements d’exception. CarJager et l’association Brunch&Drive l’ont fort bien compris et l’avaient choisi pour structurer le parcours d’une épreuve de régularité aux préceptes élégants et dont l’intitulé ne laissait guère de doutes quant à la récompense promise à l’équipage vainqueur. Organisée le 3 décembre dernier dans une seule perspective — devenir une pourvoyeuse de joie pour ses participants —, cette édition de la Truffe a tenu toutes ses promesses en agrégeant le plaisir d’une balade entre amis, un soupçon de compétition fraternelle, un cadre somptuaire et, bien sûr, le privilège de caboter au volant d’automobiles exceptionnelles, avec un plateau à l’éclectisme réconfortant !
Pour tous les goûts (à condition d’en avoir)
Sous le bienveillant patronage d’Alpine et de Barnes Aix s’étaient ainsi rassemblées des machines aussi dissemblables que réjouissantes, au rang desquelles on pouvait aussi bien trouver une MGC GT qu’une Peugeot 205 GTI, une Maserati MC20 qu’une BMW 3.0 CSL, une Alpine A310 qu’une Alfa Duetto — sans oublier un époustouflant cortège de Porsche de toutes époques et une très fringante sexagénaire nommée Jaguar XK 120… En tout, vingt-huit équipages qui se retrouvèrent dès 8h30 du matin au prieuré, autour d’un copieux breakfast, suivi du traditionnel briefing. Munis de leurs sacs et de leurs ronds de portes, les conducteurs et leurs copilotes s’ébrouèrent une heure plus tard, direction le Luberon ! Le climat et la couleur du temps étaient bien ceux de décembre, ce moment de l’année où les automobiles dignes de ce nom se font ordinairement rares sur les routes ; mais il aurait fallu bien davantage que quelques gouttes de pluie pour briser l’enthousiasme des participants…
Les gens de la pluie
L’ondée, parlons-en : s’étant imposée dès la fin de matinée, elle décida de nous accompagner jusque dans les sinuosités des routes de montagne abordées durant l’après-midi. En altitude, la neige était déjà là — jusqu’à 8 centimètres par endroits, ce qui a momentanément avantagé les plus anciennes autos présentes dont, comme on pouvait s’y attendre, les pneumatiques étroits se sont avérés plus à l’aise en la circonstance que les gros semi-slicks des GT contemporaines. Naturellement, aucun des pilotes ne s’est subitement pris pour Jean Ragnotti ou Michèle Mouton et chacun a su évoluer dans les limites d’une prudence bienvenue, démontrant une fois encore que le plaisir de conduire n’est jamais incompatible avec le respect des machines. Toutefois, il était déjà temps de délaisser le froid coupant des cimes pour rallier le prieuré où un dîner gastronomique attendait les gentlemen drivers du jour, le premier prix n’étant autre qu’une truffe de 200 grammes (Mazel Tov !). Voilà bien la meilleure des conclusions pour l’une de ces journées à la fois soigneusement calibrées et recelant mille imprévus, faites pour enchanter durablement nos mémoires… en attendant la prochaine balade !
Texte : Nicolas Fourny