Le faux mystère des 4x4 Toyota de l'Etat Islamique !
Comme beaucoup d’entre vous, je suis devenu depuis vendredi un chasseur d’informations ! Les lâches attentats perpétués à Paris posent tout à coup de nombreuses questions à ceux qui ne s’intéressaient que de loin à la question de l’Etat Islamique (EI, ou Daesh pour ceux qui veulent vraiment jouer le jeux en déclinant l’acronyme en arabe), à l’état des forces en Syrie et en Irak, et aux équipements utilisés par ces barbares (il n’y a pas d’autres noms).
Comme beaucoup d’entre vous, je vois passer un sacré paquet d’articles parfois « putaclic » comme on dit, incitant à découvrir l’insondable mystère de cette organisation terroriste, et notamment celui-ci : http://reseauinternational.net/le-mystere-des-milliers-de-camionnettes-toyota-de-lei/ . Il n’est cependant pas le seul, nombre d’internautes relayant leurs interrogations sur l’équipement de l’EI en pick Up Toyota.
Si la conclusion approche de la solution, le titre et le cœur de l’article laissent croire (ou en tout cas y contribuent) à une éventuelle complicité de Toyota ou d’intermédiaires mal intentionnés dans l’équipement de l’armée de Daesh en pick HiLux et Tacoma.
Avant de sauter sur ses grands chevaux, et d’imaginer une certaine complaisance japonaise, il serait bon de revoir ses devoirs en terme d’histoire récente.
L’EI s’est en partie formée grâce à des cadres de l’armée irakienne, richement dotée lors du départ de l’armée américaine en Humvee (lire aussi : AM General Humvee), mais aussi en blindés, et surtout en pick up Toyota dont l’armée américaine fut un client friand (comme quoi, la polémique sur le Ford Ranger était un peu vaine : Les Ford Ranger de l’Armée Française). La défection de cadres et d’hommes du rang de l’armée irakienne vers les rangs de Daesh s’est faite avec armes et bagages, ce qui explique qu’on trouve tout type d’équipements en son sein : il n’y a pas que des Kalashnikovs, mais aussi des M16. En outre, la prise de Mossoul par Daesh a permis à l’EI de récupérer près de 3000 Humvee selon la Tribune citant Jean-Yves Le Drian en octobre 2014 (lire aussi : http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/20141004trib78cef2e9e/daesh-dispose-d-une-force-de-frappe-militaire-et-financiere-tres-tres-dangereuse.html), mais aussi des blindés américains (environ 50 chars lourds et 150 légers), et 60 000 armes individuelles.
Dire qu’il puisse exister une quelconque collusion entre Toyota et l’EI serait donc méconnaître le pillage des matériels militaires de l’armée irakienne, mais aussi les réalités du marché automobile du Moyen-Orient et d’Afrique. Si à Paris un gros 4×4 Toyota est une coquetterie (ou un concours de quéquette, au choix), au Moyen-Orient, c’est un choix raisonné, et qui fabrique les meilleurs 4×4 aujourd’hui, en terme de rapport prix/efficacité ? Toyota bien sûr, qui se taille une part de marché royale là-bas. Idem en Afrique où les Peugeot 504 ont été depuis longtemps remplacées par des 4×4 japonais aussi fiables, facilement réparables et bien plus efficace en tout-terrain. Les islamistes opérant au Mali l’avaient bien compris et circulaient déjà avec ces 4×4 venus du Moyen-Orient, achetés sur place, saisis, réquisitionnés ou volés en Lybie ou ailleurs. Idem en Syrie et en Irak…
A force de fournir armes de poings, armes lourdes, munitions et véhicules « en-veux-tu en voilà » sans discernement (on a armé volontairement l’EI comme d’autres rebelles syriens voilà à peine 3 ans sous prétexte de faire « tomber » Hassad, rappelons-le), on ne peut pas se réveiller en se posant la question : d’où viennent ces 4×4 Toyota en nombre ?
Soyons sérieux ! On paie parfois notre propre inconséquence. Il n’y a aucun mystère derrière l’armement de l’EI, soyez au moins sûr de cela !