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Toyota Supra A80 : moteur mythique, look atypique

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 19/06/2019

Il est toujours intéressant de voir combien un film (Fast & Furious) ou un jeu vidéo (Gran Turismo) peuvent changer la perception générale d’une bagnole. Car lorsque la Toyota Supra de 4ème génération est arrivée en France en 1993, elle n’a pas véritablement séduit les foules, au point d’être retirée du catalogue (comme partout en Europe) en 1996 après seulement 49 exemplaires vendus. Aujourd’hui, cette voiture est devenue culte et Toyota, après avoir fait une croix sur le nom en 2002, revient avec une nouvelle version en 2019, développée avec BMW. Retour sur la petite histoire de cette Toyota Supra devenue célèbre sur le tard.

En ce début des années 90, les constructeurs japonais veulent montrer à la face du monde qu’ils maîtrisent autre chose que les citadines et les gros 4×4. Certes, les sportives japonaises ne sont pas nouvelles, mais il s’agit désormais de s’imposer comme des rivales crédibles face aux européennes, notamment sur le marché américain. Honda frappera un grand coup avec une NSX s’attaquant frontalement à Porsche et à Ferrari. Nissan emboîte le pas avec une 300 ZX Z32 plus grand tourisme, tandis que Mitsubishi présente sa 3000 GT du même acabit. Reste Toyota qui s’est donnée le temps de lancer sa marque de luxe Lexus aux USA et qui fait durer sa Supra A70 au style vieillissant, très marquée années 80.

Le prototype de la Supra A80.

Un 2JZ-GTE dopé au biturbo

Or, en 1991, Lexus a développé un coupé plutôt bourgeois, la SC300/400 vendue aussi au Japon sous le nom de Toyota Soarer. Cette dernière va prêter sa plateforme à la future sportive japonaise, mais raccourcie de 34 centimètres pour lui enlever ce petit côté bourgeois. Sa sportivité, la Supra A80 va la trouver dans son moteur, du moins celui proposé en Europe : le fameux 6 cylindres en ligne 2JZ-GTE. Dérivé du 2JZ-GE atmosphérique de 3 litres (qui équipe aussi la Supra au Japon), il récupère deux turbos pour délivrer 280 chevaux au Japon (restreint encore par un Gentleman agreement) et 330 chevaux en Europe.

La Supra A80 au milieu des ses aïeules.

Rappelez-vous qu’à cette époque, plus de 300 chevaux vous classaient résolument dans un autre monde. Surtout, ce bloc (différent du 3 litres qui équipait jusqu’à présent l’A70, héritier du 6 en ligne de la 2000 GT des années 60) propose un couple de 440 Nm, une valeur tout à fait respectable. Mieux, ce bloc supporte tout à fait les éventuelles modifications pouvant le faire monter jusqu’à 1 000 chevaux : cette robustesse alliée à sa fiabilité fera la réputation de ce moteur, notamment auprès des amateurs de tuning japonais.

Bio design et aileron pelle à tarte

C’est un peu le problème avec cette Supra : elle fait rêver ceux qui s’imaginent déjà drifter en plein Tokyo, mais ce sont rarement ceux qui peuvent se la payer neuve. Or, sa ligne très “bio-design” séduit plus les amateurs de mangas que les grandes fortunes de ce monde d’autant que son immense aileron (du moins sur les modèles biturbos importés en Europe) n’aide vraiment pas à lui apporter la classe attendue sur une sportive qui, neuve, valait tout de même près de 450 000 francs.

Entre la version atmo (225 chevaux seulement, non importée en Europe) plutôt placide et la version biturbo, certes performantes, mais à laquelle il manque la grâce qu’une Toyota 2000 GT, son aïeule, avait su capter. Pourtant, lors de sa présentation au Chicago Motor Show en 1993, en présence de l’ingénieur en chef Isao Tsuzuki (impliqué dans les précédentes générations de Supra mais aussi des MR2), l’état-major japonais est persuadé de conquérir aisément le marché américain. Pourtant, c’est bien au Japon que la Supra A80 se vendra essentiellement (31 575 exemplaires entre 1993 et 2002). Avec 1 671 unités vendues en Europe, Toyota comprend vite son échec et interrompt l’importation en 1996, mais attendra 1998 aux USA après avoir écoulé 11 446 voitures. Au total, la Supra A80 aura trouvé 45 230 clients (ce qui pour beaucoup serait déjà un succès, mais pas pour Toyota dont les ambitions étaient grandes).

Au Japon et aux Etats-Unis, la Supra était aussi disponible en version atmosphérique sans aileron.

Entre une finition quelconque, une ligne manquant de finesse et un tarif élevé, il était difficile à la Supra de compenser par ses performances pourtant très correctes grâce à son moteur puissant (dont les turbos sont séquentiels, l’un poussant d’abord, puis l’autre, offrant du couple à tous les étages), son châssis efficace et son freinage puissant. Mais les défauts d’hier sont les qualités d’aujourd’hui : rare en Europe, puissante et amusante, au style typique des japonaises des 90’s (surtout dans sa version targa), elle se révèle encore très abordable. Sûrement totalement inutile, et donc totalement indispensable.

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