CLASSICS
ITALIENNE
LANCIA

Lancia Gamma: la gamme que nous aurions voulu avoir !

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 04/05/2015

La Gamma, nouvelle grande berline du constructeur italien Lancia est lancée en 1975. Dessinée par Pininfarina, et suivant la mode initiée par Renault avec sa R16, elle se trouve dotée d’un hayon étonnant pour un modèle haut de gamme d’un constructeur italien renommé comme Lancia. Mais sans doute soucieuse de se développer sur ce créneau en se démarquant des marques allemandes de plus en plus installées comme les références du marché, la marque joue alors la carte de l’originalité qui ne s’avérera pas payante : seules 15 197 exemplaires de cette étrange berline seront vendus entre 1975 et 1984 : avouez que cela fait peu. Il faut dire que la berline n’avait que des 4 cylindres à proposer.

La Lancia Gamma, avec son hayon, ne séduira jamais les foules !La Lancia Gamma, avec son hayon, ne séduira jamais les foules !

Heureusement, Pininfarina avait aussi réalisé une étude de style qui donna naissance en 1976 au fabuleux coupé Gamma (lire aussi : Lancia Gamma Coupé) et qui gonfla un peu les chiffres de vente, sans pour autant faire des miracles. Sentant tout de même Lancia réceptive à ses propositions (la mise sur le marché du coupé en était la preuve), Pininfarina va alors régulièrement « décliner » la Gamma en espérant séduire son commanditaire. Cela donnera une série de 3 prototypes séduisants qui, quand on les regarde à posteriori, laissent rêveurs (et donnent quelques regrets).

Le Spider utilise la recette de la Beta Spyder: un toit T-roof !Le Spider utilise la recette de la Beta Spyder: un toit T-roof !

Au salon de Genève 1978, et s’inspirant de la Lancia Beta Spyder (avec un Y), Pininfarina présenta sa variation sur le même thème de la Gamma, se dénommant tout bêtement Spider (mais avec un I). Le concept est exactement le même : sur la base du superbe coupé Gamma, le carrossier-designer italien propose un toit amovible en 2 parties façon Targa, très en vogue dans les années 70, permettant de compenser le manque de rigidité d’un cabriolet. Malheureusement, Lancia ne donnera pas suite à ce projet qui servira pourtant à transporter Jean Paul II au début des années 80 lors d’une de ses tournées dans le Nord de l’Italie.

Sedan 02La Scala aurait pu changer la carrière de la Gamma !

Malgré ce refus de la part de Lancia, l’ami Pinin ne désespère pas, et va sérieusement réfléchir à la Gamma, qu’il avait pourtant lui-même dessinée, en corrigeant son principal défaut : le hayon. Dans son étude Scala, c’est une berline 3 volumes directement inspirée du coupé qu’il présente au Salon de Paris 1980. Sans être un Lanciste forcené, je dois vous dire que cette Scala est sublime.

Sedan 01

Malheureusement, le projet Tipo 4 en collaboration avec Fiat et Saab (lire aussi : Lancia-Saab A112 et Saab 9000) était déjà initié. Ce projet n’est autre que celui de la remplaçante de la Gamma, la Thema. Elle aussi 3 volumes, mais dotée de V6 (et même d’un V8 Ferrari, lire : Lancia Thema 8.32), elle condamnait toute possibilité d’évolution de la Gamma malgré l’intérêt de la Scala.

La sublime OlgiataLa sublime Olgiata

Pourtant, en 1982, Pininfarina y croit encore, et présente là encore au Salon de Paris ce qui est un bijou de design sobre, chic et classe : l’Olgiata. Peut-être se disait-il que si la Gamma berline était condamnée, le coupé et des éventuels dérivés pouvaient survivre à l’arrivée de la Thema. Avec l’Olgiata, c’est un break de chasse sur la base du coupé Gamma que propose le designer italien, dans la tradition de la Beta HPE.

Olgiata 06

Ce chef d’oeuvre (mais ce n’est que mon avis) réussit là où beaucoup échoue : faire du beau avec du simple. En regardant ce break de chasse tiré à la règle (et à quatre épingles), cela semble facile de dessiner quelque chose d’aussi beau. Pourtant, c’est sans doute ce qu’il y a de plus dur à faire : la sobriété n’est pas à la portée de tout le monde. Malgré cela, Lancia ne retiendra pas le projet, préférant se concentrer sur sa Thema naissante, et sur la Delta qui redessine le profil de la marque vers plus de sport (lire aussi : Lancia Delta HF). A cette époque Alfa Romeo n’a pas encore intégré le groupe Fiat et le positionnement est disponible !

Olgiata 03

Avec le recul, il est facile de dire qu’il aurait fallu se lancer, et produire ces 3 dérivés du coupé Gamma. Mais avec des « si  on mettrait Paris en bouteille », et malgré ma passion pour l’uchronie, je ne me permettrai pas de juger les décisions prises par Fiat et Lancia à cette époque. Malgré tout, en revoyant les clichés de ces 3 prototypes, j’ai un pincement au cœur ! Quelles belles voitures !


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