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Lamborghini LM002 : le "Rambo Lambo"

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 05/08/2014

Si pour certains la présence du LM002 dans la gamme Lamborghini de cette fin des années 80 étonne, n’oublions pas que Ferrucio Lamborghini, avant de devenir constructeur automobile, fut constructeur de tracteurs (lire aussi : Lamborghini Trattori) ! Toujours est-il que lorsque le LM002 sort en 1986, il est un précurseur. Aujourd’hui, personne ne s’étonne de trouver un Cayenne dans la gamme Porsche. Et Lambo a présenté l’Urus, qui devrait enfin s’offrir aux yeux du grand public officiellement au Salon de Genève 2018 (à vous de juger : Lamborghini Urus).

Le Cheetah n’avait pas de V12, et se destinait pépouse à remplacer les Jeep de l’armée US, avant de se faire cramer par l’Hummer

A l’origine, le LM002 s’appelait Cheetah, et répondait à un appel d’offre de l’armée américaine pour remplacer ses Jeeps (les Willys hein). Soucieux de trouver de nouveaux marchés permettant de financer la production de ses véhicules « classiques », Lamborghini propose une auto 4×4 à la carrosserie en fibre de verre, et dotée d’un moteur V8 Chrysler à l’arrière de 5,9 litres et 170 chevaux. Cette implantation à l’arrière rendait l’engin très peu maniable, et sa puissance était un peu juste pour les 2,6 tonnes à propulser.

Le LM 001, version améliorée du Cheetah !

Les rêves d’équiper l’armée américaine s’effondrèrent alors, laissant le champs libre à AM General et son désormais célèbre Hummvee (que l’on connaît dans sa version civile sous le nom de Hummer, lire aussi : AM General Humvee). Le projet n’est cependant pas abandonné, et un LM001 est présenté en 1981, toujours doté du V8 Chrysler à l’arrière, mais orienté vers un marché civil, et donc recarrossé : son look se rapproche du LM002 que nous connaissons.

Evolution du LM001, le LM004, présenté en 1984, préfigure le LM002 de 1986 (facile à suivre non ?)

A cette époque, il faut rappeler un point important pour nous, français (et pour moi, un peu chauvin). Après Maserati qui avait appartenu à Citroën, Lamborghini était sous pavillon français, propriété des frères Mimran, milliardaires grâce au commerce africain et au surtout au sucre. Pour la petite histoire, si Jean-Claude Mimran est un vrai businessman, Patrick, son frère est aussi (et surtout) un artiste, peintre, photographe, sculpteur et compositeur de musique électronique (ce qui rappelle Gorgio Moroder, qui lança Cizeta quelques années plus tard : lire aussi Cizeta V16T).

Le LMA002, une des multiples versions d’avant le LM002

Finalement, le projet évoluera, sous la houlette des Mimran, vers le LM002, présenté en 1986, avec un moteur à l’avant, ce qui améliorera considérablement la tenue de route. Sous le capot, après des essais avec un diesel VM, on trouve le V12 de la Countach, de 5,2 litres et 450 ch, ce qui permet à la bête d’atteindre 210 km/h malgré son poids considérable.

Ca y est on y est, le LM002 est enfin présenté, comme l’Urus, mais en mieux !

Rapidement, malgré son prix très élevé, le LM002 devient la voiture des stars, Stallone, Van Halen, Mike Tyson, mais pas que. C’est aussi la voiture des « méchants » : Pablo Escobar, Khadafi, Mobutu, Amin Dada, ou bien Uday Hussein, le fils de Saddam. La voiture de ce dernier connaîtra une triste fin. Récupérée par l’armée américaine en Irak, elle servit de voiture test pour simuler des attaques à la voiture piégée et finit en mille morceaux. Les GI’s ne savaient pas à quel véhicule ils avaient à faire.

En 2007, on trouvait la LM002 de Tina Turner à la vente, au prix de 179 000 euros. Effrayée par sa consommation (jusqu’à 50 litres aux 100, la voiture disposant de deux réservoirs pour une contenance totale de 290 litres), Tina fit remplacer le V12 par un V8 Mercedes, et la dota d’une boîte automatique et d’une sono du diable.

La production totale s’élève officiellement à 300 exemplaires jusqu’en 1992. Mais courant 1993, un 301ème exemplaire fut produit à la demande d’un client britannique fortuné, en conduite à droite « of course ». Certaines sources citent 328 exemplaires. Et beaucoup de rumeurs circulent : l’armée saoudienne en aurait commandé 40 équipés militairement, et Khadafi aurait passé une grosse commande de 100 exemplaires pour son armée lui aussi. Mais officiellement, le LM002 n’équipa jamais aucune armée.

Les 60 derniers exemplaires fabriqués reçurent l’injection, et sont les plus prisés des collectionneurs. Une dernière série limitée de 60 exemplaires dénommée LMA (pour American) fut lancée en 1992, avec un intérieur plus luxueux encore, des jantes OZ, et de nouveaux pare-chocs arrière. En réalité, seuls 12 exemplaires de cette série furent réellement vendus. Le sultan de Brunei, qui ne fait rien comme tout le monde, en fit réaliser une version break !

Aujourd’hui, les prix des LM002 sont au plus haut, parfois au delà de 100 000 euros. Mais outre le prix d’achat, il faudra prévoir des frais importants : un seul de ses pneus spécialement faits pour le LM002 par Pirelli vaut 1600 $ ; une réfection complète se monte à 45 000 euros. La distribution doit être faite tous les 3 ans, que le véhicule roule ou non. Enfin, je vous rappelle que ce monstre consomme entre 30 et 50 litres aux 100. Mais si vous avez le compte en banque qui va avec, la LM002 a tout à fait sa place dans votre collection : totalement inutile, politiquement incorrecte, pas franchement belle, et en avance sur son temps, tout ces « arguments » plaident en sa faveur !!! Faites-vous plaisir.

Lire aussi: LM002 Diomante

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