Lamborghini Diablo : supercar à l'ancienne
Je fais partie d’une génération qui n’a pas connu et adoré Lamborghini pour sa Miura, mais pour sa Countach (lire aussi : Lamborghini Countach) ! Cette ligne était si étonnante par rapport au reste de la production, semblait tellement respirer la puissance et inspirer le respect qu’elle ne pouvait qu’impressionner le petit garçon que j’étais. Mais si la Countach a marqué mon enfance, c’est la Diablo qui a marqué mon adolescence, et presque aussi fortement. Tandis qu’en fin de vie, la Countach s’alourdissait d’appendices parfois malheureux et à la limite du tuning, la Diablo, elle, lorsqu’elle fut présentée en 1990, présentait une ligne d’une pureté à couper le souffle.
Véritable supercar, la Diablo est une voiture étonnante. Totalement inutile car quasiment inconduisible, elle est aussi l’une des dernières voitures de cet acabit à conserver un côté artisanal, loin des aides électroniques et des innovations technologiques que ses concurrentes aimaient à mettre en avant. Jouet pour amateur fortuné, elle a un côté bad boy qu’on retrouvera peu de temps après sur la Dodge Viper ! Moins spectaculaire que sa devancière Countach, moins performantes que les McLaren F1 (lire aussi : McLaren F1), Bugatti EB110 (lire aussi :Bugatti EB110) par exemple, elle perpétuait pourtant la tradition d’un V12 à l’ancienne, et d’une conduite virile et éprouvante !
Vous allez me dire que cette voiture n’a rien pour elle ? Au contraire, et c’est tout le paradoxe. Voulue comme une voiture accessible (tout est relatif), prévue pour une production annuelle de 300 exemplaires (objectif presque atteint), conçue à l’ancienne, elle véhicule une image particulière et un parfum d’antan sous une ligne extraordinaire et intemporelle, et distille un plaisir sensoriel non filtré (tous les sens en profitent!). Voilà comment cette voiture réussira à durer plus de dix ans, produite à 2884 exemplaires tous modèles confondus, enterrant celles qui devaient lui faire mordre la poussière, pour ne tirer sa révérence qu’en 2001 ! Pas mal non ?
Le programme de remplacement de la Countach débute en 1985. Celle qui deviendra la Diablo n’est en fait qu’une grosse évolution de la Countach dont elle utilise le châssis tubulaire et le fameux moteur V12 (qui date déjà un peu). Le design est confié à Marcelo Gandini qui propose une ligne tendue superbe. Mais entre temps, Chrysler a pris le contrôle de la marque (1987), et retoque le dessin jugé trop agressif et le fait corriger par le centre de style de la marque à Détroit. Crime de lèse-majesté selon Gandini, qui quitte l’aventure et propose son projet à Cizeta (lire aussi : Cizeta V16T). Chrysler tient bon, et propose des lignes plus apurées, plus lisses et finalement bien plus belles. Comme quoi ! Mais la présentation de la Cizeta en 1988 obligent les dirigeants de Lamborghini à accéler le programme pour lancer la Diablo en 1990, avec un an d’avance sur la Cizeta qui ne rentrera en production qu’en 1991.
La bataille est donc gagnée de ce côté-là, mais les premiers modèles souffriront de ce lancement accéléré ! Et puis rappelez-vous, la conduite d’une Diablo s’avérait être parfois difficile. Avec son V12 5,7 litres de 492 chevaux, son poids de 1575 kg, sa direction non assistée, il fallait en avoir dans les bras. C’est pourquoi en 1993 Lamborghini présenta une version dite VT, dotée d’une transmission intégrale issue du LM002, alourdissant la voiture certes, mais la rendant plus conduisible ! A partir de là, la Diablo va tracer son petit bonhomme de chemin, proposant au gré des années des évolutions (SV, Roadster et j’en passe), des reliftings (abandon des phares escamotables) et survivant au rachat par Audi en 1998, pour ne finir sa carrière qu’en 2001. Elle sera remplacée par la Murciélago !
On notera qu’elle eut une « soeur » au Mexique, la Coatl (lire aussi : Lamborghini Coatl) produite dans des conditions rocambolesques sous le nom « officiel » de Lamborghini Latino America. Bref, si vous voulez vous offrir un retour en adolescence, une salle de sport sur roues, une gueule d’enfer, un pan d’Italie, des vocalises d’Opéra et effrayer tout ce qui roule, et si vous avez un solide compte en banque, n’hésitez pas à sauter le pas !