La Peugeot 405 SR de mon père !
Les vacances dans une maison familiale au bord de la mer sont toujours propices à la nostalgie. Aussi mercredi dernier, lorsque j’ai vu devant la maison une Peugeot 405 Bordeaux, j’ai cru un instant être revenu en cet été 88, premier été passé à La Baule avec notre nouvelle 405 SR dotée de la même couleur bordeaux, des même enjoliveurs «turbines », à la seule différence que la nôtre était dotée du 1,9 litres à carburateur de 110 ch, et non d’un diesel comme sur cette SRDT présente sur ces photos.
Mon père « était Peugeot à mort », où du moins l’était devenu puisque son père à lui, mon grand-père, ne jurait que par des américaines (des Ford en particulier, Vedette, puis Taunus). Jeune professionnel, mon père roulait en VW Cox, mais le mariage l’avait fait rejoindre le clan Peugeot ! 304 SL d’abord (acheté neuve à la concession Peugeot d’Alésia à Paris), puis 305 achetée d’occasion je ne sais où (à l’époque, pas de Bon Coin, mais des parkings de supermarchés le dimanche) et pendant quelques temps, une 104 ZS rachetée à mon grand oncle comme « voiture de campagne ». Fin 87, la 305 commençait à être rincée, et il s’était résolu à changer de véhicule. J’étais tout excité surtout que désormais, du haut de mes 12 ans, je me sentais déjà fin connaisseur du monde automobile.
La sortie de la Peugeot 405 en juin 1987 avait été pour moi une révélation : enfin une jolie berline dans ce segment de la familiale. La BX était trop excentrique pour moi, tandis que la récente Renault 21 semblait trop carrée à mes yeux. En outre, j’avais été subjugué par le lancement de la 205, ses versions performantes (Gti) et ses victoires en rallye. Pour moi, la 405 était tout à fait dans le prolongement du renouveau de Peugeot, inaugurant un style altier (merci Pininfarina), aérodynamique et pour tout dire très séduisant. Adieu donc les très carrées 305, 505 ou 604, place au nouveau dynamisme d’une gamme moderne, 205, 405 puis 605 en 1989 (le summum du « design » Peugeot des années 80).
Lorsque nous achetions la 305 SR en 1982, j’étais loin de me douter que chez Peugeot, on travaillait déjà au projet D60, la future voiture de mon père. Il faudra 5 ans pour lancer la nouvelle voiture venant concrétiser le succès de la 205 sur un marché encore stratégique à l’époque : celui des berlines familiales. Car c’est bien le duo 205/405 qui fit le succès de Peugeot dans cette deuxième moitié des années 80 ! Cette fois-ci, mon père acheta une « voiture de direction », en gros un véhicule de collaborateur. Soucieux de sa vignette, c’est une « boîte longue » qu’il choisit, mais en conséquence n’eut pas le choix de la couleur : un bordeaux courant sur ce modèle, mais tout de même assez curieux. Aucun constructeur ne s’y risquerait plus je pense ! On parlait toujours en chevaux fiscaux, et mon père achetait une 7 CV, point ! Pas la peine de lui parler du nombres de bourrins réellement sous le capot. Le 1,9 à carbu de 110 ch était en effet proposé en deux versions de boîte : courte (plus sportive, mais chiffrant 9 CV fiscaux) et longue (7 CV, plus économique en consommation, mais moins « nerveuse »).
A l’époque, je n’avais pas vraiment conscience des ces subtilités. Je ne savais pas qu’on faisait un bond de 36 chevaux entre la 305 et la 405 mais j’en ressentais les effets, même si la 405 était un peu plus lourde (oh pas de beaucoup hein!). Et puis quel luxe sur cette finition haut de gamme (avant que n’apparaisse la ST, et hormis la sportive Mi16 dont je reparlerai plus en détail dans un autre post) : sièges velours gris, vitres électriques à l’avant, ouverture centralisée des portes, appuies-têtes, et surtout, ce vide poche remplissant l’espace entre les sièges avant, signe extérieur de richesse par rapport aux modèles inférieurs GL et GR ! Pour le reste : rien, nada, même pas la direction assistée. Y’avait bien la « préinstallation audio », mais allez savoir pourquoi, mon père ne mit jamais d’autoradio dans sa 405 !
La voiture ayant été livrée en juillet 1988, j’allais pouvoir jouer les kékés des bacs à sable, du haut de mes 12 ans, installé confortablement sur l’accoudoir de la place du milieu (côté sécurité, c’était pas vraiment ça) à La Baule, pays des belles voitures. Mon père s’étant cassé la jambe, c’est donc ma mère qui l’étrenna ! Mon bonheur fut de courte durée, car à Saint Nazaire, tranquillement arrêtés à un feu, nous avons été percutés par une dame conduisant en chaussette ! Pendant tout l’été, j’ai marmonné : moi qui rêvais de flamber, nous avons circulé avec une 405 SR neuve ou presque, mais défoncée à l’arrière ! Croyez-bien que j’ai été frustré cet été là !
Aujourd’hui, ni notre 405 SR bordeaux, ni mon père ne sont encore là. Mais je me souvient encore de l’immatriculation : 163 GVP 75 ! Et je vous garantie qu’en voyant la même garée devant la maison, j’ai eu douze ans l’espace d’un instant. Voilà pourquoi j’aime l’automobile !
En savoir plus sur la Peugeot 405: https://peugeot405.e-monsite.com/
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