Jaguar XJR-S : l'anglaise en survêtement
À la fin des années 80, Jaguar n’était pas identifiée comme une marque sportive par une clientèle attirée essentiellement par le luxe et l’ambiance feutrée et toute britannique de ses berlines et grands coupés. Étrangement, dès le milieu de la décennie, la marque s’engageait avec les équipes de Tom Walkinshaw dans une aventure sportive sans précédent, notamment en endurance, pour finir par remporter en 1988 le championnat du monde « Sport Proto » sous le nom de Silk Cut Jaguar et avec la XJR-9. Dans la foulée de cette présence sportive, une société commune entre Jaguar et TWR, appelée JaguarSport, est créée pour profiter de l’engouement et des retombées de ces victoires en produisant des dérivés sportifs, et notamment l’XJR-S.
La XJ-S « by TWR » dans sa livrée exclusive
La première Jaguar « de série » à bénéficier de l’expertise de Walkinshaw et de ses équipes sera la XJ40, étrennant pour l’occasion l’appellation XJR, mais très rapidement, on allait s’attaquer, dans l’usine de Bloxham dédiée à la jeune filiale et aux équipes sportives, au coupé XJ-S V12. Dans un premier temps de façon très light.
La Jaguar XJR-S 5.3 voyait ses suspensions et sa direction optimisées, sans modifications moteur.
En effet, TWR produisait déjà un kit « sport » pour la XJ-S depuis 1985, mettant l’accent sur l’aérodynamisme et une peinture bi-ton pas forcément de très bon goût. Ainsi parée, la XJ-S n’avait que l’apparence de la sportivité sans réellement changer de nature, et restait donc un coupé relativement plaisant mais aussi placide malgré ses 12 cylindres et ses 5.3 de cylindrées. A partir de 1988, la formule sera dans un premier temps réutilisée, avec la JaguarSport XJR-S 5.3 ! Son V12 restait inchangé (comme la XJ-S by TWR précédente, avec 285 ch), mais son kit carrosserie se faisait plus discret et moderne, abandonnant la peinture bi-ton. En outre, la voiture bénéficiait de quelques améliorations, avec notamment une suspension et une direction plus sportives.
Cette première mouture n’était qu’une mise en bouche. Elle sera produite entre 1988 et 1989 à 326 exemplaires, dont 100 réservés à l’Angleterre et appelés Le Mans, pour célébrer la victoire de Jaguar aux 24 heures en 1988. Mais TWR et son associé britannique ne comptaient pas en rester là. Sans imaginer faire de la XJ-S une pure sportive (la base ne s’y prêtait pas), il semblait important de préserver une image sportive dans la gamme en attendant la supercar XJ220 déjà dans les starting-blocks.
La Jaguar XJR-S dans sa version 6 litres poussée à 318 ch
Car c’était bien là l’enjeu : présentée en 1988 à Birmingham, la super sportive de Jaguar prenait son temps (elle n’entrera en production qu’en 1992). Il y avait bien la XJR-15 en préparation, mais il ne s’agissait que d’une série limitée à 50 exemplaires, un projet de moindre ampleur que celui de la XJ220. Voilà pourquoi la XJR-S allait devenir le porte-étendard du sport « by Jaguar », faute de mieux.
Cette fois-ci, on décida de faire un peu plus que des améliorations esthétiques et quelques aménagements mineurs : la XJR-S « deuxième série » entrait en production en septembre 1989 avec un V12 porté à 6 litres grâce à l’allongement de la course (et autres modifications issues de la compétition) et 318 chevaux (une puissance qui atteindra même 338 chevaux sur certains modèles). A cette occasion, la XJR-S recevait enfin la boîte automatique 4 vitesses qui équipait déjà les XJ-S 6 cylindres. Elle récupérait des amortisseurs Bilstein, des pneus Dunlop spécifiques (16 pouces), un freinage plus endurant et une direction adaptée aux exigences difficilement compatibles de confort et de sportivité. Ces différentes améliorations permettaient à ces gros chats a priori patauds des performances tout à fait remarquables, avec une vitesse de pointe frôlant les 280 km/h et le 0 à 100 en 6,9 secondes.
Cette version haute performante de la XJ-S restera au programme jusqu’en mai 1993, trouvant 390 clients. Ce chiffre comprend 50 exemplaires d’une version cabriolet exclusivement destinée aux USA et pourvue des mêmes modifications. Autant dire qu’il s’agit d’une vraie rareté, dernière des JaguarSport puisque la co-entreprise ne survivra pas à la XJ220 (un gouffre financier). Ford, devenu propriétaire de Jaguar en 1989, récupérera l’usine de Bloxham pour y produire l’Aston Martin DB7, l’usine de Newport Pagnell s’avérant inadaptée.
La Jaguar XJR-S, de par sa faible production, n’est pas forcément facile à trouver, et certains préféreront sans doute le charme d’une XJ-S/XJS classique, la base n’étant pas réellement sportive. Mais ceux qui aiment les voitures pas banales pourraient se laisser tenter si l’occasion se présentait. Difficile d’établir une cote quand les transactions sont rares. Selon LVA, une telle voiture reste pourtant abordable, avec une cote tournant autour de 16 000 euros (2018).
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES JAGUAR XJR-S 6.0 | |
Motorisation | |
Moteur | V12 à 60 degrés, 24 soupapes |
Cylindrée | 5993 cc |
Alimentation | Injection Zytek |
Puissance | 318 chevaux |
Couple | 491 Nm à 3750 trs/min |
Transmission | |
Roues motrices | arrière |
Boîte de vitesses | BVA 4 vitesses |
Dimensions | |
Longueur | 4765 mm |
Largeur | 1882 mm |
Hauteur | 1262 mm |
Poids à vide | 1800 kg |
Performances | |
Vitesse maxi | 278 km/h |
Production | 390 exemplaires (1989-1993) |
Tarif | |
Cote moyenne 2018 | 16 000 euros (LVA) |