Jaguar XJ41/42 : celle qui devait s'appeler F-Type !
En 1980, la carrière de la Jaguar XJS est au point mort, et les dirigeants de Jaguar se demandent s’ils n’ont pas fait une bêtise en proposant une voiture aussi différente de la Type E dans sa philosophie comme dans son design. Lors de son lancement en 1975, Jaguar pensait le marché des GT plus prometteur que celui des sportives, et avait pris sciemment une autre direction. 5 ans plus tard, le félin s’en mord les doigts, et réfléchit sérieusement à offrir une vraie remplaçante à la Type E. C’est ainsi qu’est lancé au printemps 1980 le programme XJ41/42.
Les XJ41 (coupé) et XJ42 (cabriolet) devaient accompagner la XJ40 dans le renouveau de Jaguar. La XJ40 est prévue à l’origine pour 1984, et les XJ41/42 sont donc programmées pour 1986. Mais le programme de la berline prend du retard, et la sortie des XJ41/42, que l’on songe très fortement appeler F-Type, est donc décalée à 1988 : cela lui sera fatal.
Ce coupé et ce cabriolet, aux lignes très fluides et assez modernes, équipés d’un 6 en ligne AJ6 (dont une version biturbo de 330 ch), trouveront aussi un nouvel adversaire lors de sa genèse : l’XJ-S qui contre toute attente commence à conquérir le marché à force de patience, de persévérance et de subtiles améliorations. Karmann réalise des prototypes pour Jaguar (totalement opérationnels, en trois versions : coupé, targa et cabriolet), et le projet avance bien, mais outre le renouveau de l’XJS, l’XJ41 et sa sœur 42 vont trouver un nouvel adversaire en la personne de Ford.
En 1988, le projet est très avancé, même s’il a bien évolué depuis le cahier des charges de 1980. La version biturbo reçoit même une transmission intégrale. Les deux voitures ont pris du poids, et s’éloignent de plus en plus de l’idée d’une Type E moderne, pour s’orienter elles aussi vers le grand tourisme. Elles se préparent non pas à seconder l’XJS, mais bel et bien à la remplacer, dans l’optique de conquérir le marché américain.
Mais en 1989, Ford rachète Jaguar et cela sera fatal au projet XJ41/42. Pour remettre la marque britannique sur les rails, la priorité de Jaguar sera la qualité : tous les investissements iront dans ce sens. La priorité ira aussi vers le développement de la XJ90 (connue sous le nom de X300/X308). Finalement, Ford lancera le développement d’un autre coupé et cabriolet, la XK qui sortira en 1996, partageant beaucoup d’élément avec l’Aston Martin DB7.
L’XJ41/42 ne donnera donc pas naissance à une nouvelle F-Type. La faute à Ford certes, mais pas seulement : d’une sportive remplaçant la Type E, on était petit à petit arrivé à un lourd coupé de plus de 1800 kg, se rapprochant finalement d’une XJS redorée par un succès tardif. L’urgence de son remplacement n’était plus là, et Ford préféra, sans doute à raison, développer un nouveau modèle pour deux marques : l’Aston Martin DB7 et la Jaguar XK100, avec l’aide de Tom Walkinshaw.
Un des exemplaires produits par Karman et qui illustre cet article fut mis en vente récemment. Il est donc possible d’en trouver un sur le marché, et de rouler quand même en XJ41, mais sûrement pas en France où il vous sera quasiment impossible de l’immatriculer.