Jaguar XJ X300/X308 : "une berline nommée désir" !
Tu aimes le X ? Alors je t’en file 5 pour le prix d’un : X300, X305, X306, X308 ! Oui mon bon monsieur ! Car si entre amateurs de Jaguar, on parle des X300 (pour les premiers modèles à 6 cylindres, de 1994 à 1997) et X308 (pour les modèles à moteur V8 introduits produits de 1997 à 2003), en revanche entre amateurs « éclairés » de la chose féline, on est plus précis : X300 (comme cité précédemment), X305 (moteur V12), X306 (XJR à 6 cylindres), X308 (moteurs V8, y compris XJR). Pire, si l’on veut vraiment paraître snob (et se la péter dans les dîners en ville), on peut évoquer la X330 «Majestic » (faisant référence à la XJ40 Majestic, éphémère version limousine produite à 121 exemplaires en 1993 et 1994) regroupant en interne les versions LWB (Long Wheel Base, version rallongée) qu’elles soient X300 ou X308 (pas de XJR rallongée, rassurez-vous!). Voilà pour les bases, afin de bien comprendre de quoi l’on parle (et pour ne pas être perdu) !
Au commencement était la XJ40 ! Lancée en 1986, elle renouvelait le genre XJ6/XJ12 avec un style en rupture avec sa devancière, tout en préservant l’identité Jaguar (lire aussi : Jaguar XJ40). Ford devenu propriétaire en 1990 du félin britannique, décide de conjuguer tradition (notamment les phares ronds façon XJ6) et modernité en lançant une nouvelle grande berline, cœur de la gamme Jaguar. N’ayant jamais eu l’intention d’utiliser la proposition Kensington de Giugiaro (lire aussi : Jaguar Kensington), Ford confie le design à Geoff Lawson qui fige les grandes lignes dès 1991 ! Avec la future XJ, l’enjeu est important : c’est l’essentiel des ventes de Jaguar (qui ne propose que deux modèles de grande série l’XJ et l’XJS) qui se joue sur ce modèle. C’est ensuite le premier modèle entièrement réalisé sous l’égide du constructeur américain. Force est de constater en tout cas que le style est une réussite, qui séduira immédiatement.
La Jaguar XJR à moteur L6 (X306)C’est en 1994 qu’est lancée la nouvelle XJ, en trois versions donc : X300 sous les noms de XJ6 ou de Daimler Six (dotée du 6 en ligne AJ16 – dérivé de l’AJ6 de l’XJ40 – de 3.2 litres et 219 ch ou 4 litres et 249 ch), X305 sous les noms de XJ12 ou Daimler Double Six (dotée du V12 de 6 litres et 318 ch), et X306, sous le nom de XJR 4.0 Supercharged (dotée du 6 en ligne AJ16 porté à 326 ch), la sportive de la bande. Les versions X330 n’arriveront qu’à partir de 1995, construites sur les mêmes lignes de production (réduisant le coût par rapport aux XJ40 LWB). Vous suivez toujours ?
Une Jaguar XJ12 (X305)Bien entendu, la tradition Jaguar est perpétuée à l’intérieur. Que ce soit en version de base, Sport, Sovereign, XJR, XJ12, Daimler Six, Daimler Double Six ou Vanden Plas (les Daimler vendues aux States!), on reste, avec plus ou moins de détails, options ou profusion, dans un salon anglais ! Et c’est bien ça qui compte. De toute façon (sauf avec la XJR), on est en présence d’un tapis volant, fait pour cruiser (parfois à haute vitesse) plutôt que pour attaquer dans les virages. D’ailleurs, l’essentiel des ventes se fera avec la boîte automatique ZF à 4 rapports (bien qu’une Getrag manuelle à 5 vitesses soit aussi disponible).
Une Daimler Double Six à moteur V12 (X305)Voilà pour la première salve de la nouvelle XJ « made by Ford ». Le pognon a été mis (200 millions de £), la tradition est respectée, le progrès est de mise, et cela ne sent pas encore trop la banque d’organe américaine (contrairement à la X-Type quelques années plus tard qui souffrira de son origine un peu trop « Mondeo, lire aussi : Jaguar X-Type). Cette première génération « X300/X305/X306 » sera produite jusqu’en 1997 à 92 038 exemplaires (dont 4165 X305 et 6547 X306). Tous moteurs confondus (donc parfois avec V12), les X330 représentent 17 368 exemplaires. Un unique modèle Daimler cabriolet, appelé Corsica, sera présenté en 1996 pour le centenaire de la marque (lire aussi : Daimler Corsica).
La nouvelle Jaguar XJ8 (X308)Vous pensiez être sortis de l’auberge ? Que Nenni ! En 1997, Ford décide de renouveler la gamme, avec une modification majeure : l’abandon des moteurs AJ16 et V12 pour un V8 plus moderne ! Adieu X300/X305/X306, welcome X308, ou plutôt XJ8 pour le grand public ! Cette fois-ci, la XJR n’aura pas droit à un code interne spécifique, tandis que la X330 continue d’exister elle aussi (en moteur V8 donc) : pourquoi se priver d’une version qui se vend bien, et plus cher ! Alors quoi de neuf avec le V8 ? Outre sa modernité, il offre onctuosité et puissance supérieure tout en gardant les mêmes cylindrées que les 6 cylindres : 3.2 litres (243 ch) et 4 litres (294 ch). Pour la XJR, la cylindrée reste à 4 litres, mais la puissance passe à 376 ch permettant un 0 à 100 en 5,6 secondes : ça déménage (surtout pour une caisse de 1800 kg) !
La Jaguar XJR X308 (haut et bas)Côté finition, on retrouve les versions « de base » et Sovereign, auxquelles s’ajoutes les Executive et SE (uniquement en 2002), tandis que les Daimler se renomme Eight (Vanden Plas aux Etats-Unis) et Super V8 (une XJR qui désormais se déclinent en LWB, et s’appelle toujours Vanden Plas outre-Atlantique) ! Enfin, la XJR reste une finition à part, qui peut désormais aussi s’appeller Vanden Plas aux USA ! J’ai peur de vous avoir perdu là non ? Alors j’en rajoute une couche : en 2001, une XJR 100 limitée à 500 exemplaires sera lancée à l’occasion du centième anniversaire de Sir William Lyons.
Une XJR 100 célébrant les 100 ans de Sir William Lyons (500 exemplaires) !Bon désormais, à quelques détails de finition près, vous devriez être incollable sur les X300/X308 (ce raccourci de plébeïen !) ! La production s’arrêtera en 2003 à une nouvelle XJ, la X350… Mais ça c’est une autre histoire. Côté production, la X308 aura été produite au total à 126 260 exemplaires, confirmant le succès des X300 et consorts. Dans le détail, on trouve dans ce chiffre 15 703 XJR (dont 500 XJR 100), 788 Vanden Plas Supercharged et 2463 Super V8 (dont 2387 en version LWB), soit 18 954 exemplaires « vitaminés ». Les versions longues (Supercharged comprises) représentent 38 456 exemplaires.
Vous l’aurez compris, avec les X300/X308, il y en a pour tous les goûts. Mon affection pour les choses rares me fera préférer des versions exclusives (comme une version X308 Super V8 en version courte, produite à seulement 76 exemplaires, ou une XJR 100), mais question budget, les premières versions X300/X305/X306 seront plus abordables. La X306 sera bien entendu la plus intéressante pour sa sportivité, mais il ne faut pas bouder son plaisir : toutes sont intéressantes, et on peut faire des affaires notamment avec la X305 dont le V12 rebute en deuxième main. Problème des voitures entre deux eaux, à mi-chemin entre occasion et collection, et subissant une forte décote : bien des exemplaires n’auront pas été entretenus comme il se doit, faute d’un budget suffisant. Mais vus le nombre d’exemplaires disponible sur le marché, nul doute que vous trouverez votre bonheur ! Allez, je vous laisse souffler un peu après cette débauche d’infos. On fera le point modèle par modèle au fil des jours, promis !