Isuzu MU : le 4x4 au coefficient MUltiplicateur
Si la marque japonaise Isuzu n’a jamais été une filiale de General Motors, elle a tissé des liens étroits avec le géant américain (qui jusqu’en 2009 en était le plus puissant de ses actionnaires minoritaire) depuis 1971. Spécialisée dans les poids lourds et les véhicules utilitaires, elle a très tôt développé des Utility Vehicles 4 roues motrices déclinés ensuite en versions civiles (notamment le Trooper au début des années 80).
Mais c’est avec un 4×4 de taille moyenne (on ne parlait pas encore de SUV) qu’Isuzu va vraiment devenir un constructeur mondial, sans que personne ne s’en aperçoive vraiment : l’Isuzu MU (pour « Mysterious Utility »). Moi lorsqu’est apparu l’Opel Frontera en France fin 1990, j’ai cru qu’il s’agissait d’une voiture allemande. Il m’a fallu quelques mois avant de m’apercevoir qu’en fait d’allemande, il s’agissait d’une japonaise.
Un Mu dans sa version restylée post 1998 (en haut) et un Opel Frontera (en bas)Si je vous parle de cette Isuzu MU, cet honnête 4×4 assez passe-partout, c’est parce qu’il représente particulièrement bien la voiture mondiale telle qu’on l’imaginait dans les années 90. Son physique agréable mais lisse permettait de séduire partout dans le monde, et sous toutes les marques ou logos sans demander beaucoup de modifications. Un voiture amortissable facilement, vendable partout, et multipliable à l’infini !
Honda Jazz (en haut) et Passport (en bas)Née en 1989 et fabriquée pour la première fois au Japon sous la marque Isuzu, le MU (3 portes) et Wizard (5 portes) sera décliné à toutes les sauces, et sous de nombreuses marques, et surtout fabriqué un peu partout dans le monde. Aux Etat-Unis, c’est une co-entreprise entre Isuzu et Subaru, Subaru-Isuzu Automotive, située à Lafayette, dans l’Indiana, qui va fabriquer des Isuzu Amigo/Rodéo, des Chevrolet Rodeo et Frontier (pour l’Amérique latine), et enfin Honda Jazz et Passport !
Isuzu RodeoVous êtes perdus ? Attendez, ce n’est pas fini. En 1990, GM décide d’introduire le MU dans sa gamme européenne. C’est donc l’usine Bedford de Luton (dont GM est l’un des actionnaires) qui va produire les Opel Frontera Sport (3 portes) et Frontera (5 portes), mais aussi ses versions RHD (Right Hand Drive) siglées Vauxhall ! L’usine de Luton fabriquera dans la foulée des versions destinées au marché australien et néo-zélandais, la Holden Frontera.
Pour l’Asie du Sud Est, c’est l’usine thailandaise de Rayong qui produira des versions badgées Cameo (pour la première génération post 98) puis Vega pour sa version restylée ! Le best-seller d’Isuzu sera aussi assemblé en CKD en Egypte et en Tunisie. Voilà ce que j’appelle rentabiliser une plate-forme, surtout que les différentes versions ne se distingues souvent que par leurs différents logos !
Au delà de son histoire mondiale, l’Opel Frontera (la version que nous connaissons) est un 4×4 intéressant pour qui voudrait se faire plaisir à petit prix : on en trouve dès 3000 euros, en essence ou turbo diesel. La version Frontera Sport est en partie découvrable et peut devenir une originale voiture de plage, prête à embarquer vos planches de surf ! Bref, il y a des affaires à faire !