Honda S-Series: des débuts prometteurs
On l’oublie souvent, mais Honda est un jeune constructeur automobile. Ce n’est qu’à partir de 1963 que la marque japonaise s’est mise à vendre des voitures. Mais là où d’autres auraient lancé une berline, Honda s’est mis en tête d’aborder le marché avec une sorte de mini pick-up dénommé T360 et un adorable petit roadster aux accents britanniques, le S500. Ce dernier devenant le premier d’une lignée appelée S-Series, comprenant aussi la S600, la S800, puis bien plus tard la S2000 (lire aussi : Honda S2000).
C’est à partir des années 50 que Honda, jusqu’alors constructeur de motos, s’intéresse à l’automobile. Depuis mai 1955, le gouvernement japonais par l’intermédiaire du MITI (le ministère du commerce et de l’industrie) a lancé un ambitieux programme de promotion de l’industrie automobile. Mais Honda va mettre du temps à se lancer : Soichiro Honda est un homme prudent, et veut offrir un produit de qualité, sans défaut. A partir de 1957, une cinquantaine d’ingénieurs vont être embauché pour étudier l’entrée de Honda dans l’automobile.
Au salon de Tokyo 1962, les S360 et S500 sont présentées au public. Seule cette dernière rentrera en productionIl faudra attendre juin 1962 pour que le petit roadster S360 soit présenté à l’Assemblée Générale de Honda sur le circuit de Suzuka. Compact, craquant, il partage sa base avec le futur mini-utilitaire T360 : son châssis, of course, mais aussi son moteur, un petit 4 cylindres de 356 cm3 à double arbre à cames en tête développant 30 petits chevaux. L’accueil est plutôt bon pour ce qui concerne la ligne, mais les distributeurs Honda s’inquiètent d’une trop faible puissance. Honda va rectifier le tir, et, en octobre 1962 au salon de Tokyo, présenter une version plus grande et plus puissante, la S500.
Le 4 cylindres en ligne est porté à 531 cm3, développe 44 ch, et propose une zone rouge à 9500 tours/minutes : une caractéristique issue de la moto et qui restera l’apanage de Honda (et particulièrement sur la moderne S2000). La S500 malgré sa petite taille n’est pas une kei-car, et voit notamment sa partie arrière rallongée par rapport au S360 au popotin tronqué. Dès lors, on dirait vraiment un roadster anglais en miniature. La S500 peut se transformer en coupé avec un hard top fourni en option.
Finalement, Honda ne lancera pas la production de la S360 jugée trop petite et trop peu puissante pour conquérir le marché. Seule la S500 sera produite à partir d’octobre 1963. Assez rapidement cependant, les ingénieurs de chez Honda vont réfléchir à une version encore plus performante, et une gamme plus large. En mars 1964, ils lancent la S600, disponible en version cabriolet ou coupé. Comme son nom l’indique, le moteur passe à 606 cm3 et 57 ch. Dès lors, les jours de la S500 étaient comptés. Elle ne sera même pas produite pendant un an, le dernier modèle sortant des chaînes en septembre 1964, après 1363 exemplaires produits.
La S600 porte les ambitions de Honda sur cet étroit marché des roadsters. Après avoir acquis de l’expérience avec la S500, le constructeur japonais, plus sûr de lui, offre donc deux carrosseries différentes, mais aussi deux niveaux de finition (Standard et M). Commençant à flairer le potentiel à l’export d’une telle voiture, Honda va aussi produire la S600 en conduite à gauche. Quelques exemplaires seulement seront exportés , notamment en France comme le démontrent les documents publicitaires d’époque, mais l’idée est là. Et cette idée donnera naissance à la S800 encore plus puissante et particulièrement étudiée pour conquérir les marchés occidentaux.
Mais revenons à la S600. Rapidement, les ventes décollent par rapport à la S500 : 3912 exemplaires en 1964, puis 8780 en 1965 (dont 1519 coupés). Mais dès 1966, les ventes s’écroulent à 392 unités (dont 281 coupé). Normal car fin 1965, la S800 était lancée, condamnant sa petite sœur après 13 084 voitures écoulées.
Avec la S800, on passe dans un autre monde. Avec le 4 cylindres porté à 791 cm3, et ses 70 chevaux, le petit roadster se permet d’atteindre les 160 km/h tout en conservant une consommation relativement faible. Il faudra attendre 1967 pour voir apparaître le petit bolide, lui aussi disponible en roadster ou coupé, sur les marchés occidentaux, notamment français et anglais. Etrangement, la France lui réservera un excellent accueil. Il faut dire que Honda va se montrer agressif avec un prix d’attaque défiant toute concurrence, pour des performances de premier ordre ! Cette voiture va séduire nombre de français malgré la nécessité d’un entretien moteur rigoureux. Spirou lui-même se laissera tenter par un roadster blanc, popularisant un peu plus la voiture.
La S800 sera produite jusqu’en 1970. Malgré un temps de production plus long (1966-1970), et l’ouverture des marchés à l’export, elle se vendra cependant moins que sa devancière S600, avec « seulement » 11 406 exemplaires produits. Elle sera pourtant la plus facile à trouver pour nous, français, car notre marché national en sera friand, absorbant près d’1/4 de la production. Cela dit, ne vous attendez pas à des voitures bon marché, les connaisseurs ayant déjà compris l’intérêt de cette petite bête à moteur de moto, et capable de monter dans les tours. Et puis l’entretien de cette mécanique pointu peut vite coûter un bras, mais avouez qu’elle a de la gueule cette petite japonaise.