Honda City : une Twingo avant l'heure
Je m’aperçois que je parle peu de Honda, aussi lorsqu’un lecteur me suggère de parler de la petite Honda City (première du nom, dite AA), je saute sur l’occasion de combler les manques de Boîtier Rouge. D’autant que cette petite automobile est bien rigolote, tant dans son design que dans ses différentes versions.
Mais commençons tout d’abord par une série de sketch, qui préfigure la voiture. Il suffit de regarder les dessins pour se rendre compte que le concept de la Renault Twingo était déjà dans l’esprit des designers à la fin des années 70.
La City Turbo (en haut comme en bas)Cette petite citadine (qui n’est pas une kei car) est sortie sur le marché japonais en novembre 1981, soit 12 années avant une certaine Renault Twingo (lire aussi : Renault Twingo) au concept et au style assez similaires. Comme la petite française, cette japonaise offre un sacré espace dans une si petite carrosserie, un style proche du « monospace » avec un capot avant plongeant, et un look amusant tendant légèrement sur le batracien avec ces phares ronds. Tout comme la française le fera plus tard sur son marché, la City révolutionne la citadine, et loupera de peu le titre de voiture de l’année au Japon.
L’intérieur d’une Turbo II (en haut) et une City E (Economy) en basMais outre ces ressemblances amusantes (y compris dans le design intérieur, voyez par vous-même sur les photos), la City proposait une gamme bien plus variée que ne le fera la Twingo : en entrée de gamme, la City E, pour Economy, puis la R, au look plus sportif, ainsi que deux versions utilitaires appelées Pro. Viendront ensuite une version Turbo en 1982, une version plus puissante Turbo II en 1983, une version cabriolet (dessinée par Pininfarina) en 1984, une version d’entrée de gamme encore plus cheap que la E sous le nom de U en 1985, pour finir par laisser la place à une nouvelle City dite GG en fin d’année 1986, au style plus conventionnel.
Ouf… Côté moteurs, la base est la même pour toutes les versions, un petit 4 cylindres de 1.2 litres placé à l’avant en position transversale. Les versions E, et U devaient se contenter de 63 chevaux, tandis que la R pouvait obtenir une version plus « sportive » de 67 chevaux (tout comme le cabriolet). La Turbo faisait un bond en terme de performances, avec 100 canassons, mais la Turbo II, elle, en offrait encore plus, avec 110 ch (ce qui, pour un poids contenu de 735 kg, promet des performances intéressantes).
La Turbo II, ses 110 canassons et son look démonstratifAutre petit truc rigolo concernant cette City. Honda, chacun le sait, ne produisait pas que des voitures, loin s’en faut, mais aussi tout un tas d’engins motorisés, de la tondeuses à la moto. Pour compléter l’offre urbaine intelligente de la City, Honda proposait (seulement de 1981 à 1983) d’acheter avec sa City une Motocompo, petite moto pliable adaptée au coffre de la voiture, ne pesant que 45 kg ! Idée géniale qui fera pourtant long feu.
La City et sa Motocompo (en haut). La City et son Manhattan Sound dans le toit (en bas)Honda proposait aussi une version Manhattan Roof dont le toit était réhaussé de 10 cm pour encore plus d’espace. Cette version permettait de s’offrir l’option Manhattan Sound, un système audio de qualité logé justement dans le plafond, précurseur des caissons « boum boum » des tuners d’aujourd’hui.
Une City R (en haut comme en bas)Comme vous le savez, le système de distribution automobile au Japon est assez complexe, chaque marque disposant de plusieurs réseaux pour distribuer tout ou partie de sa gamme au plus près du consommateur. Honda n’échappe pas à la règle avec à l’époque 3 réseaux disctincts : Honda Verno, Honda Clio (en 1984) et Honda Primo (en 1985). A partir de 1984, c’est dans les concessions Honda Clio que sera vendue la City… Et vous venez de comprendre pourquoi Renault dut renommer au Japon ses Clio en Lutecia, le nom Clio appartenant là-bas à Honda. Voilà, un mystère de plus révélé !
Certains d’entre vous se diront sans doute, à la lecture de cet article, qu’ils connaissent cette voiture… sous un autre nom. Effectivement, ils auront raison, car la City fut un temps vendue en Europe sous le nom de Jazz (entre 1984 et 1986), puisque celui de City appartenait à Opel. Un autre mystère révélé, alléluia ! Mais pour l’Europe, point de version cabriolet ou Turbo, juste les modèles de base. Elle sera aussi vendue en Australie mais seulement en version 2 places, pour des raisons fiscales, et en Nouvelle Zélande.
La Honda Jazz, importée en Europe de 1984 à 1986Bref, si l’envie vous vient d’acheter une petite citadine bien pensée, rigolote, et à la fiabilité toute japonaise, la City/Jazz pourrait être une alternative intéressante à la vue et revue Twingo. Et qui sait si votre folie ne vous mettra pas l’idée en tête de tenter d’importer une version Turbo, Cabrio ou Manhattan Roof, histoire de vous la jouer cool et original ? A vous de voir.