Fiat 850 Spider (et Sport Spider) : vedette latine
Fort heureusement, les temps changent un peu (mais lentement) : les Fiat commencent à sortir des limbes, devenant collector aussi pour le profane dans le sillage de la 500. Petit à petit, il faut bien l’admettre : le géant turinois n’a pas fait que des boîtes à savon mal finies, loin de là. Pourtant, les préjugés ont la vie dure et la mémoire est courte : une Fiat Dino (qu’elle soit coupé ou cabriolet), c’était pas de la gnognote ! Une 130 Coupé non plus, et l’on pourrait citer ainsi des dizaines de modèles qu’on préfère oublier sur l’autel d’une Ritmo bizarrement fagotée, d’une Croma un peu trop terne, d’une Panda trop populaire (et pourtant c’est un chef-d’oeuvre, ne vous y trompez pas), voire d’une Uno au châssis chewing-gum, mais non dénuée de qualités. Dans cette nuée de modèles qu’on a préféré – à tort – oublier figure en bonne place la 850 Spider, dérivée de l’étonnant coach 850 et dessinée par Gandini pour Bertone.
De fausses idées sur Fiat
Oui Fiat est un grand constructeur, avec une grande histoire, et comme tout constructeur, il a connu des hauts et des bas, et ses modèles ont eu des avantages et des inconvénients. Il n’y a rien de plus énervant pour un amateur éclectique comme moi que de voir des gens enfermés dans leurs chapelles (chacun se reconnaîtra). J’ai mes préférences, bien sûr, comme tout le monde, mais j’aime suffisamment la chose automobile pour comprendre que rien n’est figé, qu’une réputation se fait et se défait, et que ce qui était vrai hier ne l’est plus aujourd’hui, et vice-versa !
Quand on parle de 850 Spider, de quoi parle-t-on ? D’un drôle de cabriolet qui rappelle, pour les gens comme moi qui n’ont pas connu cette époque, la Fiat Barchetta sortie dans les années 90 : un truc improbable, pas forcément pratique, mais sensuel ! Pas beau non plus, mais terriblement sexy (comme quoi l’un n’est pas lié à l’autre). Ligne effilée, mais bouille rondouillarde, il change la donne par rapport à la très classique (et très placide) Fiat 850 dont il est issu.
Une adorable déclinaison Spider d’un coach sans saveur
Sortie en 1964, la 850 n’est alors qu’un coach (deux portes donc) à 4 places, destiné à combler le trou existant entre la 600 et la 1100 dans la gamme du constructeur italien. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une 600 agrandie, dotée d’un 4 cylindres de 843 cc de 34 chevaux (puis 37). Rien de très sexy, que du pratique et une ligne passe-partout. Pourtant, les cadres de la toute puissante Fiat ne vont pas laisser la 850 seule sur son créneau. En ce début des années 60, l’Italie se motorise en masse, mais une classe moyenne commence à disposer de moyens pour acheter des voitures un peu plus fun. Ainsi, vont être présentés en 1965 deux modèles dérivés de la 850 : un coupé 2+2 signé du Centro Stile (design interne à Fiat) appelé 850 Coupé, ainsi qu’un cabriolet dessiné, lui, par Bertone et son jeune styliste Marcello Gandini, appelé 850 Spider.
Ce dernier conserve le 843 cc (et donc son nom 850) sous le capot arrière, mais le bloc se voit dopé jusqu’à 47 (puis 49) chevaux, lui permettant d’atteindre 140 km/h (une vitesse respectable à l’époque). Il faut dire que le Spider ne pèse que 695 kg : un poids plume autorisant des petites motorisations. Mécaniquement, tout ressemble à la 850 donneuse, mais le Spider reçoit tout de même un freinage à disque à l’avant, plus puissant puisque la voiture l’est aussi. Contrairement au Coupé, le Spider ne propose que deux places, une façon égoïste de parcourir la botte italienne, les cheveux au vent ! La Dolce Vita.
En 1968, la 850 Spider devient Sport Spider, et voit son museau évoluer !Succès assuré pour la “Little Ferrari”
Présenté au Salon de Genève 1965, le 850 Spider rencontre tout de suite l’adhésion du public qui craque devant cette étrange mais adorable bouille. Prévu pour être une petite série, le Spider est directement produit dans les ateliers de Bertone, à Grugliasco. Il sera rapidement exporté vers les États-Unis où son statut d’italienne allié à une vague ressemblance lui offriront le surnom un peu surévalué de “Little Ferrari”. Bertone propose enfin à la clientèle un hardtop en option qui permet de continuer à utiliser son Spider y compris en hiver.
En 1968, la Fiat 850 Spider évolue et devient Sport Spider. Il s’agit là d’un léger restylage, principalement au niveau des globes optiques désormais verticaux et non plus inclinés. Sous le capot, le moteur est porté à 903 cc pour une puissance de 52 chevaux. De quoi atteindre allègrement les 150 km/h. Ainsi gréé, le 850 Spider poursuit sa carrière jusqu’en 1972, date à laquelle l’étrange Fiat X1/9 signé lui aussi Bertone prendra la succession dans la gamme italienne.
130 903 exemplaires de la Fiat 850 Spider auront été produits entre 1965 et 1972 : pas mal pour cette puce qui en outre dispose d’une soeur jumelle fabriquée en Espagne sous le nom de Seat 850 Spider. Seules 1 732 unités seront fabriquées dans la péninsule ibérique, ce qui en fait de vraies raretés. Aujourd’hui, la Fiat 850 Spider ou Sport Spider est une bonne occasion de s’offrir un petit cabriolet italien des années 60 pour pas trop cher (encore). Le top du top, c’est de dégoter une version 850 CL (Convertible Lusso) richement dotée, avec le hardtop optionnel, afin d’avoir une voiture deux en un, mais un Spider “classique” fera tout aussi bien l’affaire et se négociera moins cher. Pour les amateurs d’exotisme, privilégiez la rare Seat. Pas mieux fabriquée, pas mieux motorisée, elle possède le charme des véhicules improbables fabriqués à quelques poignées d’exemplaires.