Facel Vega Excellence : Rolls-Royce à la française
Au début des années 50, bien des marques de prestige françaises n’ont pas survécu à la guerre, ou bien sont en train de mourir faute de clientèle et de moyens. La politique de reconstruction d’après-guerre met l’accent sur l’automobile de masse, et favorise les 2, 3 ou 4CV tandis que les gros moteurs sont lourdement pénalisés. Bugatti ou Delahaye rendent les armes. Dans le domaine de la berline haut de gamme, Simca maintient sa Vedette à moteur V8 d’origine Ford SAF, tandis que Citroën domine le marché à partir de 1955 avec sa DS moderne mais disposant uniquement de 4 cylindres.
Jean Daninos, frère de l’écrivain à succès Pierre Daninos, dirige la société Facel Metallon, sous-traitant de grands constructeurs comme Panhard ou Simca. Il a pourtant en tête la création d’une marque de prestige en France : ce sera Facel Vega, créée en 1952, qui lance la FV en 1954, un coupé de prestige doté d’un gros V8 Chrysler. Le succès est alors au rendez-vous.
C’est dans ce contexte que Jean Daninos réfléchit à l’idée de lancer une berline de luxe, capable de concurrencer Bentley ou Rolls Royce, rien que cela. Et comme en France on cherche à être original, c’est une drôle de solution qui est proposée : 4 portes antagonistes sans montant central. Sur un marché conservateur, c’est osé. Cela dit, la ligne reste très classique et dans la mouvance du premier coupé 2+2 FV. La Facel Vega Excellence est lancée en 1958.
Sur l’Excellence, on sent encore plus l’influence américaine, que l’on retrouve sous le capot. On y trouvera d’abord le V8 Chyrsler Hemi 392ci (6,4 litres) sur le modèle EX. Mais ce moteur n’étant plus produit, seuls 11 exemplaires en seront dotés, et l’EX1 qui lui succèdera très rapidement sera équipé du V8 Chrysler 361ci (5,9 litres) de 360 chevaux (le même moteur que l’HK 500 lancée en 1958). C’est ce modèle qui sera le plus diffusé, avec 134 exemplaires produits.
A partir de 1961, une troisième série, l’EX2, sera quand à elle dotée du V8 383ci (6,3 litres) de 390 chevaux. Tous ces modèles peuvent recevoir une boîte automatique, qui fait chuter la puissance disponible du moteur. Seuls 8 exemplaires de l’EX2 seront produits jusqu’en 1964, date de l’arrêt de la fabrication du modèle, ce qui en fait la plus rare des Excellence.
Il suffit de voir les chiffres et la courbe de production de l’Excellence pour voir que malgré un bon début, les ventes sont retombées comme un soufflet pour devenir anecdotiques. Il faut dire que la firme Facel Vega connaîtra au début des années 60 de gros soucis financiers (elle n’aura certes pas été aidée par les pouvoirs publics). La crise de Suez de 1956 entraînera des restrictions de carburant qui ne favoriseront pas la diffusion d’une telle berline.
L’Excellence s’éteindra donc avec la marque (Facel Vega fera faillite en 1964), laissant une place vacante depuis sur le créneau du luxe français. La Monica 560 dans les années 70 (lire aussi : ) tentera bien de se faire une place au soleil, sans succès. Aujourd’hui, les Excellence se vendent plutôt cher : celle de l’Ambassadeur de France aux Etats Unis, une EX1 dotée de certains éléments de l’EX2, s’est vendue 118 000 euros.