Facel Véga Facel II : la der des der
Entre 1958 et 1961, Facel Véga, marque de prestige française créée par Jean Daninos, s’impose grâce à sa berline Excellence et surtout au grand coupé HK 500. Après la disparition de prestigieuses marques comme Delahaye ou Bugatti, Facel Vega devient l’unique artisan français sur le créneau et compte bien devenir l’équivalent de Rolls-royce en France. Malgré son succès indéniable, la HK 500 commence à vieillir, particulièrement d’un point de vue stylistique, tandis que la Facellia rencontre quelques difficultés. Jean Daninos décide donc de créer un nouveau modèle, la Facel Véga Facel II remplaçant la HK 500 et empruntant le style de la Facellia.
L'ambition de la Facel I
Après 490 exemplaires produits, la HK 500 doit donc tirer sa révérence. Son style, trop ancré dans les années 50, ne convient plus à une clientèle désireuse de lignes plus aériennes et plus fluides. La petite Facellia, lancée en 1960, d’une certaine manière, l’a fait vieillir prématurément et il convient d’unifier stylistiquement la gamme. La Facel II s’inspire donc de sa petite soeur avec une ligne plus étirée particulièrement élégante. Elle inaugure à cette occasion les phares Mégalux créés pour elle par Marchal (et que les Facellia puis Facel 3 et 6 récupéreront à leur tour).
Facel II la GT la plus rapide du monde
Avec la Facel II, Daninos a une ambition : créer la GT la plus rapide du monde. Reprenant le moteur V8 Chrysler Typhoon TY8 383 ci (6,3 litres) qui équipait déjà la HK 500 développant 390 chevaux en boîte manuelle et 355 en boîte automatique, la Facel II annonce entre 225 km/h (en auto) et 240 km/h (en manuelle) : des chiffres considérables pour une voiture pesant 1 660 kg. Pour freiner cette masse, la Facel s’équipe de 4 disques Dunlop. On pouvait aussi commander, en option, la climatisation (indispensable pour le marché américain, Facel Véga y étant distribuée par le célèbre importateur Hoffman) ainsi que la direction assistée.
La Facel II rencontre tout de suite un succès d’estime
Présentée en octobre 1961, la Facel II rencontre tout de suite un succès d’estime. Produire une telle voiture, dotée d’un luxe inouï et si performante, a un coût : la Facel II est donc incroyablement chère. Certes, elle réussit à convaincre les grands de ce monde, comme le Shah d’Iran, Grace Kelly, Christian Dior, Norodom Sihanouk, Hassan II, Frank Sinatra, Tony Curtis et même Ringo Starr, le batteur des Beatles. Cela ne suffit pourtant pas à assurer un volume de production important et la Facel II n’arrivera jamais à atteindre les chiffres de sa devancière, la HK 500.
Avec 184 exemplaires produits jusqu’en 1964, la Facel II reste un produit rare. Certaines versions furent même équipées d’une évolution du V8 porté à 6,8 litres (413 ci) et 400 chevaux, encore plus exclusives. Malheureusement, elle n’eut jamais de descendance et fut la dernière française de prestige produite. En effet, Facel Véga, engluée dans de trop gros problèmes financiers dus à la fiabilité douteuse du moteur Pont à Mousson de la Facellia (et peu aidée par les autorités, il est vrai), est obligée de mettre la clé sous la porte. Dès lors, plus personne n’osera relancer un tel projet, à part peut-être Jean Tastevin et l’éphémère Monica.
Quelle est sa valeur ?
Texte : PAUL CLÉMENT-COLLIN