DKW-Vemag Fissore : coupé de luxe bresilien
C’est en cherchant des infos sur un modèle déjà rare aujourd’hui, l’Auto-Union 1000 SP, que je suis tombé sur une petite pépite, encore plus rare, la DKW-Vemag Fissore, drôle de mélange entre châssis et mécanique allemande, dessin italien et production brésilienne. Un coupé joliment dessiné et moderne, offrant 4 places et des performances plutôt intéressante malgré son petit 3 cylindres 2 temps de 986 cm3.
Comment est né ce Coupé Fissore inconnu en Europe, si ce n’est des spécialistes (et d’Audi puisque la marque a récupéré un modèle pour son musée) ? A l’origine, on trouve la société Veiculos e Maquinas Agricolas (Vemag) dont la marque allemande DKW prendra 52 % des parts dans les années 50. DKW-Vemag va développer une gamme « civile » directement issue de celle de la maison mère en Allemagne, notamment la DKW 1000.
La gamme DKW-VemagAu début des années 60, la petite marque DKW-Vemag estime (à tort ou à raison, mais elle n’est pas la seule à tenir ce raisonnement) qu’un nouveau marché existe au Brésil : celui des voitures plus statutaires, plus sportives. Elle cherche alors à proposer à une clientèle aisée un grand coupé plutôt luxueux. Et cela tombe bien parce que DKW propose depuis 1959 en Allemagne le grand coupé 1000 SP (et une version cabriolet) inspirée de la Ford Thunderbird, du moins dans ses lignes. C’est cette 1000 SP qui va servir de base à la création de la 1000 Fissore.
La Fissore récupérée par Audi pour son muséeEn effet, les brésiliens ne sont pas satisfaits des lignes de la 1000 SP, pas assez modernes pour une clientèle censée être entrée de plein pieds dans les années 60, comme le prouve le développement architectural au Brésil (dont le plus fameux représentant est l’architecte Niemeyer). On va alors faire appel au carrossier italien Fissore pour dessiner une voiture spécifique aux aspirations brésiliennes. En résulte un modèle qui perd son côté baroque pour des lignes plus sages, plus hautes aussi, et moins « show off ».
Un premier prototype est présenté au Brésil en 1962, mais la qualité de fabrication n’était pas encore à la hauteur des espérances : il faudra donc attendre 1964 pour voir apparaître la DKW-Vemag signée Fissore sur ses flancs. Spécificité brésilienne, elle reçoit une évolution du 3 cylindres deux temps de la 1000 SP, portée à 60 ch SAE, et dotée du système Lubrimat. On retrouvera ce moteur en 1965 sur un autre modèle plus sportif produit au Brésil, la DKW Malzoni (lire aussi : DKW Malzoni).
Le modèle évoluera par petites touches à chaque millésime, entre juin 1964 (début de la production) et 1967. Mais il fallu se rendre à l’évidence : le marché n’était pas si prometteur que cela, et la Fissore coûtait extrêmement cher (près de 7 millions de cruzeiros). Seuls 2638 exemplaires seront fabriqués et vendus (une autre source parle de 2489 exemplaires). De toute façon, les difficultés économiques de DKW-Vemag, et le rachat de DKW-Auto Union en Allemagne par Volkswagen changeaient la donne. VW avait décidé de cesser la commercialisation des modèles DKW pour favoriser une nouvelle marque (enfin façon de parler), Audi. Des négociations s’engagèrent avec VW, d’autant que la marque allemande craignait fort le rachat de Vemag par Fiat. Finalement, VW racheta Vemag en 1967 mais mit un terme à la production des DKW après 115 000 exemplaires depuis 1957.
On trouve encore quelques rares Coupés Fissore au Brésil, comme celui racheté par Audi, souvent bichonnés par des collectionneurs amoureux de cette voiture considérée à l’époque comme l’une des plus élégantes de la production brésilienne. Il existe aussi un autre coupé dérivé de l’Auto-Union 1000 SP en Argentine, souvent attribué lui aussi à Fissore (sans certitude). Produit par Industrias Automotriz de Santa Fe (IASFe) sous licence DKW Auto-Union, il prend là-bas le nom de Coupé 1000 SE, et conserve des lignes « rondes » plus proches de son frère allemand que le DKW-Vemag Fissore. C’est à son bord que Julio Sosa, considéré comme le plus grand chanteur de tango de tous les temps, se tua en 1964. Cette version argentine se vendit à 340 exemplaires au début des années 60.