Dacia Nova/SupeRNova/Solenza : en attendant Logan !
Dacia fêtait en France son dixième anniversaire en 2015, jouant sur une ambiguïté : il ne s’agissait pas des 10 ans de la marque, mais des dix ans de présence de Dacia sur le sol français. En réalité, Renault fêtera cette année les 15 ans du rachat de la marque roumaine, puisque c’est en 1999 que l’ex Régie en a pris le contrôle total, avec le succès que l’on connaît aujourd’hui. Il aura cependant fallu attendre l’automne 2004 pour voir la première voiture de l’ère Renault apparaître : la Logan. Mais pour passer de l’antique 1310 (lire aussi: Dacia Denem), descendante de la Renault 12, à la Logan, il y aura eu quelques détours, passant notamment par un trio Nova/SupeRNova/Solenza dont je vais vous parler aujourd’hui.
Avec la 1310 et ses nombreux dérivés (notamment un coupé sport du plus bel effet, lire aussi : Dacia 1410), Dacia s’était enfermé dans un héritage Renault sclérosant, et malgré la tentative de lancement d’une petite Lastun (lire aussi : Dacia Lastun), et n’arrivait pas à sortir de la monoculture. C’est dans cette logique que l’état major de la marque roumaine décide de lancer (enfin) une toute nouvelle voiture au début des années 90. Il faut dire que l’histoire est en marche depuis la chute du mur et celle du Conducator Ceaucescu. Le marché s’est ouvert et la Roumanie se retrouve envahie par les importations de véhicules neufs plus modernes et aussi bon marché (notamment les voitures sud-coréennes), mais aussi par les véhicules d’occasion venant d’Europe Occidentale. Difficile de résister avec la vaillante héritière de l’antique R12 datant de 1969 !
Des Nova sur les chaînes de DaciaPlus que de remplacer la 1310 qui garde malgré tout une place importante dans le cœur des roumains, il est décidé de lancer une berline plus compacte, proche du gabarit des Renault 19 ou Peugeot 309, qui permettrait de compléter habilement la gamme. Son dessin sera figé au tout début des années 90, mais la nouvelle voiture, qui s’appelle Nova (un clin d’oeil au renouveau supposé de Dacia), ne sortira qu’en 1995 : Dacia n’avait pas les moyens d’un développement rapide. Résultat, à sa sortie, elle semble déjà bien datée. Ce qui est acceptable pour l’antique 1310, ne l’est plus avec une nouvelle voiture qui doit lutter face à des voitures au design bien plus moderne. Si la préférence nationale lui fera devenir l’une des voitures les plus vendues de Roumanie, elle ne réussira pas à détrôner l’iconique 1310, dont elle partage les mécaniques 1,4 et 1,6 litre. Produite de 1995 à 2000, il ne s’en vendra au total que 38 063 exemplaires.
La SupeRNova rajeunit un peu la ligne de la NovaEntre temps, Renault a donc pris le contrôle de Dacia. Le temps de développer enfin de nouveaux produits, la décision est prise de moderniser la Nova, lui faisant profiter d’un léger restylage, et surtout de nouvelles mécaniques issues de la banque d’organe Renault (adieu les vieux moteurs des années 70). C’est le moteur de la Clio II, un 1,4 litre et 75 ch, qui prend place sous le capot, tandis que la boîte de vitesse provient elle aussi de la petite Renault. De quoi faire un bond en agrément de conduite, en fiabilité, mais aussi en écologie ! Vendue moins de 5000 euros, la SupeRNova est enfin compétitive, mais souffre d’une qualité de fabrication pas encore au niveau (les ingénieurs de chez Renault n’avaient pas encore instauré les mêmes exigences que dans ses autres usines). Elle réussira pourtant à se vendre bien mieux que la Nova, avec 57 465 exemplaires entre 2000 et 2003. Entre temps, la 1310 a été enterrée, et la SupeRNova se permet enfin d’atteindre la tête des ventes en Roumanie.
La Solenza adopte une calandre ressemblant à celle de la Logan, qui paraîtra un an plus tard !Mais les rejetons de la Nova n’ont pas dit leur dernier mot. Si la SupeRNova s’éclipse en 2003, c’est pour laisser place à la Solenza qui n’est pas autre chose que la 3ème génération de la Nova. La qualité de fabrication fait un bond, les usines Dacia ayant enfin atteint les standards Renault. La gamme moteur propose le 1.4 MPI de 75 chevaux, mais aussi un 1.9D de 63 chevaux (à partir de 2004). L’équipement proposé est aussi une révolution pour la Roumanie, avec des airbags, la climatisation, peinture métallisée, vitres électriques, en fonction des versions.
Surtout, le restylage annonce d’ores et déjà la Logan, futur best-seller de la marque. Lorsque fin 2004, la Logan apparaît, la Solenza paraît donc dans le coup, avec un air de famille, donnant l’impression d’une cohérence de gamme (la Logan étant plus grande). D’ailleurs, les deux modèles cohabiteront jusqu’en 2006. En effet, la vraie successeur des Nova/SupeRNova/Solenza sera la Sandero, et non la Logan. Il faudra attendre 2007 pour que la petite Dacia moderne que nous connaissons aujourd’hui (après quelques coups de bistouris) ne prenne vraiment la relève. Entre 2003 et 2006, 79 209 exemplaires de la Solenza seront fabriqués.
Si l’on considère que ces 3 modèles n’en font en fait qu’un seul décliné en 3 génération (et je franchis ce pas allègrement), c’est un total de 174 737 voitures qui auront été produites en un peu plus de 10 ans. Certains trouveront ce chiffre bien faiblard, mais pour une voiture de transition, quasiment pas exportée (si ce n’est quelques pays limitrophes), et sur un marché roumain encore limité, ce chiffre n’est finalement pas si ridicule que cela. Ces 3 modèles sont certes dépassés aujourd’hui (ils l’étaient parfois même de leur vivant), mais intéressants à collectionner aujourd’hui : il s’agit des derniers modèles conçus avant l’ère Renault. Ils préfigurent (avec moins de rigueur et de sex appeal il est vrai) les modèles à succès Logan et Sandero, et méritent pour cela que quelques exemplaires soient préservés. Qui se dévoue ?