Collectionneur pour un jour, collectionneur pour toujours
Ce n’est pas parce que l’on se sépare de l’une de ses autos que l’on n’est plus collectionneur dans l’âme. Même si celle que l’on a vendue est une Ferrari. Il faut d’abord regarder ce qu’il reste dans le garage et puis se demander si l’on a envie de remplacer la machine au cheval cabré qui vient de partir. Notre ami Renaud, qui a confié à CarJager la vente de sa Ferrari 308 GTS de 1978, est bien ce collectionneur assidu qui n’a pas abandonné sa passion pour autant.
« J’ai commencé à acheter des bagnoles dans les années 1980. En fait, je suis alfiste. J’ai toujours eu des Alfa. Ma première était une GTC, la version décapotable du coupé Bertone. La Ferrari, c’était un peu spécial. Elle était « Rosso Rubino ». C’est un rouge plus sanguin, qui change du « rouge Ferrari » classique. Cela me plaisait. Je ne voulais pas avoir le même rouge que tout le monde. »
« Pour la vente de ma Ferrari, j’ai apprécié que CarJager fasse le boulot. Ils ont rédigé l’article et ils ont filtré les appels. En plus, ils se sont occupés de toute la paperasse, chose que je déteste devoir faire. Et puis pour le compte séquestre et le paiement, tout s’est déroulé en toute sécurité. »
On sent que Renaud possède une culture automobile approfondie. « Dans la famille, on est des alfistes depuis toujours. Je me souviens quand mon frère aîné a acheté son Alfa 2600 Spider, c’était en 1975 ou 76. Et mes cousins aussi sont des alfistes. J’ai possédé des coupés Bertone et même une Montreal. Aujourd’hui, j’ai encore ma Giulia Spider de 1965. Je l’ai acquise en 1989 quand j’ai troqué ma GTC pour l’avoir. Avec l’ancien propriétaire, on a simplement échangé les cartes grises et les clefs, sans soulte en plus. C’est une histoire vraie ! Alors, je l’ai toujours. »
Et il sait ce que c’est d’être collectionneur : « Dans le temps, c’étaient des bagnoles d’occasion. Aujourd’hui, ce sont des automobiles de collection… Et alors la restauration, ça peut coûter cher. Je pensais vendre la Giulia un jour mais il y avait des choses à faire sur l’auto pour la préparer à la vente, les vis platinées par exemple. Après, j’ai décidé de la garder. Mais elle nécessitait une restauration complète. Je l’ai amenée chez un premier restaurateur qui m’a fait faux bond. Il a tout démonté et puis il est décédé. Il fallait la récupérer mais elle était en pièces. Il y avait des cartons et des cartons de pièces. Il a fallu un plateau pour la caisse et une camionnette pour tous les cartons… »
Mais l’histoire ne s’arrête pas là : « Alors j’ai trouvé un autre restaurateur mais j’ai dû prendre rendez-vous six mois à l’avance ! Il a tout d’abord accepté que je lui apporte l’ensemble de pièces et la caisse. Mais après avoir tout déposé chez lui, et une fois reparti, il m’a rappelé pour me dire qu’en définitive il n’acceptait pas de faire le travail et qu’il fallait que je revienne immédiatement récupérer le tout ou qu’il le foutrait dehors ! »
Comme quoi les collectionneurs, ce sont des passionnés : « Donc j’ai fait demi-tour et j’ai tout repris. Grâce à des copains, j’ai trouvé un gars qui a accepté de faire le boulot mais il travaille seul et, il faut le dire, ça prend du temps. »
En plus de cette Alfa Romeo, Renaud est également amoureux des Anglaises : « J’ai une MG TC que j’adore. D’ailleurs, je viens d’aider un copain pour qu’il achète une TD. J’adore ces autos. Maintenant que la Ferrari est partie, je songe à une Lotus Seven. Sinon peut-être une Austin-Healey « Frogeye ». La Lotus est un peu l’auto dans sa plus simple expression. Je suis quelqu’un qui veut des trucs basiques, sans me prendre la tête, sans inquiétude. Je ne veux pas me stresser. Je veux le plaisir de rouler sans crainte des réparations coûteuses. »
Et alors, la restauration de l’Alfa Giulia, cela se passe comment ? « On a dû réparer le bloc moteur qui souffrait d’une corrosion mal placée. Et on a dû refaire l’alignement de la carrosserie, donc elle est repartie en peinture. Elle va être dans sa couleur d’origine, bleu céleste. C’est un bleu layette magnifique … » — Et après sa restauration, que comptez-vous en faire ? « Je la vendrai peut-être. On va voir. C’est sûr que je trouve sa couleur fantastique et elle a une ligne qui m’a toujours séduit. On verra. »
« Je peux quand même raconter une belle histoire avec la Ferrari. Je l’ai achetée à Antibes. Avec mon fils, qui n’avait que quinze ans à l’époque, on a pris deux jours pour la remonter à Paris. C’est un très bon souvenir qu’on gardera pour toujours. » Encore plus longtemps que vous n’avez gardé l’auto, c’est sûr.