Citroën Bijou : quand la 2CV se déclinait en roadster pour nos amis anglais !
Vous rêvez d’un coupé DS Le Paris de chez Chapron, mais vous savez bien qu’il vous sera impossible d’en acquérir l’un des 9 exemplaires fabriqués ? Vous trouvez la 2CV trop commune pour vous trimballer avec ? Vous cherchez cependant une voiture rare, exclusive et à l’histoire étonnante ? Vous voulez quoi qu’il en soit rester fidèle à Citroën ? La Citroën Bijou est faite pour vous !
Je ne serai pas étonné qu’un de ces quatre ce nom ressorte dans la gamme Citroën, malgré l’insuccès du petit roadster ainsi dénommé, car ce petit nom sonne plutôt bien. La Bijou est née par hasard, loin du quai de Javel, et peut être considérée comme l’un des plus beaux flops de la marque aux Chevrons. Voici son histoire.
Depuis 1926, Citroën dispose d’une usine à Slough, sur les bords de la Tamise, dans le sud de l’Angleterre. C’est là, pas très loin du prestigieux collège Eton, que sont fabriquées les Citroën à conduite à droite, à destination du marché anglais. A cette époque il existe encore de nombreuses barrières douanières qui obligent les constructeurs à produire localement (ainsi, Simca était avant guerre une filiale de Fiat afin de produire en France).
A Slough, au début des années 50, on produit des Tractions bien sûr, mais aussi des 2CV (depuis 1953). Mais contre toute attente, cette dernière se vend très mal en Angleterre, car les pièces sont en grande partie importées de France, et font s’envoler le coût de la voiture qui alors n’a plus rien d’une populaire. Seulement 673 exemplaires seront fabriquées, dont seulement 333 ex pour les Iles britanniques, autant dire un raté monumental.
Pour tenter de redresser la barre, les ingénieurs de Slough décident de transformer la vénérable 2CV en un petit roadster plus à même de séduire la clientèle britannique. C’est le designer Peter Kirwan Taylor, qui créera par la suite la Lotus Elite, qui s’y colle, et en 1959, à Earl’s Court, est présenté ce petit Bijou. Le châssis et la mécanique proviennent de la 2CV bien entendu, mais la carrosserie est faite en polyester. Sa ligne fait d’elle une mini Citroën DS, un peu pataude mais plutôt séduisante.
La direction des usines de Slough s’emballe déjà, prévoyant 1000 exemplaires par an de sa petite nouveauté, malgré le peu d’enthousiasme de la direction du Quai de Javel. Peu importe, l’aventure est lancée. Pourtant, l’affaire Bijou tournera au fiasco. Malgré une ligne plus en phase avec les attentes anglaises en matière d’automobile, la Citroën Bijou reste relativement chère (car malgré tout ses pièces sont toujours importées). En outre, la complexité de l’assemblage de sa carrosserie fera s’envoler les coûts.
En effet, les pièces de polyester sont particulièrement difficiles à assembler, et la production doit se faire quasiment à la main, pour un résultat pas vraiment à la hauteur. Impossible de tenir la cadence pour une production de 1000 exemplaires annuels, et de toute façon, la demande n’est pas là : les petits roadsters anglais reviennent en force, et l’on trouve mieux fini, plus joli et moins cher dans les gammes des constructeurs locaux. La Citroën Bijou ne fait pas le poids avec son petit bicylindres de deuche !
Au total, entre 1959 et 1964, seuls 209 exemplaires (dont deux prototypes) seront fabriqués. C’est la Bérézina, et Citroën ne communiquera jamais trop sur ce rejeton britannique poissard. Pourtant, il reste en Angleterre des farouches défenseurs des Bijoux de famille. Une quarantaine rouleraient encore là bas, religieusement entretenus pas les doux dingues du 2CVGB Club. Vous savez ce qu’il vous reste à faire pour rouler en Citroën originale : traverser le channel et tenter de convaincre l’un de ces 40 propriétaires de vous céder son Bijou ! Vous en trouverez aussi quelques unes en France, déjà importées par des passionnés de la marque.