Citroën 2CV6 Charleston : seconde jeunesse pour la Deuche
En 1980, la 2CV rentre dans sa 32ème année de production. Lancée en 1948, la petite Citroën s’essouffle après avoir motorisé la France pendant les 30 glorieuses. Son capital sympathie reste fort mais les petites citadines comme la Renault 5 ou la Peugeot 104 répondent désormais mieux aux souhaits d’une clientèle plus urbaine et moderne. Après avoir étrenné les séries spéciales à la fin des années 70 avec la 2CV Spot ou Basket, le service marketing de la marque décide de relancer les ventes avec une nouvelle série limitée appelée Charleston.
L’idée est simple : puisque la voiture semble un peu ringarde aux yeux du public, pourquoi ne pas jouer sur son côté rétro en l’accentuant encore un peu plus. Serge Gevin, le designer, va alors jouer avec les courbes de la Deuche pour évoquer le glorieux passé de Citroën. Les passages de roues deviennent noir, ainsi qu’une partie des flancs dans un dessin arrondi rappelant en même temps la Citroën Type A de 1919, les 5CV des années 20 et les Bugatti des années 30. La couleur Rouge Delage s’inspire du nuancier des voitures de l’époque, pour un résultat nostalgique du plus bel effet.
Lancement réussi pour la Charleston
En octobre 1980, la 2CV6 Charleston est lancée sur le marché, avec un objectif de 8 000 exemplaires. Malgré sa conception ancienne et son petit bicylindre de 602 cc développant 29 chevaux, la Charleston va rencontrer un succès immédiat auprès d’une clientèle urbaine, parfois aisée, souvent jeune, qui craque sur sa bouille revisitée et son charme vintage. Les exemplaires prévus sont vite vendus, et en juillet 1981, la direction de la marque décide de continuer l’aventure en intégrant la Charleston à la gamme.
Après quelques modifications mineures (phares chromés, sièges en tissu gris au lieu du Jersey initial), la Charleston devient une finition à part entière et continue de soutenir les ventes de la 2CV. En juillet 82, une nouvelle teinte apparaît, en plus du rouge Delage : le jaune Hélyos. Cette version, plus voyante, ne rencontrera pas le même succès et l’année suivante, Citroën reviendra à plus classique, avec le gris Cormoran.
Laurent Fabius en 2CV
En 1984, la Charleston se verra mise en lumière de façon inattendue. Lors de son investiture comme Premier Ministre, Laurent Fabius arrive à Matignon au volant de celle de sa femme afin de paraître plus modeste qu’il ne l’était réellement (en temps normal, Fabius roulait en Ferrari 400i).
La 2CV Charleston restera en production jusqu’en juillet 1990. Ce sera d’ailleurs elle qui clôturera officiellement la chaîne d’assemblage de Mangualde, au Portugal (en réalité, 5 autres 2CV seront produites par la suite), après une décennie d’existence : pas mal pour ce qui aurait dû n’être qu’une série limitée.
Aujourd’hui collector
Aujourd’hui, les Charleston sont assez prisées des amateurs surtout celles du millésime 81 (la première série) ou bien la rare jaune Hélyos (comme quoi, les goûts changent avec le temps). Ce qui est sûr, c’est qu’elle aura marqué les années 80 avec ses jolies couleurs et sans doute prolongé la vie d’une voiture née dans les années 40 et produite in fine à plus de 5 millions d’exemplaires.
Comme toutes les 2CV, la Charleston commence à valoir cher. Selon LVA, les Charleston “2ème série” s’échangent à partir de 10 500 euros, tandis que la rare “1ère série” démarre à 14 500 euros. Comptez cependant un budget plus important, ces prix sont des prix planchers.