Ashley : des kits pour l'Austin Healey Sprite et MG Midget
Fruits de la jalousie de MG pour l’Austin Healey Sprite, dite Frogeye, la MG Midget et sa sœur Austin Healey Sprite MkII sont joliment dessinées. Mais pour vous qui voulez sortir du lot, il existe une alternative, grâce à l’adaptation d’un kit Ashley.
MG Midget et Austin Healey Sprite Mk II : les Spridget
Pour commencer, parlons un peu de celle que l’on appelle Spridget (par association des deux noms). L’idée de MG est de revenir sur un marché qu’il a maîtrisé dans les années 50 avec ses roadsters T, rapportés par les soldats américains d’Europe. Marché dominé depuis 1958 par Austin, et sa Sprite dite Frogeye, en raison de son regard de batracien. MG va alors se plaindre à la maison mère BMC que le marché lui revient de droit, étant plus légitime historiquement. Décision est prise : la descendance sera partagée ! À Austin le dessin de l’avant, à MG l’arrière !
L’ensemble sera pourtant réussi et cohérent, la Spridget évoquant souvent une sorte de MG B en réduction (sans doute grâce à la partie arrière). Cette dernière est pourtant née un an plus tard ! Les jumelles sont donc présentées en 1961, avec un moteur de 46 chevaux, 3 de plus que la Frogeye. Au fil des années, elles ne vont cesser d’évoluer : nouveau moteur 1 098 cm3 de 56 chevaux dès 1962, vitres descendantes en 1964, passage à un 1 275 cm3 de 65cv dérivé de la Mini Cooper en 1966, avec l’adaptation de frein à disque à l’avant et d’une capote repliable (à démonter avant), ailes arrière rondes en 1972, et enfin moteur Triumph 1 500cm3 et pare-choc en plastique en 1974 après la fusion de la BMC et du groupe Leyland (Ouf ! vous pouvez reprendre votre souffle). Voilà pour les grandes lignes.
Des kits pour les anglaises
Les Sprite, dès la Frogeye, vont connaître les joies de la compétition grâce à l’adaptation de kits ou de carrosseries aérodynamiques en aluminium. C’est notamment le cas de la Sebring (réalisant un triplé dans sa classe au 12h de Sebring 1959), dessinée par le département compétition de Healey, et des Speedwell GT, dessinées par un certain Franck Costin (co-fondateur de Marcos notamment, dessinateur de plusieurs monoplaces et barquettes, et frère du co-fondateur de Cosworth). Ces kits seront ensuite repris en fibre par Williams & Pritchard, suivi par d’autres constructeurs, dont celui qui nous intéresse ici…
L’histoire d’Ashley commence en 1955. Fondé par Peter Pallandine et Keith Waddington, le nom de la marque provient du nom de la maison du premier ! Ils sont délicieusement fous ces Anglais… Naît rapidement un kit car sur base d’Austin 7, la Ashley 750. Mais dès 1956, Peter Pallandine quitte le navire pour produire la version courte de la 750, sous la marque Falcon Shells. Ashley va continuer, et sortir de nouveaux modèles, la 1 172 et la Sportiva étant les plus notables. Elles sont construites sur base de Ford populaires, dont l’Anglia, et peuvent être équipées de différents moteurs : Ford 100E et 105E, BMC A-series et surtout les moteurs de MGA !
Ashley, s’attaque au hardtop
En 1963, après un second déménagement, le garage compte une vingtaine d’employés et va changer de direction pour se concentrer sur la production de hard top et faces avant redessinées, commencée en 1961. L’artisan continuera sa première vie jusqu’en 1972, malgré la mort du second fondateur au milieu des années 60. Au total, des chiffres entre 500 et 600 Ashley et Falcon 750 sont avancés, et « quelques centaines » pour les autres modèles. Pour les kits, il est plus difficile de trouver des chiffres, mais les annonces ne sont pas si rares. Les premiers kits Ashley vont donc être adaptés à la Frogeye. Est-ce dû à son avant, ou au succès des Sprite Sebring ? Si l’avant, inspiré justement de la Sebring, mais plus allongé, s’accorde bien à la voiture, le hardtop laisse pourtant à désirer, formant une grosse bosse sur le dos de la voiture. Vous avez dit Quasimodo ?
Là où Ashley va réussir son coup, c’est sur les Sprite Mk2 et Midget. Ce coup-ci, le hardtop est beaucoup mieux intégré et donne un look de baby-Aston à la puce anglaise. Vu de derrière, on pourrait penser à un modèle du catalogue, avec l’adaptation réussie d’une petite malle sur le couvercle de coffre. Malle pouvant même être surmontée d’un aileron en queue de canard, histoire de marquer encore plus le look ! L’aspect très « fastback », allongé, transforme la Spridget, lui donnant un côté chic et exclusif qui peut manquer à la MG B GT, plus commune.
La découpe de la fenêtre est un peu plus brouillonne, la finition semblant moins heureuse de profil, toute proportion gardée : il s’agit là de kit car, et l’imperméabilité n’est de toute façon pas le point fort des cabriolets anglais… passer un doigt entre la fenêtre et la capote est relativement aisé. La partie avant peut elle aussi être transformée, de la même manière que la Frogeye, donnant un aspect plus rétro à l’ensemble qui est assez sportif. Je préfère personnellement l’emploi d’une base à aile arrière ronde (Spridget de 72 à 74), mettant mieux en avant les rondeurs du kit. Les pièces sont en fibre, permettant de surcroît l’allègement de la voiture !
Mais le plus marquant de l’ensemble reste, selon moi, le hardtop, qui se suffit à lui-même. Cette découpe assez caractéristique du toit, très fuyante et recouvrant le coffre, associée à des surfaces vitrées importantes, peut d’ailleurs être considérée comme la signature des toits en dur du fabricant, qui s’est essayé à d’autres modèles, dont la Spitfire et la MG B. Pour la Spitfire aussi, on reconnaît la filiation avec des modèles sportifs de la marque et notamment ceux ayant couru au Mans.
La concurrence est là
Ashley ne sera pas le seul à faire des kits aérodynamiques et recouvrant la partie arrière, portant souvent à confusion avec les concurrents, W&P et Lenham en premier lieu. On pourra d’ailleurs se faire surprendre par des dessins très similaires entre les hardtops W&P de MG B et les Ashley pour Spridget. Y’a-t-il eu copie ? Même les Falcon (fruits de la séparation des fondateurs d’Ashley si vous avez réussi à suivre) auront le droit à des bases d’Austin Healey. Qui plus est, la marque renaît de ses cendres en 2013, remettant en vente ses kits pour Spridget et Spitfire, mais aussi ceux d’anciens concurrents, comme W&P (Sebring et Speedwell), ajoutant une dose de confusion entre ces carrosseries spéciales, dorénavant souvent rangées sous la bannière Ashley ! Il ne tient plus qu’à vous de choisir votre préférée car les choix, vous l’aurez compris, sont nombreux.
Quoi qu’il en soit, on ne peut que saluer le goût des Anglais pour ces kit cars, qui vous permettront de rouler à un tarif raisonnable dans une voiture exclusive… et dotée d’un petit pedigree, car on en trouve beaucoup dans les courses historiques anglaises, donnant lieu à de jolies batailles !
Texte : Maxime Mouliney