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A:Level Volga V12 : beauté moscovite !

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 02/03/2016

Je fais partie de cette race étrange de personnes aimant les voitures de l’Est et la « mythologie » de la guerre froide (tout en étant bien content que le mur soit tombé, et de n’avoir jamais vécu du mauvais côté). J’ai ri devant « Twist Again à Moscou », ou devant « Goodbye Lenin », j’adorerai rouler en Tatra, je suis tombé amoureux de Prague, mais jamais, au grand jamais, je n’ai rêvé de vivre « sérieusement » en RDA, Tchécoslovaquie, ou bien en URSS. Je garde juste une certaine nostalgie de ce qui a accompagné mon enfance, cette séparation du monde en deux camps, et cette fascinante compétition entre deux superpuissances antagonistes !

La Gaz M21, inspiratrice de la Volga V12La Gaz M21, inspiratrice de la Volga V12

On peut rire aujourd’hui de l’automobile « soviétique », dont les Lada distribuées par le réseau Poch en étaient les représentantes les plus visibles à l’Ouest (lire aussi : Jacques Poch). Mais dans les années 50 et 60, les automobiles « russes », copiant étrangement le style américain, impressionnaient plutôt, notamment celles qui sortaient des chaînes du constructeur GAZ (Usine Automobile Gorki) : la M13 Tchaïka (lire aussi : GAZ Tchaika) et la plus populaire M21.

C’est en 2001 que la société moscovite A:Level a présenté la Volga V12, interprétation de ce qu’aurait pu être un coupé haute performance dérivé d’une M13 ou d’une M21 (en fait on dirait qu’elle descend un peu des deux). Pourtant, malgré son air indubitablement russe, la Volga V12 cache des dessous et un cœur teutons ! Difficile de faire autrement quand l’industrie russe ne propose que des 4 cylindres et des châssis antédiluviens ! Pour comprendre la démarche d’A:Level, il faut comprendre la société. Basée à quelques kilomètres à l’Ouest de Moscou, cette officine propose à des clients fortunés, triés sur le volet, passionnés et inventifs, de réaliser leurs rêves à un seul exemplaire.

C’est le cas de cette Volga V12, commandée par un mystérieux Monsieur D.Z., qui restera unique (pour un coût proche d’un demi million de dollars). Le style est parfaitement réussi, tout à fait dans l’esprit des voitures soviétiques tout en réussissant le tour de force de paraître musclée, racée, presque sportive. D’ailleurs, elle se sert d’une base de BMW 850i (légèrement plus longue et plus large) et de son V12 de 380 ch de 5,7 litres. L’intérieur est lui aussi repris de la béhème, mais recouvert d’Alcantara et de cuir : sympa, mais un peu trop en décalage avec le style extérieur… et sans doute pas assez baroque.

Il aura fallu 17 mois pour construire la belle, à la main bien entendu. Difficile en la regardant de ne pas être envoûté par sa beauté brute et rétro. On s’imagine déjà dans la peau d’un équivalent de 007 au sein du KGB, un ennemi à la hauteur de James Bond qui lui aussi roulait malgré son salaire de fonctionnaire de sa Majesté au volant de belles anglaises, Lotus ou Aston Martin (entre autres). Ou bien on s’encanaille en se rêvant parrain de la pègre moscovite, entouré de pépés blondes toutes mieux roulées les unes que les autres, et fumant un gros cigare au volant de son coupé Volga V12 ! Ce qui est sûr, c’est que cette belle moscovite ne laisse pas indifférent, et appelle à la rêverie !

Malgré les propositions, A:Level a toujours refusé d’en produire d’autres exemplaires, restant fidèle à sa ligne de conduite : une voiture, un client ! Pourtant, les deux fondateurs, Ivan Shishkin et Anatoly Mikhaylov, n’ont pas pu résister au plaisir, quelques années plus tard, d’en décliner une version cabriolet. Cette fois-ci, c’est la moderne BMW Série 6 qui servira de base, avec sous le capot un V8 4,8 litres de 368 chevaux.

La version cabriolet est, elle, basée sur une BMW Série 6 et dotée d'un V8 !La version cabriolet est, elle, basée sur une BMW Série 6 et dotée d’un V8 !

Cabrio 02

Il vous faudra donc un compte en banque bien garni, et une grande force de persuasion, pour qu’A:Level vous fournisse une Volga V12 ou un Cabrio Volga V8. Le plus simple sera de leur proposer un nouveau projet, car ils n’aiment rien tant que des clients imaginatifs (et fortunés of course). Sinon, vous pourrez toujours tenter de retrouver ce fameux Mister D.Z pour lui proposer de racheter son bolide. A vous de voir !


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