Volkswagen Corrado Magnum: un duo et puis c'est tout !
Comme vous le savez sans doute, j’aime les petites histoires dans la grande, et avec le Magnum, je suis servi : c’est l’histoire typique d’une petite entreprise qui l’espace d’un instant s’imaginera devenir constructeur avant de voir le rêve s’envoler par la simple décision d’un grand constructeur. Voici donc l’histoire de la Volkswagen Corrado Magnum qui aurait du permettre à Marold d’accéder au statut de constructeur.
Marold Automobil GmbH (MAG) ? Voilà un nom que peu de gens connaissent. Forcément, mis à part cet étonnant shooting brake Corrado, l’entreprise est plutôt discrète. Fondée en 1979 par Joseph Marold, elle existe toujours aujourd’hui sous le nom de PGAM GmbH (PlanungGesellschaft für Automobil und Maschinenbau). Cette société était (et est encore) spécialisée dans le prototypage, la réalisation de pièces spécifiques ou de machines pour la création de véhicules de petite série. Elle s’est depuis diversifiée vers le blindage de véhicules.
Bref, cette société se trouve située à l’époque à Georgsmarienhütte, près de la ville d’Osnabrück. Et qui croyez-vous que l’on trouve dans cette ville : le carrossier Karmann évidemment, qui fabrique le coupé Corrado depuis 1988, en remplacement du Scirocco. A cette époque, les grands constructeurs n’ont pas toujours la souplesse industrielle pour produire des « petites séries » et font appel à des sous-traitant comme Karmann, Pininfarina, Bertone, ou Heuliez par exemple. Marold travaille donc pour Karmann et pour Volkswagen.
Si les liens entre les trois entreprises sont clairs, l’histoire du Corrado Magnum est quand à elle plus floue. Difficile de déterminer si on doit son existence à la volonté de Volkswagen de « tester » le concept ou s’il s’agit d’une initiative de Marold pour séduire Volkswagen. Toujours est-il que les deux exemplaires du Corrado Magnum Sport Kombi seront produit en février et en mars 1989. Ils sont d’ailleurs agréés par le Tüv allemand. Chez Marold, on envisage la production d’une série de 200 exemplaires : pas énorme, mais de quoi tout de même élargir l’activité de MAG ! Les 2 exemplaires produits sont des G60, disposant du 1.8 litres de 160 chevaux.
Marold attendra 1991 pour connaître la décision de Volkswagen concernant son concept Magnum. Et malheureusement, il s’agit d’une fin de non recevoir. MAG fait contre mauvaise fortune bon cœur, et retourne à ses activités traditionnelles : on ne se fâche pas avec un si gros client. Pourtant, Marold cherchera à rentrer dans ses frais en revendant les 2 prototypes, l’outillage, la documentation technique, les résultats de soufflerie, l’accord du Tüv, le tout pour 2,2 millions de $. Sans succès. En 2005 pourtant, l’affaire prend une autre tournure : la société, devenue PGAM, dépose le bilan. Pour renflouer les caisses, les protos sont vendus. PGAM survivra, mais cet épisode permet à un chanceux amateur américain de Corrado de s’offrir ces deux bestioles, Graal de tout collectionneur.
Aujourd’hui, les deux Magnum, en très bon état, sont donc la propriété d’un amateur éclairé, et c’est une bonne chose. Malheureusement, ils sont actuellement bloqués aux Pays Bas car difficiles à régulariser aux Etats-Unis. Affaire à suivre donc.