Turbot 2 Turbotraction : du rêve à la réalité !
La Bande Dessinée est l’un des premiers vecteurs de la passion automobile quand on est enfant. Blake et Mortimer, Lefranc, Tintin, ou Gil Jourdan (entre autres, lire aussi: Jacques Martin et Lefranc mais aussi les chroniques de Starter) ont plus sûrement que l’Auto-Journal développé notre goût pour les jolies carrosseries et fait travailler notre imaginaire. Mais certains auteurs sont allés plus loin, en créant des marques automobiles imaginaires. La plus célèbre d’entre elles est une marque française, Vaillante (lire aussi : Vaillante). Mais la Belgique n’était pas en reste, puisque la marque Turbot accompagnait nos amis Spirou et Fantasio dans leurs aventures, avec la Turbot Rhino 1 d’abord, puis la Turbot 2, plus connue sous le nom de Turbotraction 2.
Comme on peut le découvrir sur cet excellent site dédié au petit groom et à son ami photographe/journaliste (lire aussi : http://spirou.perso.free.fr/Sp_Dossiers/VOITURES/Turbot.html), la marque des Automobiles Turbot apparaît pour la première fois en 1951 dans l’Album « Spirou et les héritiers ». On y apprend que son premier modèle, surnommé le Tandem, est sorti en 1908. Entre temps, Turbot a bien évoluée, défendant les couleurs de la Belgique en Formule 1, et développant de superbes voitures : la Rhino 1 d’abord (en 1953) puis la Turbotraction 2 ensuite (en 1958, fortement inspirée de la Ford FX-Atmos).
Les travaux préparatoires de Louis de FabribeckersSi la marque est belge, il est clair que Franquin s’inspire clairement de la marque française Talbot, dirigée jusqu’à sa revente à Simca en 1958 par Anthony Lago (lire aussi : Henri Pigozzi, l’âme de Simca). Il y a aussi un lien fort avec Citroën, vu l’attachement viscéral de la marque belge pour la traction avant. On notera l’utilisation avant-gardiste du Turbo !
La fabrication de la Turbot 2Les deux modèles apparaîtront successivement dans plusieurs albums des aventures de Spirou, devenant emblématiques de la série, et faisant rêver des milliers de bambins déjà accros à la chose automobile. Ces doux rêveurs de l’époque seront parfois à l’origine du passage du papier à la réalité de ces modèles de rêve. La première de ces voitures de bandes dessinées à voir le jour sera la Vaillante Grand Défi, sur une base Hommel, et qui sera produite en petite série (lire aussi : Vaillante Grand Défi).
La Turbotraction enfin prête !La marque Turbot ne pouvait rester à l’écart de ces « revivals », et pour l’occasion d’une exposition sur le Monde de Franquin à Paris en décembre 2004, le suisse Sbarro présenta sa vision de la Turbot Rhino 1 de 1953, sur une base de Citroën Xantia Activa V6 ! Si Sbarro tente de rester fidèle à sa sœur de papier, le résultat n’est pas à la hauteur des attentes.
L’arrière travaillé fait rêver !C’est en 2006 qu’un autre designer, belge celui-là, mais oeuvrant pour le carrossier italien Touring, va s’attaquer à la Turbotraction. Plus futuriste encore que la Rhino 1, la tâche s’annonçait ardue. Louis de Fabribekers (belge lui aussi, à qui l’on devra plus tard la superbe Maserati/Touring A8GCS) va pourtant s’en sortir bien mieux que le designer suisse, en restant fidèle à son modèle dessiné et en proposant une version tout à fait crédible de cette voiture incroyable. Sous le capot, on trouve un moteur de Porsche 924, situé à l’avant. La Turbotraction est évidemment une… traction ! Ce qui fait qu’il s’agit sans doute de la seule traction avant à moteur avant dotée d’un moteur Porsche.[EDIT: comme me le signale Christian, lecteur avisé, il s’agit bien d’un châssis de Porsche 924: la Turbotraction est donc… une propulsion !]
En revanche, si l’on sait qu’il s’agit d’un moteur de 924 que Fabribeckers a choisit, quid du modèle exact ? S’agit-il d’un 2 litres atmosphérique de 125 ch, comme indiqué parfois ? Ou bien d’un 2 litres turbo de 170 ou 177 ch issu d’une 931 ? Cette deuxième option n’est jamais indiquée, alors qu’elle semblerait la plus crédible pour « respecter » l’idée de Franquin d’un moteur Turbo !
Si cette Turbotraction fabriquée par Touring sera exposée à Bruxelles en octobre 2006 pour une autre exposition dédiée au monde de Franquin, il s’agit pourtant d’une commande d’un riche collectionneur d’automobile et passionné par Spirou : cette voiture existe donc toujours, et surtout, roule encore ! Il est donc aujourd’hui possible de résoudre le mystère de son moteur : alors turbo ou atmo ?
Images : Corriere dela Sera