Toyota Prius XW10: la pionnière
Je ne suis pas le plus grand fan de Toyota qui existe, mais je dois reconnaître qu’il s’agit d’une marque très intelligente dans sa communication, pour ce que j’en ai vu. Ayant bien compris Boîtier Rouge et son concept « hybride », la marque japonaise ne s’est pas contentée de m’inviter essayer la GT86 dans des conditions de course (lire aussi : Toyota GT86). Elle m’a aussi convié à assister au Salon de Genève, avec une petite surprise à la clé. Non contente de nous présenter la Mirai, la première voiture mêlant moteur électrique et pile à combustible, Toyota nous avait aussi concocté une rencontre avec les 3 premières générations de Prius pour un parcours (embouteillé) dans Genève.
Pour cette escapade, j’étais accompagné de mes confrères d’Automobile Propre (www.automobile-propre.com) et d’Hybride Life (http://www.hybridlife.org/). Toyota s’était mise en quatre pour trouver auprès de ses concessionnaires suisses un exemplaire de la première génération de Prius (officieusement appelée P1, mais au nom de code XW10), un autre de la seconde (P2, ou XW20, apparue en 2003), et enfin un exemplaire de la dernière génération (P3 ou XW30 apparue en 2009). Si les deux derniers modèles furent faciles à trouver, dégoter le premier fut paraît-il moins aisé.
Les 3 Prius, XW10, XW20 et XW30 nous attendent sous la pluieC’était justement ce modèle qui m’intéressait, car l’initiateur de toute une série qui nous paraît totalement normale aujourd’hui, mais qui détonnait à l’époque de sa sortie en 1997. Car ne l’oublions pas, si de nombreuses tentatives de véhicules électriques avaient été lancées depuis les débuts de l’automobile, la Prius s’offrait le luxe d’être la première hybride électrique/thermique produite en série, en masse, et commercialisée partout dans le monde. La P1 n’avait rien de très sexy, mais elle était pourtant révolutionnaire. Si 18 ans après, l’hybride tombe sous le sens, et équipe de nombreuses voitures (et pas que des Toyota, en gros tout le monde s’y est mis), à l’époque c’était un sacré pari. Non seulement Toyota avait mis le paquet en investissant pas mal de pognon, mais la marque croyait suffisamment en son produit pour accepter de le vendre à perte pour créer le marché (la voiture coûtait à produire deux fois son prix de vente dans les premiers temps). Bien lui en a pris.
En voiture Simone, au volant de la P1 NHW11 de 2000 !C’est en 1993 que Toyota créé le G21. Non il ne s’agit pas d’un concurrent des supérettes G20, ni d’un alcool à base de menthe destiné à tailler des croupières au Get 27, mais d’un groupe de travail réunissant experts et ingénieurs pour inventer la voiture du 21ème siècle. En moins de deux ans, il proposeront une solution nommée Prius (un rappel au latin prior, c’est à dire « avant », qui se décline, en prius au neutre singulier au vocatif, nominatif et à l’accusatif, bandes d’ignorants!) au salon de Tokyo 1995. Les solutions sont toutes trouvées, et il ne faudra que 2 ans pour industrialiser et commercialiser la Prius XW10. Si l’auto se démarque pas sa motorisation (un 1,5 litres thermique de 58 chevaux associé à un moteur électrique de 40 ch), elle se démarque aussi par son style.
Le prototype de la Prius présentée en 1995 à TokyoEn voyant alignées les 3 générations de Prius, il est facile de trouver la P1 ringarde, avec ses lignes rondouillardes et un poil déséquilibrées. Mais la stratégie de Toyota n’était pas de la rendre sexy, mais plutôt de marquer sa différence, avec une ligne nouvelle et dérangeante pour certains. Stratégie risquée, mais qui paiera particulièrement lorsque la Prius sera exportée aux Etats-Unis à partir de 2000. Elle deviendra la voiture des stars écolos de Californie, et bénéficiera à fond du buzz, devenant contre toute attente une voiture tendance. Comme quoi le design ne fait pas tout (ou alors justement, ce design atypique et clivant permettait de bien marquer sa différence).
La P1 a un look un peu daté aujourd’hui, mais futuriste à l’époque !A la conduite, la P1 se révèle encore tout à fait d’actualité, malgré un intérieur daté, et un ordinateur de bord proche d’un Tétris. Mais là encore, si aujourd’hui nos voitures sont toutes équipées d’écrans tactiles, à l’époque, peu disposaient d’un ordinateur si sophistiqué. Levier de vitesse (au volant) sur Drive, c’est parti pour un tour dans Genève. Bon ok, c’est pas un foudre de guerre, mais en circulation urbaine, c’est largement suffisant. Et quant on la compare aux P2 et P3, plus puissantes, on ne découvre pas le gouffre auquel on s’attendait. Au total, 123 000 exemplaires de cette première génération trouveront preneur au Japon (à partir de décembre 1997) et dans le monde entier (entre 2000 et 2003). Bien sûr, rien à voir avec la P2 et ses 1 192 000 exemplaires entre 2003 et 2009, mais elle eut le mérite d’amorcer la pompe, et d’imposer le concept dans l’esprit des consommateurs, et chez ses concurrents. A noter que la P1 se décline en deux versions : la NHW10 produite pour le Japon entre fin 97 et 2000, et la NHW11 un peu plus puissante (moteur thermique de 70 ch et moteur électrique de 44 ch) à partir de 2000 pour le monde entier, sous une carrosserie quasiment identique.
C’est parti !Merci à Toyota pour cette rencontre étonnante avec toutes les générations de Prius, et pour ce séjour Genevois. Il m’aura fallu du temps pour combler le retard pris depuis mars, et je remercie Stéphane pour sa patience !
Photos: Toyota et Hybride Life !