CLASSICS
FRANÇAISE

Top Ass / jeu d'atouts : l'enfance n'est jamais loin

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 12/03/2014

Voilà un terrain d’enquête difficile : ses propres souvenirs. Des mois que j’ai en tête cet article, et que le nom de ce jeu m’échappe. Et c’est alors que la lumière vint des réseaux sociaux. Les vieux potes de classe, qui eux aussi frénétiquement s’exercèrent à ce jeu de bataille invraisemblable, me rappelèrent enfin de quoi il s’agissait : le jeu d’atout.

Oui oui, une photo suffit à faire remonter à vos narines l'odeur de votre Choco BNOui oui, une photo suffit à faire remonter à vos narines l’odeur de votre Choco BN

L’adversaire en culottes courtes annonce fièrement : longueur 6,13m… Battu à plat de couture, j’abandonne mon Austin Mini face à cette Classe S limousine. Je réplique avec un 301 km/h en vitesse de pointe avec ma Countach et laisse pantois mon camarade qui ne pensait pas prendre une déculottée avec son honorable Mercedes SL.

Incroyable. Je revois la cour de récré, les billes dans ma poche, et mon sac USIncroyable. Je revois la cour de récré, les billes dans ma poche, et mon sac US

Jeu d’atout pour les uns (terme générique?), Top Ass (je ne parlais pas anglais à l’époque, le nom me semble incongru aujourd’hui, aurais-je vieilli?), pour les autres, ces jeux nous occupaient de longues minutes pendant les récréations (en concurrence avec la bille ou le foot, au choix). Il me semble que ces quelques cartes battues, et jetées comme un défi au sol, ont plus fait pour ma culture automobile que l’ensemble de la documentation lue, vue, digérée et collectionnée depuis. On y voyait la production automobile de l’époque, de la plus populaire R5 jusqu’à la plus baroque des Excalibur.

Les critères automobiles étaient par ce jeux totalement inversés. Aujourd’hui, les conducteurs que nous sommes savent que, comme le disait Colin Chapman (fondateur de Lotus) « Light is Right ». Mais à l’époque, choisir la catégorie poids voulait dire qu’il valait mieux posséder la grosse berline de chez Mercedes que la Lotus Europa. Magie de l’enfance.

Nous étions à l’époque, ne l’oublions pas, bercés par l’automobile, bien que d’une génération post « choc pétrolier ». L’heure était encore à l’admiration plus qu’à la jalousie, malgré la modeste Peugeot 304 familiale. Quant à la question écologique, elle nous passait par dessus la tête soyons francs.

A l'époque, on buvait du Tang, et on mangeait des Treets (et on rapportait les bouteilles de Fanta à la consigne)A l’époque, on buvait du Tang, et on mangeait des Treets (et on rapportait les bouteilles de Fanta à la consigne)

Le jeu d’atout, ou de « comparaison », se déclinait en toute discipline motorisée : bateaux, camions, avions (j’étais toujours dépité de voir mon Mirage 2000 tout juste sorti des chaines de chez Marcel Dassault se faire bêtement battre par un Mig de dix ans son aîné pour une bête histoire de Mach). Et il se poursuivait dans la rue : choisir une bagnole garée, regarder le compteur, et annoncer fièrement : 200 km/h, la vitesse maxi annoncée sur le tachymètre.

Aujourd’hui, les applis ont remplacé les jeux d’atouts, et le monde ne s’en porte pas plus mal. Mais, mes camarades et moi (je l’ai vérifié ce soir), nous en gardons un souvenir ému et partagé.

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