Rover SD1 : madeleine de Proust à l'anglaise
Il y a des voitures qui marquent, sans qu’on s’en aperçoive. En feuilletant mes nombreuses archives, je retombe sur une photo de la Rover SD1 et immédiatement les souvenirs remontent. Le père d’un ami de classe, éditeur à Paris, roulait avec ce véhicule. Nous partions chez lui en week-end à Louveciennes, et quelques rares fois, nous avions le droit de monter dedans plutôt que dans la R16 familiale (lire aussi: Renault 16 TX).
Rien qu’en voyant cette simple photo, les odeurs du cuir me sont remontés à pleines narines. J’ai aussitôt revu ce tableau de bord si futuriste qu’il a fallu que je fouine sur le net pour vérifier si je ne l’avais pas rêvé. Sa ligne aussi, basse et profilée, sorte de fusion d’une Citroën CX avec une Ferrari Daytona, était particulièrement réussie, tandis qu’un moteur V8 de 3,5 litres et 157 chevaux (193ch pour la version Vitesse) vous propulsait à une vitesse supérieure à 200 km/h, ce qui n’était pas rien pour une berline de ce gabarit.
La Rover SD1 fut présentée en 1976, uniquement en V8 (3500). La crise pétrolière étant passée par là, des 4 cylindres, 6 cylindres et même diesels vinrent compléter la gamme. Une version modernisée donna un coup de jeune à la belle anglaise en 1981, qui sera fabriquée jusqu’en 1986 (pour un total de 303 245 exemplaires).
Rover, dotée d’un tel haut de gamme, décida même de tenter l’aventure américaine en adaptant la SD1 aux standards fédéraux. Fabriquée et modifiée en Angleterre puis exportée vers les USA, elle était beaucoup trop chère, et ne réussira pas à trouver plus de 1200 clients entre 1980 et 1981, date à laquelle Rover arrêta les frais.
La SD1 a marqué une génération par sa ligne certes, mais aussi parce qu’elle fut adoptée par la police anglaise. Je me souviens d’avoir été épaté de découvrir à Londres en 1986 ces superbes berlines avec gyrophares quand la police française roulait encore en R14 (lire aussi: Renault 14). On pouvait aussi les apercevoir dans Benny Hill le dimanche soir (et oui, le temps passe vite) !
Cette Rover atypique a en tout cas contribué à créer en moi cette passion pour les automobiles, et en parcourant le net à la recherche de quelques infos, j’ai pu constater n’être pas le seul.