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Renault Twingo : la fin d’un mythe

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 14/06/2021

La petite citadine lancée par Renault en 1992 semblait immortelle. Certes, elle avait bien changé au fil des années et des générations, et sans doute perdu aussi un peu de son sex-appeal, mais elle faisait partie du paysage et paraissait indéboulonnable, à l’instar de sa grande sœur Clio. Mais si cette dernière continuera sa route au sein de la gamme Renault, ce n’est pas le cas de la Twingo, qui tirera sa révérence à la fin de sa carrière au profit, ironie du sort, du revival électrique de la R5 et peut-être même d’une nouvelle R4. La fin de carrière de la Twingo en désole certains mais il fallait s’y attendre, tant le marché a évolué.

Luca de Meo l’a confirmé lors de sa conférence de presse Renaulution du 14 janvier 2021 : dans le futur plan produit, il n’y aura pas de place pour la Twingo qui semble avoir fait son temps. Certes, elle continuera encore jusqu’en 2023 environ, le temps de préparer sa “remplaçante” présentée ce jour-là, une Renault 5 revisitée entièrement électrique, mais au-delà de cette date, adieu la Twingo. Cette décision pourrait sembler étonnante mais elle ne l’est pas vraiment. D’abord Renault, en grave crise financière depuis quelque temps et qui a subi de lourds problèmes de gouvernance après l’affaire Carlos Ghosn, doit impérativement se réinventer et sortir de l’ornière. 

Privilégier la Renault 5 à la Twingo

Le nouveau patron, Luca de Meo, doit relancer la machine avec de nouveaux modèles. Jouant la rupture et, paradoxalement, la nostalgie, l’homme qui avait relancé la Fiat 500 chez Fiat semble considérer que la Twingo rappelle une époque encore trop proche (les années 90) et n’a pas su se réinventer. Pour aborder le virage de l’électrique, c’est donc l’icône pop du Losange, la Renault 5, qu’il a préféré faire revivre, laissant de côté une Twingo devenue anecdotique sur le marché.

C’est sans doute là qu’est le problème : la Twingo est has-been. Soit parce qu’au fil des générations, elle s’est banalisée et a perdu son identité (faisant elle-même, dans sa dernière version, des clins d’oeil à la R5, preuve d’une perte de sens de l’appellation), soit parce que la première du nom, celle qui connut un insolent succès, rappelle une époque qu’on préfère oublier : celle des monospaces. En effet, au début des années 90, à l’heure de remplacer la mythique Renault 4 devenue obsolète, c’est une sorte de mini-monospace qu’on imagina, pour coller à la dynamique du marché de l’époque faisant la part belle à ce type d’architecture et à son leader incontesté, le Renault Espace. Monovolume, avec son look de batracien, sa simplicité, sa modularité, la Twingo allait emporter les cœurs des petits budgets, des citadins et des femmes en général. Pas chère à fabriquer (avec son Cléon-Fonte), abordable à l’achat, elle créait un nouveau segment en dessous des citadines classiques de l’époque (Clio, Peugeot 205).

Une première version à succès

La première version évoluera par petites touches (légers restylages, nouveaux moteurs plus modernes) jusqu’en 2007, s’écoulant ainsi à plus de 2,6 millions d’exemplaires. Plutôt que de faire évoluer le concept, Renault décida de banaliser sa petite puce, oubliant pourtant que c’était bien l’originalité de la Twingo qui lui avait fait rencontrer le succès. La Twingo II s’offrit alors un look passe-partout tout en se contentant de 3 portes, quand la concurrence (Peugeot 108, Citroën C1) allait jusqu’à en proposer 5. Alors que la Twingo I jouait le décalage, la Twingo II optait pour la discrétion. Produite jusqu’en 2014, il ne s’en écoulera que 900 000 exemplaires. Un score honorable, mais loin de celui de son aînée (et sans son charisme). Cette année-là, Renault présentait sa Twingo III, étudiée en même temps que la Smart Forfour et produite au même endroit, à l’usine Renault de Novo Mesto

Une lente perte d’identité

Pour ce troisième opus, Renault décida de réinventer la Twingo mais sans ligne directrice. Pour l’originalité, c’est le moteur à l’arrière qui fut mis en avant. Pour le style, on lorgnait sur la Renault 5 sans vraiment se l’avouer. La cohérence n’était pas vraiment là mais la voiture semblait rencontrer son petit succès, s’écoulant jusqu’à 45 000 exemplaires en 2015. Il faut dire aussi que le marché des petites citadines s’est écroulé, la clientèle délaissant ces modèles pour l’électrique (la Zoé chez Renault notamment), ou des mini-SUV comme le Captur ou le Peugeot 2008. La “mini” n’avait plus la cote tant auprès de la clientèle que chez les constructeurs : il faut dire que les marges sont faibles sur ce marché. Face à la chute des volumes, la chute des marges et la chute de son image de marque, la Twingo n’avait objectivement plus d’avenir.

Les nostalgiques pourront bien pleurer, cela n’y changera rien. Mais la fin de la Twingo ne veut pas dire sa mort. La R4 à laquelle elle succéda comme voiture d’entrée de gamme est aujourd’hui un véritable collector (ironie du sort, c’est sans doute une nouvelle R4 électrique qui prendra la suite de la Twingo). Dès aujourd’hui, les premières Twingo se collectionnent (des versions de base du lancement aux séries spéciales nombreuses et variées, en passant par la rare et luxueuse Twingo Lecoq). Bientôt, ce seront les Twingo II dans leurs versions sportives (RS ou Gordini essentiellement), voire sa déclinaison Wind. Et, qui sait, peut-être qu’un jour les Twingo III s’arracheront pour le côté exotique de leur moteur arrière ?

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