Renault Torino : la gloire argentine
Vous pensiez connaître tous les modèles Renault ? J’en ai pourtant trouvé un qui a des chances de vous être inconnu: la Renault Torino. Bon je triche un peu puisque cette Renault n’a jamais été vendue en France, et n’est même pas née Renault, mais c’est l’occasion pour moi de vous parler un peu de l’automobile argentine.
Dans les années 50, l’Argentine souhaite développer une industrie automobile dans son pays, et c’est naturellement vers les Etats-Unis qu’elle se tourne, et notamment le constructeur américain Kaiser, qui créé en 1956 sa filiale argentine Industrias Kaiser Argentina (IKA). Dans un premier temps, IKA produira des Jeep Willys, renommées IKA Baqueano (pick up) ou Estanciera (tôlé), mais aussi une berline dérivée de la Kaiser Manhattan, l’IKA Carabela.
Pendant ce temps-là, Renault en France connaît un réel succès avec la Dauphine, et la Régie décide d’inonder le monde avec son petit modèle populaire. La Dauphine tentera de conquérir le marché US, mais Renault ne s’arrête pas là, et veut s’attaquer à l’Amérique Latine. Pour cela, la Régie signe un accord avec IKA pour la production de la Dauphine en 1959, et entre minoritairement au capital de la firme argentine.
A partir de cette date, IKA fabriquera de nombreuses Renault comme la Dauphine et l’Ondine (1960-1970), la Frégate (1960), la Renault 4 (1963-1987), mais conserve une gamme très « américaine » grâce à ses accords avec une autre marque américaine : AMC Rambler. Mais IKA réfléchit à une voiture 100 % argentine. C’est ainsi que naîtra la Torino en 1966. Basée sur une Rambler American, elle possède un dessin original, et est disponible en berline ou coupé.
En 1967, Renault se renforce en Argentine et prend la majorité du capital d’IKA qui devient IKA-Renault, et récupère l’ensemble de la gamme sous sa marque. Si les modèles « non » Renault disparaissent petit à petit (les jeep en 1967, l’Ambassador en 1972), la Torino, elle, s’installera durablement dans la gamme Renault au milieu des R6, et R12 désormais produites en Argentine, et ce jusqu’en 1982.
Le secret de sa longévité bien qu’elle ne fut pas une Renault ? Sa côte d’amour auprès des argentins, qui la considérait comme LA voiture argentine par excellence. Renault la positionna sur le marché comme une voiture de luxe. Il faut dire qu’elle bénéficiait d’un« gros moteur » d’origine américaine, contrairement aux Renault (un 6 cylindres en ligne développant 155 ch dans sa version de base, et 176 ch dans sa version sport). Elle eut des clients célèbres, comme le pilote argentin Fangio, Léonid Brejnev, ou Fidel Castro.
En 1970, Renault prend le contrôle total d’IKA, qui deviendra Renault Argentina en 1975, mais ça, c’est une autre histoire.
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