Renault 5 Turbo : l'idole des jeunes (de l'époque) !
Depuis le temps que je vous parle de petites sportives françaises (Clio V6, 205 Turbo 16 entre autres), il était temps que je m’attaque à ce monument qu’est la Renault 5 Turbo. Lorsque j’étais gamin, j’étais littéralement subjugué par sa ligne de R5 bodybuildée. A l’époque je ne soupçonnais pas sa particularité par rapport aux autres R5 sportives (lire aussi : Renault 5 Alpine), à savoir son moteur à l’arrière. J’étais trop petit pour saisir les subtilités techniques qui parfois m’échappent encore aujourd’hui.
Lorsqu’une telle auto s’incruste dans une gamme relativement sage (malgré la présence de la Renault 5 Alpine), c’est rarement pour des raisons purement commerciales. Comme pour le 205 Turbo 16 qui naîtra plus tard, il s’agit d’engager la petite Renault 5 en rallye, nécessitant pour l’homologation la production de 400 exemplaires.
Chez les constructeurs français, les citadines sont déjà primordiales dans les ventes, et il faut les promouvoir. Renault veut enfoncer le clou et promouvoir sa Renault 5 grâce à des succès sportifs. Voilà pourquoi naîtra la Renault 5 Turbo, puis Turbo 2 (un peu plus civilisée). Dans cette configuration, la R5 devient propulsion, et reçoit donc son 4 cylindres Cléon fonte retravaillé chez Alpine en position centrale arrière.
Elle dispose ainsi de 160 ch tiré de ce vénérable moteur de 1,4 litres. Si cela paraît peu au regard des puissances d’aujourd’hui, rappelez-vous qu’elle ne pèse pas la tonne. Contrairement à la 205 Turbo 16, elle ne connaîtra pas autant de succès en rallye, submergée par les puissantes Audi Quattro et l’avènement des intégrales, mais à l’inverse, sa version civile sera proposée à la vente de 1980 à 1986, en deux versions successives (Turbo puis Turbo 2), avec un relatif succès.
Là où Peugeot s’arrêta à 200 exemplaires, Renault réussit à vendre 1 678 exemplaires de la Turbo et 3 284 exemplaires de la Turbo 2. Pas si mal pour une voiture inclassable, difficile à conduire (surtout la Turbo), limitée à 2 places et sans l’aura sportive prévue. Rendons hommage à Renault d’avoir persévérer et fait rêver le gamin que j’étais.
Stylistiquement, la Turbo respire la puissance. On ne reconnaît quasiment plus les traits de la R5, tant elle est élargie par les ailes. Même dans une version strictement d’origine, elle paraît prête pour la course, avec ses pneus plus larges à l’arrière qu’à l’avant, son gros cul et sa face avant agressive.
la Turbo 2 est plus civilisée, et moins psychédélique à l’intérieurL’arrivée en 1986 de la Supercinq, et la déferlante 205 Gti sonnera le glas de ce monstre inclassable, et Renault rentrera dans le rang avec une Supercing GT Turbo plus à même de concurrencer la lionne de Sochaux. Cependant, la R5 Turbo inscrira encore un peu plus dans les gênes de Renault la capacité à oser l’impensable. C’est ainsi que quelques années plus tard, comme un hommage, naîtra le Renault Clio V6, aussi improbable que son aînée.
Si l’envie vous prend de retrouver un peu de vos souvenirs d’enfants, il faudra sortir le cash. La bête est de plus en plus recherchée, surtout la Turbo, plus orientée course, à l’intérieur plus original, et surtout plus rare, et bien entendu les prix s’envolent vers des sommets déraisonnables. Mais quand on aime, on ne compte pas !