Renault 4S Mini : la quatrelle inconnue !
Lorsqu’en 1961 sortent les Renault 3 et 4, personne n’aurait imaginé que cette dernière (la 4 hein, pas la 3 qui fit un bide, lire aussi : Renault 3), serait produite jusqu’en 1992 (et vendue jusqu’en 1994) à plus de 8 millions d’exemplaires. Elle eut bien entendu droit à une multitude de versions et de carrosseries (fourgonnette, pick up, voire même voiture de plage avec la JP4, lire aussi : Car Systeme JP4). Mais aviez-vous jamais entendu parler de la Renault 4S, ou 4 Mini ?
Rassurez-vous, je n’en avais pas entendu parler non plus, avant qu’un lecteur ne me la suggère. Mais alors, me direz-vous, qu’est-ce donc que cette Renault 4S (ou Mini) ? Il s’agit d’un modèle spécifique à l’Uruguay, petit pays coincé entre le géant brésilien et le géant Argentin dont il est séparé par le fleuve Uruguay et le Rio de la Plata. Ilôt hispanophone à l’extrémité d’un Brésil lusophone, c’est tout naturellement vers l’Argentine que l’Uruguay commerce, notamment en matière d’automobile.
Avouez que c’est rigolo de voir écrit: « pour ses 33 chevaux de force » comme argument de vente !Renault était très présent en Argentine depuis la fin des années 50 en association (puis rachat) avec IKA (lire aussi : Ika Renault 40, Renault 12 Alpine ou bien Renault Torino). Ainsi, dans l’usine de Cordoba, on produisit dès 1963 des Renault 4 pour les marchés sud-américains.
Renault était bien entendu distribuée en Uruguay, d’abord par la société Enrique Abal y Cia, puis à partir de 1962 par un nouveau distributeur/assembleur, Santa Rosa Automotores. Et les patrons de cette nouvelle société eurent une idée de génie : pour pallier les droits de douane très importants sur les produits finis importés, et notamment les automobiles, ils allaient devenir un constructeur à part entière. L’astuce ? La taxe n’étant appliquée que sur les produits finis, Santa Rosa se mit alors à acheter à IKA-Renault des utilitaires en cours de montage, des châssis et des pièces détachées pour créer sa propre version de la R4 : la Mini (ou 4S).
Avouez que ce modèle est étonnant : une sorte de coupé 4L en somme, avec son avant identique, ses 4 places, ses deux portes avant et son arrière fuyant façon « hatchback », doté dans un premier temps d’un hayon, puis ensuite d’un coffre, la pente n’étant plus alors due qu’aux montants arrières de la voiture. Bon d’accord, la Mini 4S ressemble plus à du bricolage qu’à autre chose, et ne remportera jamais un prix de beauté, mais, sans avoir pu trouver un chiffre précis, on peut envisage que plus d’un millier d’exemplaires seront fabriqués avant que la société Santa Rosa ne se mette à faire de l’assemblage en CKD plus conventionnel (Renault 12, 18, 11, etc).
Malgré sa relative rareté, on en trouve encore en circulation en Uruguay aujourd’hui. Etant donné le côté très artisanal de cette voiture, faites de bric et de broc en fonction des pièces détachées disponibles, vous n’en trouverez quasiment jamais une identique à l’autre : une R4 artisanale, originale, faite à la main ou presque, donc furieusement tendance ! Ca vaudrait presque le coup d’en importer une en Europe, histoire d’épater les copains dans les rassemblements ! Allez, chiche ?