Renault 4 Plein Air : un bide "sans pareil" !
En tentant de dépoussiérer un petit peu certains de mes anciens articles, je suis retombé sur l’un des tous premiers sur la Renault Safrane Biturbo, que j’avais titré trop rapidement « la plus rare des Renault » (lire aussi : Renault Safrane Biturbo). J’ai alors repensé à la Renault 4 Plein Air qui, dans son genre, avait déjà battu ce record depuis bien longtemps.
Me voilà donc parti pour vous raconter l’histoire de cette séduisante variante de la fameuse 4L qui fut pourtant un bide pour la régie Renault. Tout commence bien sûr avec le lancement de la révolutionnaire Renault 4 en 1961 et de sa malheureuse sœur la Renault 3 (lire aussi : Renault 3). Si la 3 ne rencontra pas le succès, la 4 devint rapidement un best-seller, en berline ou en fourgonnette. De son côté, la société Sinpar (du latin : « sans pareil »), recréée en 1946, s’était spécialisée dans les treuils et les boîtes de transfert, et modifiait des utilitaires en version 4 roues motrices, voire 6 ! Bien entendu, Sinpar s’attaqua rapidement au cas de la Renault 4 pour en proposer des versions 4 roues motrices, en berline ou en fourgonnette, destinées à l’administration ou aux sociétés, et parfois à quelques particuliers.
La Torpédo de Tanguy et Laverdure, qui n’est PAS une Plein Air !C’est dans cette logique qu’en 1964 Sinpar propose à l’Armée Française des R4 Torpedo, ancêtre de la Renault 4 Plein Air. Mais contrairement à elle, la Torpedo est basée sur la fourgonnette, et dispose de la transmission intégrale Sinpar ! Cette Torpédo fut rendue célèbre par la série Tanguy et Laverdure dans ces années là : c’était la voiture de Michel Tanguy. Elle eut même droit à sa déclinaison Dinky Toys, marquant durablement l’esprit des enfants de cette génération ! Beaucoup l’appellent pourtant Plein Air alors qu’il s’agit bien d’une Torpédo !
Contrairement à la Sinpar, la version Torpédo dérive d’une fourgonnette.Au même moment, de l’autre côté de l’Atlantique, se développe une nouvelle mode : celle du Dune Buggy. Le succès du Buggy Manx (lire aussi : Meyers Manx) ne laissait pas insensible les pontes de Renault et les gars de chez Sinpar. La Mini Moke, lancée en 1964, sans être un raz de marée, constituait la preuve qu’un marché du véhicule de loisir existait (lire aussi : Mini Moke). Et puis, en cette fin des années 60 souffle comme un vent de liberté, que mai 68 viendra confirmer. Aussi, Renault confie à Sinpar la tâche de concevoir (puis produire) un dérivé « loisir » de la Renault 4, dénommée Plein Air.
Lancée le 15 mai 1968, elle devance d’une journée l’autre petit véhicule de loisir de l’époque, la Citroën Méhari, présentée le 16 mai à Deauville (lire aussi : Citroën Méhari). Mais les événements de 68 éclipsent un peu la sortie des deux voitures de plage françaises. Renault réalise un spot de lancement assez rigolo aujourd’hui (à voir en bas d’article), et l’exposera au Salon de Paris 1968 et à l’Exposition Universelle de Montréal.
A défaut de succès commerciale, la Plein Air connut un certain succès publicitaire (ici une pub pour des collants en Allemagne)Contrairement à la Torpédo, la Plein air dérive d’une berline, dont elle perd les portes, le toit et le hayon arrière pour devenir totalement découverte. Une capote sommaire permet de s’abriter de la pluie éventuelle, tandis que de simples chaînes remplacent les portes. Des renforts métalliques seront rajoutés pour garder un tant soit peu de rigidité, tandis que le niveau d’équipement s’aligne sur celui de la série spéciale La Parisienne qu’elle remplace dans la gamme (lire aussi : Renault 4 Parisienne).
Côté mécanique, on retrouve le petit 4 cylindres de 845 cm3 développant 27 ch, mais pas de transmission intégrale. La voiture est plutôt amusante, et relativement séduisante, mais elle n’obtiendra jamais le succès escompté. Le marché de ce type de véhicule s’avère relativement petit, et la concurrence de la Méhari qui coûte bien moins cher grâce à sa carrosserie en ABS empêche la R4 Plein air de prendre son envol. Mais rappelez-vous que les débuts de la Méhari ne furent pas faciles non plus : c’est son incroyable longévité (20 ans) qui nous l’ont rendu si mythique, et si Citroën avait fait comme Renault avec la Plein Air, on ne s’en souviendrait plus ou presque !
Car Renault justement, devant les chiffres de vente ridicules de la Plein Air, décide d’arrêter la production en mars 1970, après seulement 3 petits millésimes et, selon les sources, entre 550 et 650 exemplaires fabriqués ! Trop chère, pas assez polyvalente, sur un petit marché, face à une concurrence sérieuse, la Renault 4 Plein Air n’avait pas assez d’atouts. D’ailleurs, Renault avait senti le vent tourner très vite, puisqu’il s’était alors associé avec le constructeur ACL (Atelier de Construction du Livarois, qui devint par la suite Teilhol) pour lancer en 1970 une vraie concurrente à la Méhari, la Rodéo (lire aussi : Renault Rodéo).
La succession était assurée, la casse limitée, et Renault s’en tira sans trop de bobos. Aujourd’hui, vue sa rareté, la Plein Air retrouve tout son intérêt, surtout depuis que les Méharis s’arrachent à des prix fous. Alors quitte à payer cher, autant d’offrir une vraie rareté qui fera tourner les tête et vous inscrira tout de suite dans la catégorie des spécialistes éclairés plutôt que dans celle des bobos suiveurs de mode. Et si vous n’avez pas les moyens, n’hésitez pas alors à vous tourner vers une 4L de plage un peu plus moderne, la Car Système JP4 (lire aussi : Car Système JP4), alternative bien moins chère et toute aussi distinctive.
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