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Renault 15 et 17 : coupés décalés

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 16/08/2022

Il fut un temps où lancer un coupé 4 places populaire ne relevait pas du rêve, mais bien de la réalité, un temps où les SUV n’existaient pas, pas plus que les monospaces. A cette époque, une ligne légèrement sportive trouvait sa place et sa clientèle, même avec de petits moteurs. Dans ces années 70 encore autophiles, malgré deux crises pétrolières en début et fin de décade, Renault n’hésitait pas à dériver pas moins de deux coupés de sa berline moyenne 12 sous les noms de 15 et 17 : deux voitures qui, mine de rien, trouvèrent près de 300 000 clients.

Pour donner corps à ces deux coupés et se démarquer de la Renault 12 dont ils découlent, c’est bien entendu Gaston Juchet qui s’y collera : le styliste, qui travaille pour Renault depuis 1958, a révolutionné le design de la régie dans le haut de gamme avec notamment la Renault 16, sa modularité et sa ligne deux volumes à hayon. Une patte stylistique que Juchet gardera avec la 14, la 20, la 30, la 25 et la Fuego, mais aussi évidemment nos deux 15 et 17 (sans hayon) mais aussi avec l’Alpine A310.

Le renouveau de Renault

Car oui, en y regardant bien, le duo losangé possède un popotin pouvant se rapprocher de la nouvelle dieppoise sortie la même année. L’avant, en revanche, tend à garder une certaine unité de style avec la mère 12, mais la 17 prend quelques libertés avec des doubles phares ronds à l’américaine. Les Renault 15 et 17 seront d’ailleurs vendue aux Etats-Unis pendant quelques temps, sans marquer les esprits (la Fuego, son héritière, connaîtra en revanche un certain succès outre-Atlantique).

Une Renault 15 GTL « américaine » avec ses phares ronds comme ceux des 17.

Une chose était sûre cependant : Renault comptait bien faire des années 70 sa décennie, profitant des déboires de Citroën et de la prudence stylistique de Peugeot. Avec l’ingénieuse 4, la pétillante 5 (et son hispanique dérivé trois volumes 7/Siete), la moderne 12, la certes vieillissante mais toujours dans le coup 16 et les amusantes 15 et 17, Renault commençait la décade en fanfare, pour la terminer dans la modernité avec les 20 et 30 en haut, la 14 au milieu et pour finir la 18 remplaçant la 12. Dans la foulée, la Fuego prenait la place des 15 et 17.

Les Renault 15 se veulent plus accessibles et plus familiales.

Des coupés très seventies

D’une certaine manière, les 15 et 17, fabriquées de 1971 à 1979, sont des voitures terriblement “seventies” : modernes et ringardes à la fois, sportives d’allure mais placides en réalité (même en version Gordini, pourtant dotée de 108 chevaux). Le nuancier était lui aussi bien de son époque, privilégiant les vert, jaune, rouge ou orange si prisés en ces temps-là (rappelez-vous les papiers-peints ou les serviettes de table).

La 17 se présente plus sportive et plus haut de gamme (avec son toit ouvrant optionnel).

Dans l’organisation de la gamme, la 15 représentait les modèles accessibles, avec des moteurs plus petits (Cléon-fonte de 1 289 cc et 60 chevaux, Cléon-alu de 1 565 ch et 90 ch), un look moins agressif et une surface vitrée plus grande : un coupé familial en somme. La 17, elle, se voulait plus exclusive, avec ses doubles phares, sa custode en plastique noir, ses sièges “pétales”, l’option “découvrable” et ses moteurs plus puissants (Cléon-alu de 90 chevaux à carbu ou 108 chevaux à injection, 1 647 cc de 98 chevaux un peu plus tard, voire 1 605 cc de 108 chevaux aussi pour les Gordini).

En haut l’intérieur d’une 15 et en bas celui d’une 17.

Une carrière commerciale discrète mais solide

La carrière des 15 et 17 aura été un long fleuve tranquille : la voiture ne cassait pas la baraque, ne faisait pas de vague, semblait faire partie du décor, mais avec 94 969 unités pour la 17 et 209 887 pour la 15, elle renvoyait dans ses cordes les si belles et si recherchées Peugeot 504 coupés ou cabriolets, certes plus chères et positionnées plus haut de gamme. Paradoxalement, les coupés de la Régie sont aujourd’hui bien plus rares que les 504 CC sochaliennes. Considérés comme moins nobles, ils finirent souvent à la casse à chaque balladurette, juppette et autre incitation au changement de voiture.

En haut une 15, en bas une 17 : deux personnalités sur une même base.

Dommage, car avec leurs mécaniques simples (les Cléon serviront sur des Renault jusque dans les années 90 avec la Twingo), leur ligne étrange mais finalement séduisante, leur confort (notamment avec les sièges “pétales”) et leur coût d’achat raisonnable, les Renault 15 et 17 sont d’excellentes premières voitures pour se lancer dans la collection. Il faudra assumer ce style très 70’s mais, après tout, certains roulent en Fuego, alors !

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