Reliant : une marque so british
S’il existe une marque typiquement britannique, c’est bien Reliant, créée en 1935 par Tom Lawrence Williams, un ancien de Raleigh Bicycle qui n’accepte pas l’abandon du créneau des tricycles par son employeur. Dans son garage à Tamworth, puis dans un grand hangar, Williams poursuit la fabrication du tricyle Raleigh, malgré l’arrêt des avantages fiscaux pour ce type de véhicule en 1938. Williams est têtu et croit dur comme fer au succès des tricycles. Après avoir passé la guerre à participer à l’effort de guerre en fabricant des pièces détachées, Williams persévère après-guerre, et connaîtra un certain succès avec sa Regal (produite de 1953 à 1973). Reliant restera jusqu’à la fin fidèle aux trois roues, en produisant la Robin (1973-1981), puis enfin la Rialto (qui reprendra le nom de Robin à la fin) de 1982 à 1998.
A côté de cette production de tricycles, qui ne cessa cependant de diminuer, Reliant s’intéresse aux « 4 roues » au début des années 60. En association avec la marque Autocars en Israël, elle lance la Sabre en 1962, charmant petit coupé sportif qui sera produit jusqu’en 1963, à 77 exemplaires seulement (dont 2 cabriolets). Fort de cette première tentative, Reliant persiste et lance en 1964, avec un peu plus d’ambition, la Scimitar GT. Basée sur le chassis de la Sabre, elle dispose d’une carrosserie en fibre de verre, dessinée par Ogle (qui sera à Reliant ce que Pininfarina est à Ferrari, lire aussi: Ogle 100 SX), et d’un V6 Ford. Elle se vendra à 1000 exemplaires environ, jusqu’en 1968.
La Sabre sera la première « 4roues » fabriquée par Reliant.Le vrai succès viendra avec la Scimitar GTE, qui sonne le glas de la GT, mais propose une ligne particulièrement séduisante. Surtout, le coup de génie de Reliant sera de proposer et d’imposer une carrosserie « break de chasse » initiée par Aston Martin avec sa DB5 Shooting Brake (lire aussi: Aston Martin DB5 Shooting Brake). Motorisé par des V6 Ford, la GTE sera produite jusqu’en 1986, et déclinée à partir de 1980 en découvrable nommée GTC. A ses côté, on trouvait l’étrange Kitten, dérivée de la Robin mais à 4 roues, cette fois-ci : un échec.
La Scimitar GT, base du succès de Reliant dans les années 70Entre 1968 et 1986, Reliant fabriqua 9168 GTE, et 442 GTC, mais l’essentiel de la production eut lieu avant 1980 (environ 8 700 exemplaires, sans compter ceux produits par Middlebridge). Les années 80 furent difficile pour ce break de chasse et sa version découvrable. Il faut dire que la voiture commençait à dater (sa base remonte au début des années 60) et que la concurrence de voitures plus modernes (Lancia Beta HPE par exemple) et surtout moins chères se faisait sentir. La Scimitar eut une amatrice célèbre en la personne de la princesse Anne, qui posséda près de 8 Scimitar différentes. Des tentatives de relance de ce modèles par de petites société ayant racheté les droits avortèrent toutes.
La Reliant Scimitar GTE sera LA Reliant par excellence, séduisant notamment la Princesse Anne.Pour relancer la marque, Reliant lance en 1985 un petit cabriolet deux places, au profil tout en arrêtes, au chassis inspiré de la Lotus Elan, et doté de petits moteurs Ford (1,3 litres, 1,4 et 1,6 litres) puis Nissan (1,8 litres), aux puissances allant de 59 à 99 chevaux. Reliant a de grandes ambitions pour ce roadster, et prévoit d’en produire 2000 par an. Pourtant, entre 1985 et 1995, seuls 1507 modèles furent produits, sous le nom de Scimitar SS1, puis SST, et enfin Scimicar Sabre entre 1992 et 1995 (une version redessinée, plus en phase avec son époque). Il faut dire que son dessin était déjà daté à sa sortie, alors que le bio design commençait à s’imposer. Ensuite, de grandes marques s’intéressaient de nouveau au marché des petits roadsters à l’anglaise (notamment Mazda, avec sa MX5, lire aussi :Mazda MX5), et la concurrence devint intenable pour Reliant qui cessa la production de 4 roues avec la Scimitar Sabre en 1995. La production de 3 roues dura jusqu’en 1998, date à laquelle la société se concentra sur ces activités d’importateur des marques Piaggio ou Ligier. Reliant eut aussi le projet d’importer le petit cabriolet indien San Storm (dessiné par le père des Venturi, Gérard Godfroy) sans aboutir (lire aussi: San Storm).
La GTC dérive de la GTE, mais se présente décapsulée.Dans les années 60, Reliant exporta son savoir faire (notamment dans les carrosseries en fibre de verre) et aida notamment à la création de la marque turque Otosan Anadol (lire aussi : Anadol), et collabora avec Autocars en Israël, Sipani en Inde, ou Mabea en Grèce.
La Scimicar Sabre sera la dernière tentative de Reliant pour s’imposer dans les « 4 roues »Dans les années 80, afin de continuer à faire travailler l’usine malgré la baisse des ventes, Reliant devint sous traitant, fabicant pour Ford en 1982 les 144 exemplaires de la mythique Ford RS 200. Elle fabriqua aussi les carrosseries en fibre de verre du taxi Metrocab (lire aussi : Metrocab), dont elle racheta les droits et entrepris la fabrication de ce concurrent du Black Cab (lire aussi : Black Cab), avant d’en revendre les droits à Hooper (mais nous y reviendrons dans un prochain article).
Avouez que la GTE a de la gueule, pour qui aime l’ambiance 70’sReliant est représentatif de la construction automobile britannique, à mi-chemin entre l’artisanat et l’industrie, réalisant le grand écart en produisant des tricycles comme des sportives de luxe. Malheureusement, sans grands moyens financiers, difficile de lutter face aux grands constructeurs lancés dans une courses à l’innovation et aux équipements. Difficile aussi de s’adapter aux nouvelles normes, notamment anti-pollution. Reliant ne survivra pas aux années 90, et c’est bien dommage.