Porsche 928 : la PMA pour tous (ou presque)
En ce milieu des années 70,Porsche, après avoir vainement tenté de conquérir le marché par le bas avec la 914 (lire aussi : Porsche 914), est décidé à sortir du monoproduit 911 par le haut, voire même de la remplacer. La marque de Stuttgart a en outre l’ambition de conquérir l’Amérique, avec un plus gros moteur que la flat 6 et encore plus de confort et de luxe. Cette mission sera confiée à la 928, qui est dévoilée à Genève en mars 1977.
Dès le départ, l’option d’un moteur en porte à faux arrière est refusée, considérant que cette architecture n’est plus d’actualité. A terme, les Porsche auront donc un moteur à l’avant. C’est amusant de constater que, 40 ans après, l’architecture typiquement Porsche reste ce fameux moteur arrière, flat six (désormais refroidi par eau). Mais à l’époque, on croit dur comme fer que l’avenir est au moteur avant (PMA, Porsche à Moteur Avant, comme le seront aussi les 924, 944 et 968).
La Porsche 928 sera boudée par les amateurs de Porsche car elle porte en elle les deux défauts rédhibitoires d’un moteur avant, et V8 de surcroît. En outre, son dessin surprend (elle fut dessinée par Anatole Lapine, ça ne s’invente pas, un designer letton qui dessina aussi la Corvette Stingray), même si aujourd’hui elle fait partie des classiques.
La 928 est une voiture de conquête, et se destine aux Etats Unis. Aussi est-elle proposée dès le départ avec une boîte automatique ou manuelle, au choix. Bien entendu, un V8 est nécessaire pour plaire aux ricains, et gros si possible : de 4,5 litres de cylindrées et développant 240 ch à ses débuts, ce V8 ne cessera de grossir tant en cylindrée (4,7 litres, 5 litres puis 5,4 litres en fin de carrière) qu’en puissance (240, puis 300, 310, 320, 330 pour finir à 350 ch sur la 928 GTS fabriquée de 1992 à 1995).
C’est d’ailleurs la 928 GTS qui est désormais la plus chère et la plus recherchée des 928 : normal, elle s’est bonifiée au fil des ans, pour finir, dans cette version, puissante, sûre, habilement restylée et la plus récente. N’attendez pas de la 928 une sportive décoiffante : l’option prise par Porsche (toujours cette ambition de conquérir les states) est plutôt celle d’un GT. En tout, de 1977 à 1995, plus de 60 000 exemplaires seront fabriqués, ce qui est un bon score mais pas suffisant pour détrôner la 911 qui lui survit toujours. Elle connut donc un certain succès, mais sa côte, rapportée à une 911, est relativement faible. On peut en trouver dès 10 000 euros (jusqu’à plus de 25 000 pour une belle GTS). Cependant, sachez qu’outre une consommation en rapport avec sa cylindrée, elle peut coûter un bras en entretien.
Pour l’anecdote, la 928 était à l’origine le premier choix des producteurs pour motoriser Magnum, avant de se rabattre sur la Ferrari 308 GTS (lire aussi : Magnum aurait du conduire une Porsche).