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Porsche 911 964 Speedster : retour aux sources

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 24/06/2021

Après avoir renoué avec le concept du Speedster sur la 911 Type G, il aurait été idiot de ne pas tenter la même expérience avec l’héritière, la 911 Type 964. Pourtant, à Stuttgart, on n’utilisa pas exactement la même recette que pour le précédent opus, malgré une ligne générale assez proche. Pas question de profiter une dernière fois d’un filon en vendant cher un produit : il s’agissait plutôt d’un retour aux origines du modèle, la 356 éponyme, en proposant un produit d’appel original et abordable. Contre toute attente, cette 964 Speedster ne rencontra pas le même succès, n’atteignant même pas le millier d’exemplaires.

Retournons à la fin des années 80. Pour profiter d’un marché de l’automobile sportive en plein boom et satisfaire une clientèle désireuse d’excentricité autant que d’exclusivité, Porsche avait opportunément lancé une version Speedster de son antédiluvienne Porsche 911 Type G, qui commençait à accuser ses quinze années de carrière. Malgré cela (et sans doute parce que la 964 qui se profilait semblait n’apporter que peu de modifications esthétiques aux yeux des observateurs de l’époque), ce Speedster, s’inspirant de l’ancêtre 356 Speedster des années 50, réussit à séduire plus de 2 200 clients à travers le monde. Années 80 obligent, la plupart reçurent l’option “Turbo Look” large et voyante.

Un Speedster accessible

Au début des années 90 en revanche, l’heure était moins à la bamboche pour les constructeurs d’automobiles sportives. La crise économique était passée par là, et même s’il restait de l’argent chez certains, la tendance était à la discrétion. Pour continuer à vendre son modèle 964 en passe d’être rapidement remplacé par une 993 à l’allure plus moderne, on se décida, chez Porsche, à rejouer une partition presque similaire en présentant au Mondial de Paris 1992 une 964 Speedster, prélude à une production de série et à sa commercialisation à partir de juin 1993.

Une partition similaire ? Pas tout à fait. En effet, si le premier Speedster 911 était une opportunité de marché, ce deuxième modèle revenait, lui, au concept du premier Speedster 356 : un produit d’appel moins cher qu’un véritable cabriolet. Cette fois-ci, il s’agissait donc de gonfler les ventes de la 964, le temps que la 993 prenne le relais. Voyez donc : avec un prix catalogue de 505 000 francs, ce dernier coûtait presque 50 000 francs de moins qu’une 911 Carrera 2 Cabriolet. Il faut dire que la climatisation était en option (18 500 francs) et que l’intérieur bénéficiait d’une finition simplifiée. En outre, il fallait désormais faire officiellement une croix sur la fameuse option “Turbo Look” à ailes élargies (pourtant plébiscitée sur le précédent modèle et disponible sur la 964 Carrera 2 Cabriolet, pour un surcoût s’élevant tout de même à plus de 110 000 francs). Officieusement cependant, 14 exemplaires reçurent ces précieux atours sur commande spéciale.

Succès mitigé

En devenant Speedster, cette 911 perdait 50 kilos par rapport à la Carrera 2 Cabriolet dont elle dérivait. Elle reprenait le double bossage en couvre capote, et le petit pare-brise lui permettant d’arborer ce profil si particulier. Sous le capot arrière se trouvait le même flat six que sa soeur, un 3.6 litres développant 250 chevaux tout rond, loin des 360 canassons de la turbulente 911 Turbo, mais suffisants pour s’offrir de jolis moments de sport les cheveux au vent, bien installé dans des sièges baquets issus de la Carrera RS (on pouvait évidemment, en option, opter pour les sièges de la Carrera 2).

Malgré son tarif canon, la Porsche 911 964 Speedster n’atteindra jamais les volumes de la Type G du même acabit. Seuls 936 exemplaires sortirent des ateliers de Porsche pendant l’année modèle 1994. Pour l’anecdote, sachez que le dernier exemplaire fabriqué fut gréé de façon différente par Porsche Exclusive : régime minceur encore accentué, freins de 911 Turbo, suspension de RS, et préparation moteur pour gagner dix petits chevaux supplémentaires.

Collector et désirable

Avec une production aussi réduite, il ne sera pas aisé de trouver un modèle de 964 Speedster abordable aujourd’hui, alors qu’il sera relativement facile de trouver un exemplaire de sa sœur Carrera 2 Cabriolet à des tarifs raisonnables. La 964 Speedster, elle, se négociera presque trois fois plus cher, comme quoi la roue tourne. Mais il faut avouer que le style Speedster donne un charme supplémentaire qui, pour certains, justifie qu’on casse son PEL et qu’on roule différemment. D’autant que la 993 qui suivit n’eut jamais droit officiellement à sa version Speedster (enfin presque, nous y reviendrons).

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