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Peugeot 605 SV24 "Banque de France" Labbé : 605 blindée... de thunes ?

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 19/03/2018

La Peugeot 605 fut certes un échec commercial, rapporté aux ambitions de la marque à son lancement en 1989 (lire aussi : Peugeot 605). Pourtant, l’audience des articles la concernant prouve aujourd’hui combien cette belle berline si bien dessinée avait ce « je ne sais quoi » qui aurait pu la faire basculer du côté des best-seller. La rapidité de son lancement, le manque de fiabilité, autant de choses qui auront « tué » la 605 malgré d’indéniables qualités. Or à cette époque, en plus de grand patrons ou d’hommes politiques attachés à une certaine idée de la France (et se devant de rouler en 605, lire aussi : la 605 la plus chère du monde), il y avait aussi les administrations pour faire des ventes mais aussi l’image de la 605. L’occasion aujourd’hui de vous présenter une version un peu spéciale et très limitée (forcément) : la Peugeot 605 SV24 « Banque de France » par Labbé.

Chez Labbé, on rallonge les 605 et on blinde les 205

Labbé ? Vous commencez à connaître si vous êtes lecteurs assidus de Boîtier Rouge. Labbé, cette petite entreprise bretonne qui finira par se faire avaler par un géant américain (pour sa partie blindage) et se retrouver affublée du nom de Centigon (ce qui fait, avouez-le, beaucoup plus guerrier). La partie « carrosserie » elle, sera revendue à Gruau, et s’appelle toujours Labbé. Bref, revenons à nos moutons.

Au début des années 90, Labbé est devenu « la star » du blindage français mais aussi de la carrosserie « spéciale ». Bernard Arnault ne s’y trompe pas, et fait blinder sa 205 GTI 1.9 chez l’artisan breton (lire aussi : la 205 GTI blindée de Bernard Arnault). Par ailleurs, Labbé dispose d’une clientèle prête à payer pour un blindage (comme Jean-Marie Le Pen, on l’a vu) ou un « rallongement » de la voiture. Il existera quelques 605 devenues limousines grâce à l’artisan de Lamballe (à découvrir ici : 605 Limousine Labbé).

Mais les 605 « puissantes », essentiellement les SV24, ne sont pas l’apanage des patrons. L’administration en a aussi cruellement besoin pour assurer la protection en amont en arrière des convois de la Banque de France. Il faut 3 à 4 voitures puissantes, blindées, et signalisées (gyrophares notamment) pour 3 à 4 camions blindés, histoire de transporter le liquide des lieux de fabrication (près de Clermont-Ferrand, à Chamalières, fief de Valéry Giscard d’Estaing) vers les grands centres « financiers » (banques, succursales de la Banque de France).

C’est ainsi qu’une vingtaine de voitures (également réparties entre phase 1 SV24 203 chevaux PRV et phase 2 SV « tout court » 194 chevaux ES9) vont se retrouver affectées à la Banque de France, sur deux dépôt à Paris et Clermont. Les voitures rouleront entre 1991 et 2007/2008 avant d’être remplacées par des escortes de Gendarmerie équipées de Citroën C8 (ce qui est tout de suite moins classe, mais sans doute plus pratique, notamment pour la porte latérale coulissante).

Contrairement aux idées reçues, les Peugeot 605 de la Banque de France ne recevaient pas de « préparation moteur ». Labbé n’était pas spécialiste dans ce domaine là, et malgré l’augmentation conséquente du poids, les 200 ch (ou les 194 ch pour les phases 2) suffisaient largement. Les modifications « réelles » étaient les suivantes :

  • jantes spécifiques couvrant largement le pneu et roues à bande de roulement à plat dites « invrevables ».
  • un blindage conséquent : face avant et arrière renforcées en tôles
  • vitres épaissies résistantes aux armes de poing les plus fréquentes
  • téléphone et radio VHF (avec ses antennes)
  • Sirène biton et gyrophares

Les phases deux garderont leurs jantes « classiques », et seront grise plutôt que bleu clair ! Elles étaient en outre en BVA plutôt qu’en manuelle. Peu importait la « reprise » et la conduite sportive, plutôt la vitesse moyenne et la puissance globale. Il s’agissait de faire Clermont-Ferrand / Paris par autoroute, pas de zigzaguer dans les rues de Paris.

A leur déclassement en 2007/2008 (dates incertaines) elles furent revendues essentiellement dans les pays africains « amis » de la France (certainement comme la 605 Limousine citée plus haut, qui devait sans doute faire partie à l’origine d’un parc d’ambassade). Résultat, n’espérez pas vous offrir ces modèles spécifiques un jour, sauf coup de chance en vous baladant dans ces pays !

Photos : DR / Boîtier Rouge 2018


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