Peugeot 407 Macarena: la dernière danse d'Heuliez ?
Soyons franc ! La Peugeot 407 n’est pas pour moi un prix de beauté. Ce n’est pas tant qu’elle soit moche, mais par rapport à la classe du duo 405/605 très équilibré dans sa filiation que dans ses lignes, avouons que la 407 est un peu pataud. La 406 avait déjà eu tendance à « arrondir » les lignes de la 405, mais la série « Taxi » et son dérivé coupé lui avait conservé un peu d’aura (lire aussi : Peugeot 406 Coupé) que la 407 ne retrouvera pas, affublé d’un dérivé coupé lourdaud et sans saveur ! Pourtant, j’avoue avoir eu le coup de cœur pour un concept-car dérivé de la sage berline de Sochaux : la Peugeot 407 Macarena « by Heuliez » de 2006 !
A Genève cette année-là, Heuliez est encore une entreprise « vivante », et presque confiante dans l’avenir, grâce à ses nombreux brevets déposés sur le thème du « coupé/cabriolet », ou du toit en dur rétractable. Après avoir cartonné avec le concept de la 206 CC (lire aussi : Peugeot 206 CC) dont elle est l’initiatrice, l’entreprise picto-charentaise a le vent en poupe en assurant la fabrication de l’Opel Tigra Twin Top qui, selon Opel comme Heuliez, devait forcément être un succès.
La Tigra Twin Top est lancée en 2004, et Heuliez est bien consciente de l’obligation de pousser son avantage en trouvant de nouveaux contrats dans le domaine du toit rétractable. L’entreprise des Deux-Sèvres n’a pas encore vu le retour en force de la capote « classique » en toile, notamment dans le haut de gamme, et va vouloir persévérer tout en montrant son savoir-faire en la matière. Pour cela, il faut une prouesse technique : un « phaeton » à toit rétractable électriquement. Ce sera la Peugeot 407 Macarena.
Il ne s’agit pas ici de musique, Los del Rios nous ayant déjà bien cassé les bonbons en 1993 avec leur tube et la danse qui allait avec. Non, là, il s’agit d’une berline 4 portes totalement découvrable. Mais le nom n’a pas été choisi au hasard : la cinématique du toit est censée rappeler la fameuse chorégraphie qui nous aura fait chier pendant tant de mariages ou soirées en boîte ! Plus de dix ans après, il y avait un mec chez Heuliez pour s’en rappeler, quelle misère !
Pour le reste, la voiture est séduisante : son concept abouti, donnant l’impression d’une voiture totalement normale en position fermée, et étonnante en position décapotée, aurait pu franchement se retrouver dans les garages de l’Elysée aux côté de la 607 Paladine présentée en 2000 à Genève et utilisée par Nicolas Sarkozy en 2007 (lire aussi : Peugeot 607 Paladine). Aujourd’hui, on sait mieux utiliser ces opportunités, la preuve avec la DS 7 Crossback prêtée à Emmanuel Macron par Citroën (lire aussi : DS 7 Crossback présidentielle).
Bref, la voiture va être réalisé comme un coup de pub, et présentée au Salon de Genève 2006. J’avoue que tout à coup la ligne banale de la 407 semble rehaussée dans cette configuration particulière. Malheureusement, l’heure était, à l’époque, au diesel, et cette Macarena s’est retrouvée affublée d’un Hdi si à la mode chez PSA ! Hormis cette « faute de goût », le reste est de bonne facture, et donne envie.
Heuliez savait bien qu’aucun dérivé de série n’en ressortirait : il s’agissait surtout de montre combien l’entreprise maîtrisait toutes les composantes du toit rétractable. Malheureusement, le flop de la Tigra Twin Top, la fin de la mode du « toit en dur » au profit de la capote, et les errements financiers mirent un terme au rêve d’Heuliez d’un Webasto ou d’un ASC français.
En 2012, au moment de sauver ce qui pouvait l’être de l’ex-empire de Cerizay, la Macarena sera mise en vente par la célèbre maison de vente Artcurial. La voiture, estimée entre 20 et 30 000 euros, partira pour 25 019 euros hors frais, direction le Musée de Châtellerault où elle est aujourd’hui exposée.
Je vous conseille la lecture de l’excellent article d’André Leroux, avec des photos exclusives de la 407 Macarena : Carcatalog, le site d’André Leroux et l’article sur la Macarena