Peugeot 308 Racing Cup : la berruyère de Peugeot Sport signée Signature
En règle général, je refuse les voyages de presse qui me semblent inutiles, ou alors je ne les réclame pas. Dans le cas du restylage de la 308 GTI, je n’ai pas vu l’intérêt de « postuler » : je l’avais déjà testée il y a deux ans, et mécaniquement, rien ne changeait vraiment (lire aussi : Peugeot 308 GTI by Peugeot Sport). Or pour une fois j’avais tort : ce petit voyage en Espagne permit à certains de mes collègues de tester la 308 Racing Cup, version de course de la 308 GTI.
En effet, j’étais à mille lieux d’imaginer que peu de temps après, j’arpenterai l’atelier de montage desdites 308 Racing Cup, me retrouvant face à une dizaine de bêtes d’un blanc immaculé, à 30 kilomètres de chez moi seulement. Florent, chef d’atelier chez Signature (ça y est, ça vous dit quelque chose?), et grand lecteur de Boîtier Rouge (une communauté il faut croire, avec toujours des gens bien placés) y a fabriqué des RCZ Racing Cup, puis aujourd’hui des 308 Racing Cup, avant de s’attaquer à la future Alpine A110 de compétition.
Bourges n’est pas une ville de tradition « automobile », mises à part les usines Michelin, fermées depuis belle lurette. Côté industrie, on trouve de l’aéronautique, mais surtout l’industrie de la Défense, avec Giat devenu Nexter, qui profite d’un terrain de tir au sud est de Bourges pour tester les canons de ses diverses productions.
Plus au nord, à Aubigny sur Nère, on trouve Mécachrome, qui fut un temps le successeur de Renault en tant que motoriste de F1. Au nord ouest, on trouve Romorantin, ex fief de Matra, mais qui déjà appartient à la Sologne. Bref, Bourges, c’est le néant automobile.
Enfin pas tout à fait, puisque contre toute attente, et grâce à la persévérance de Philippe Sinault, la ville, éphémère capitale du Royaume de France accueille une écurie d’endurance (Signatech Alpine), et un atelier de construction de voitures de sport (sous le nom générique de l’entreprise, Signature). Cela pourrait sembler idiot, mais nous sommes à quelques kilomètres de Magny-Cours après tout, et quand on aime sa ville, pourquoi la quitter. Grâce à Sinault donc, et ses actionnaires (dont Didier Calmels, un vieux de la vieille de la Formule 1 puisqu’il participa à l’aventure Larrousse à la fin des années 80, j’y reviendrai), cette belle endormie du centre de la France peut s’enorgueillir d’héberger en son sein, près de la route de la Charité, un authentique constructeur automobile, fusse-t-il de très petite série.
Oui, il a fallu que, par l’intermédiaire d’une amie, j’y débarque par hasard en McLaren (lire aussi: McLaren 570GT) pour m’apercevoir que ma ville natale hébergeait un constructeur. Accueillis comme des vieux amis, nous avons visité comme des fleurs ce que beaucoup aimeraient voir de près : l’antre d’une écurie d’endurance et d’un spécialiste de la compétition.
Philippe Sinault est un homme de réseau, et après avoir glané ça et là ses galons de « constructeur » en Formule 3, réussi à participer pour la première fois au Mans avec une Lola-Aston Martin en 2010, puis avec Nissan en 2011 et 2012, il participa à la « renaissance » d’Alpine en endurance en 2013 grâce à ses relations avec Carlos Tavares, alors en charge du projet Alpine chez Renault.
Les fanas de la course ne se perdent jamais de vue, et malgré le passage de Tavares de Renault à Peugeot, le lien ne se casse pas. Le nouvel homme fort de Peugeot confie à Signature la production de la version compétition client de la Peugeot RCZ. Preuve de la qualité du travail fourni, cela n’empêche pas Signature (sous le nom de Signatech) de continuer à courir sous les couleurs d’Alpine au Mans.
Comme on ne change pas une équipe qui gagne, lorsqu’il s’agit de passer à la 308 Racing Cup (la RCZ n’étant plus en production), c’est tout naturellement que Peugeot fait appel à Signature pour le montage des 48 exemplaires restant (les 4 premiers ayant été fabriqués chez Peugeot Sport, avec les équipes de Signature pour « formation », soit 52 voitures au total) ! Florent, fidèle de BR on l’a dit, faisait partie de l’équipe, pour ensuite diriger celle dédiée au montage à Bourges.
Sous le capot de la 308 Racing Cup, on trouve le fameux 1.6 THP déjà vu sur la 308 GTI, mais cette fois-ci avec 308 chevaux ! Oui, un chiffre symbolique car en réalité, elle en développe un peu plus, mais chuuuut (on parle de 310 à 320 chevaux). Vous imaginez bien à l’immense aileron arrière que l’aérodynamique a été travaillée pour coller au sol la voiture dans le moindre virage, et lui permettre de transmettre sans soucis plus de 300 chevaux sur le train avant. L’intérieur a été dépouillé de toute trace de civilité, tandis que la boîte séquentielle manuelle à 6 rapport se retrouve non pas en balai brosse sur le côté droit, mais en palettes derrière le volant.
Tandis que les amis journalistes et blogueurs testaient cette bête sur le circuit d’Ascari, je ne me doutais pas de retrouver la bête (la belle?) aussi prêt de chez moi, me tendant les bras. Pour ceux qui douteraient de l’efficacité de cette voiture malgré son petit moteur (oui beaucoup disent que 1.6, c’est pas assez, je vous rappelle qu’on faisait des F1 avec des V6 de 1.5 dès 1977, lire aussi : les premiers pas de Renault en F1), je vous mets en lien la petite vidéo de mon ami Kwamé de Planète GT (http://www.planete-gt.com/) pour voir combien il peut être facile de prendre du plaisir avec une telle voiture !
Merci à Kwamé pour sa vidéo
Images: Paul Clément-Collin, Niko Laperruque et Peugeot Sport
PS: un grand merci à Floriane (l’instigatrice), Pierre et Florent (grand lecteur de BR)